Famine, bombardement ... à Gaza :des responsables européens dénoncent un génocide en cours

De plus en plus de responsables politiques, de juristes et de défenseurs des droits humains dénoncent les actions d’Israël à Gaza comme relevant du génocide, malgré les dénégations de l’État hébreu. La famine, les déplacements forcés et les frappes sur les civils alimentent une prise de conscience internationale. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou a toujours rejeté l'idée de génocide, et évoque plutôt une guerre défensive contre le Hamas.

Depuis la saisine de la Cour internationale de justice (CIJ) par l’Afrique du Sud en décembre 2023, les accusations de génocide visant Israël se sont multipliées. Pretoria accuse l’État hébreu d’avoir l’intention de détruire en partie ou en totalité le peuple palestinien à Gaza — une allégation qu’Israël rejette catégoriquement, évoquant une guerre défensive contre le Hamas. Mais cette position est de plus en plus contestée. La vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Teresa Ribera, s’est également exprimée sur la situation catastrophique à Gaza, jeudi dans le « Brussel Playbook » de POLITICO. Elle a déclaré que la population à Gaza est prise pour cible dans cette guerre. La population à Gaza est confrontée à la famine, aux bombardements et aux tirs. Mme Ribera a indiqué que les actions d’Israël à Gaza s'apparentent à un génocide.
Un génocide ou des actions similaires à un génocide
La vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Teresa Ribera, a dénoncé jeudi dans le « Brussel Playbook » de POLITICO la famine, les déplacements et les meurtres perpétrés à la population de Gaza.
« Ce que nous voyons, c’est une population concrète prise pour cible, tuée et condamnée à mourir de faim. Une population concrète est confinée, sans abri, détruite, sans nourriture, sans eau ni médicaments, interdite d’accès, et soumise aux bombardements et aux tirs même lorsqu’elle tente d’obtenir de l’aide humanitaire ... S’il ne s’agit pas d’un génocide, cela ressemble beaucoup à la définition utilisée pour exprimer sa signification »,
a-t-elle déclaré
Ces propos de Teresa Ribera marquent l’un des propos les plus virulents émis depuis Bruxelles contre Israël depuis le début du conflit. Notons que jusqu’à présent, la Commission européenne n’a pas encore utilisé le terme génocide pour qualifier les actions israéliennes à Gaza. En revanche, plusieurs pays européens ont durci leur position envers l’Etat hébreu face aux souffrances subies par les Gazaouis, à la difficulté de l’acheminement de l’aide humanitaire et aux menaces d’une nouvelle attaque intensive lancée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Les autorités israéliennes n’ont pas répondu à cette déclaration de Teresa Ribera. Toutefois, Israël a toujours nié toute accusation de génocide, qui se définit comme des actions criminelles visant à détruire intentionnellement, en total ou en partie d’un peuple.
L’Union européenne divisée
Cependant, la Commission européenne dans son ensemble n’a pas adopté cette qualification juridique de "génocide", illustrant les divisions internes au sein de l’UE.
Tandis que des pays comme l’Espagne ont reconnu l’État palestinien, d’autres comme l’Allemagne ou l’Italie bloquent encore les mesures symboliques de rétorsion, y compris la suspension d’accords de coopération en matière de recherche avec Israël. Berlin affirme même que la situation humanitaire s’améliore, sur la base d'informations transmises par le président israélien Isaac Herzog — des affirmations que beaucoup jugent douteuses.
Qualifier une action de génocide est lourd de conséquences juridiques. Selon la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, ce crime suppose une intention claire de détruire un groupe « national, ethnique, racial ou religieux ».
Or, si les faits à Gaza — famine organisée, destructions massives, blocus humanitaire, extermination des civils — répondent à certains critères, prouver l’intention génocidaire reste complexe. Les procès pour génocide peuvent durer des années. L'exemple du massacre de Srebrenica, reconnu comme génocide seulement après 14 ans de procédure, rappelle combien il est difficile de traduire cette notion dans les faits.
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