À la barre du tribunal correctionnel de Nanterre, un ingénieur au service technique de la DGSI a reconnu avoir utilisé l’argent public pour financer les travaux de sa maison et de celle de son ex-épouse. Plus de 100 000 euros ont été détournés par ce responsable censé garantir l’intégrité d’un service clé du renseignement.

Devant le tribunal correctionnel de Nanterre, un ingénieur civil haut placé à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a avoué avoir fait financer les travaux de sa maison personnelle par l'État, pour un montant estimé à 100 000 euros. Ce détournement de fonds, opéré entre 2020 et 2023, révèle une faille de contrôle inédite au cœur d'une institution garante de la sécurité nationale.
100 000 € de travaux à domicile… aux frais du contribuable
Le rôle de la DGSI est, par nature, de débusquer les menaces internes et externes qui pèsent sur la France. Pour autant, un certain Laurent F., responsable de la section exploitation et maintenance, a pu opérer un détournement pendant près de trois ans.
Chef de chantier pour le compte de l'État, il a transformé sa fonction en caisse privée, usant de l'argent public.
À l’audience de Nanterre, son aveu n’a laissé place à aucun doute : oui, il a profité de sa fonction de "responsable de Chantiers" pour détourner près de 100 000 euros. Des sommes destinées à renforcer la sécurité nationale ont donc servi… à « améliorer son confort personnel».
Son statut d'ingénieur civil, non-policier, au sein de cette unité de pointe, soulève une première interrogation : les mécanismes de contrôle et d'audit sont-ils suffisamment efficaces et étendus à l'ensemble du personnel, y compris aux fonctions support ?

Une confiance citoyenne fragilisée
Au-delà du cas individuel de Laurent F., cette affaire pose la question de la surveillance interne au sein des services de renseignement. Comment un ingénieur a-t-il pu détourner autant d’argent sur plusieurs années sans qu’aucun mécanisme d’alerte ne se déclenche ?
À cela s’ajoute une autre révélation embarrassante : plusieurs policiers auraient également comparu pour avoir consulté illégalement des fichiers à des fins privées. Ces manquements répétés témoignent d’un climat où la rigueur professionnelle semble parfois céder à des pratiques abusives.
Si la justice doit sanctionner les coupables, l’État doit surtout tirer les leçons de ce scandale : rétablir des garde-fous solides, renforcer les contrôles et rappeler que la mission de service public n’est pas un privilège à exploiter, mais une responsabilité à honorer.
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