????Selon le COR, le niveau de vie des retraités devrait baisser de 10% en 10 ans

????Selon le COR, le niveau de vie des retraités devrait baisser de 10% en 10 ans


Partager cet article

Le niveau de vie des retraités devrait fortement baisser tout au long des dix années à venir, selon le dernier rapport du COR (Conseil d'Orientation des Retraites), passé inaperçu dans la presse mainstream. Insistons sur les termes : on parle ici de niveau de vie réel, et non de montant brut ou net des pensions. Autrement dit, le pouvoir d'achat réel des retraités comparé à celui des actifs devrait se dégrader dans des proportions identiques à celles du PIB cette année. Ces données, que nous analysons ici, confortent la tendance que nous avions pointée du doigt il y a quelques semaines : l'impact de la crise du COVID sur ce revenu de remplacement qu'est la retraite est inévitable, même s'il se produira avec retard sur la population concernée.

Dans quelle proportion le niveau de vie des retraités baissera-t-il à cause du COVID et surtout de la crise qui s’en suit ? Nous évoquons régulièrement cette question épineuse dans nos colonnes, où nous avons pronostiqué une baisse globale des pensions réelles de 10%. Dans tous les cas, l’énorme déficit que l’effondrement de la masse salariale produit rend inévitables des ajustements douloureux.

Voici ce que propose le rapport du COR, que le Premier Ministre attendait pour préparer activement la réforme des retraites qui aura lieu au moins a minima au printemps, comme l’a redit Bruno Le Maire dans une vraie cacophonie gouvernementale. Nous en avons d’ailleurs dévoilé les contours hier et la semaine dernière.  Les chiffres du COR évoquent le « niveau de vie relatif des retraités », c’est-à-dire leur niveau de vie comparé à celui des actifs.                                                                       

Baisse de 30 points du niveau de vie d'ici à 2070

Le pronostic du COR : " Selon les scénarios, le niveau de vie relatif des retraités s’établirait entre 88 % et 92 % en 2040 et entre 75 % et 83 % en 2070, après être passé par un maximum à 106 % vers 2014. " Autrement dit, alors que le niveau de vie moyen d'un retraité en 2014 était supérieur de 6 points à celui d'un actif, il risque fort de lui être inférieur de 12 points en 2040, et de 25 points en 2070. Soit une baisse de 30 points... Un chiffre à bien méditer pour ceux qui sont encore loin de la retraite.                                          

Baisse de près de 10 points d'ici à 2030

Le graphique que nous présentons ci-dessus montre que, dans tous les cas, et en prenant en compte l'état actuel de la législation ou de la réglementation connue dans le domaine de la retraite, la baisse du niveau de vie relatif des retraités d'ici à 2030 les portera d'environ 104% du niveau de vie des actifs en 2020 à 96%. Soit une baisse de 8 points avec une pente forte d'ici à 2022, puis une pente continue jusqu'à 2030. Il faut donc se préparer à une baisse rapide du niveau de vie des retraités dans les mois à venir, due en partie aux défauts prévisibles de revalorisation des pensions.                                          

Les gels de revalorisations en première ligne

Les baisses à court terme de niveau de vie s'expliquent d'abord par les gels ou les retards de revalorisation des retraites par rapport à l'inflation. Le gel des revalorisations AGIRC-ARRCO a puissamment agi pour infléchir à la baisse depuis 2014 le niveau de vie relatif des retraités. Les mesures prises pour Emmanuel Macron pour calmer la grogne après le relèvement de la CSG à son arrivée à l'Elysée ont provoqué une remontée rapide du niveau de vie.                                          

Les cadres vont morfler

Comme nous l'avons écrit la semaine dernière, les cadres constitueront la variable d'ajustement favorite du régime des retraites : "Sur les mêmes périodes, le constat est plus défavorable pour le cas type de cadre du secteur privé. Il est notamment affecté par la hausse de la CSG entre 1993 et 1997, ainsi qu’en 2018, hausse qui n’a pas concerné le cas type de non-cadre. Les évolutions sont différentes selon qu’on observe le pouvoir d’achat de la pension nette de la génération 1932 ou des autres générations. Pour la première fois, au bout de 28 ans de retraite, le pouvoir d’achat de la pension nette a diminué de 14 %, dont une perte de 6,2 % sur les 5 années après la première pension. Les pertes sont plus limitées pour les trois autres générations simulées qui ont pris leur retraite après les hausses de la CSG de la période 1993-1997." (page 163)

Une tendance qui risque de s’aggraver

Répétons-le, ces projections se fondent sur l’état actuel de la législation et de la réglementation. Mais nous mettons notre main à couper que, dans les années à venir, le gouvernement va multiplier les gels de revalorisations. Si, en apparence, les pensions continueront à augmenter petitement, dans la réalité, elles perdront de plus en plus de pouvoir d’achat. Il est impossible de savoir à ce stade dans quelle proportion précise (nous n’avons pas de boule de cristal). Mais la tendance est là, elle est lourde, et elle se confirme.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

Le pouvoir se prépare à un soulèvement populaire

Le pouvoir se prépare à un soulèvement populaire

Alors que la France périphérique s'apprête à passer un Noël de gêne et d'angoisse, le spectacle offert par l'exécutif en cette fin 2025 n'est plus celui de la gestion, mais de la panique organisée. Pour comprendre la nature profonde du moment politique que nous vivons, il faut cesser d'écouter le bruit de fond médiatique et relier deux faits que la technocratie s'efforce de présenter comme distincts : la militarisation de la crise agricole par Sébastien Lecornu et l'adoption discrète, mais f


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

L'UE sacrifie la Belgique pour six mois de guerre en Ukraine, par Thibault de Varenne

L'UE sacrifie la Belgique pour six mois de guerre en Ukraine, par Thibault de Varenne

L'ivresse des sommets européens a laissé place à la gueule de bois des comptables. Alors que les discours officiels continuent de célébrer une "solidarité inébranlable", la réalité financière du conflit ukrainien vient de percuter le mur du réel. Deux documents techniques, lus conjointement, dessinent une trajectoire effrayante pour l'Union Européenne : l'évaluation glaciale du Fonds Monétaire International (FMI) publiée fin 2025 et les notes confidentielles sur la situation d'Euroclear à Bruxel


Rédaction

Rédaction

L'art de ne pas finir son assiette dans les castes parisiennes, par Veerle Daens

L'art de ne pas finir son assiette dans les castes parisiennes, par Veerle Daens

Finir ou ne pas finir ? Telle est la question qui, croyez-moi, a brisé plus de carrières mondaines qu'une faute d'orthographe dans un livret de messe. Dans le commun des mortels – cette zone floue qu'on appelle "la vraie vie" – une assiette vide est un signe de satisfaction. C'est le compliment du chef, la validation de la grand-mère, la preuve qu'on a bien mangé. Mais nous ne sommes pas ici pour parler des gens qui ont faim, mes chéris. Nous sommes ici pour parler des gens qui ont des principe


CDS

CDS

Comment Le Monde est devenu un journal d'opinion (très) ordinaire

Comment Le Monde est devenu un journal d'opinion (très) ordinaire

Dans l'histoire des régimes à bout de souffle, le masque de la respectabilité institutionnelle finit par glisser pour révéler les connivences. L'affaire « Legrand-Alloncle », qui secoue le landerneau médiatico-politique en cette fin d'année 2025, est de ceux-là. Au-delà de l'anecdote d'un déjeuner parisien enregistré à la sauvette, c'est le traitement qu'en fait le quotidien Le Monde qui doit retenir notre attention. Il signe, si besoin en était encore, l'acte de décès du « journal de référence


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe