Gaza: accusés de terrorisme, les journalistes pris pour cible

Gaza: accusés de terrorisme, les journalistes pris pour cible
Photo by Mohammed Ibrahim / Unsplash

Depuis le début de la guerre à Gaza en 2023, des centaines de journalistes ont été tués. Le 10 août 2025, cinq journalistes d’Al-Jazira ont perdu la vie à Gaza, dont le correspondant Anas al-Sharif, 28 ans. L’armée israélienne l’a accusé de « terroriste » au service du Hamas, justifiant ce ciblage. L’Union européenne et l’ONU ont fermement condamné cette frappe.

Selon Al-Jazira, cinq de ses journalistes sont décédés dimanche suite à une frappe israélienne. Ils ont été ciblés, car leur tente a été pratiquement visée. L’armée israélienne justifie cette attaque en déclarant que l’un de ces correspondants d’Al-Jazira décédés était un « terroriste », une accusation niée par le directeur anglophone de la chaîne, Salah Negm. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), les Reporters sans frontières (RSF), l’ONU (Organisation des Nations Unies) et l’Union européenne ont condamné ces meurtres.

Des journalistes pris pour cible

Cinq journalistes d’Al-Jazira ont été tués au cours d’une frappe israélienne devant l’hôpital Al-Shifa de Gaza-ville. Selon les responsables de la chaîne, ils ont été pratiquement ciblés et à priori, il s’agit bel et bien d’une attaque revendiquée. En effet, l’armée israélienne a déclaré que l’un de ces journalistes décédés, dont Anas-al –Sharif, était un « terroriste ».

«La carte de presse n’est pas un bouclier pour le terrorisme»

ont expliqué les forces israéliennes,

Le directeur de la version anglophone d’Al-Jazira, Salah Negm, a indiqué que ces accusations ne sont « pas surprenantes ». Mais elles sont complètement « ridicules ».  

Le personnel d’Al-Jazira a rendu hommage à leurs membres décédés lundi soir. Ils se sont réunis dans leur siège à Doha. Le chef du bureau, Wael al-Dadhouh qui a perdu sa femme et des enfants suite à des frappes israéliennes ainsi que le cameraman Fadi Al Wahidi paralysé à cause d’une balle tirée dans son cou étaient présents.

« Chaque fois que nous perdons une personne bien-aimée et un collègue, nous perdons une partie de cette famille de journalistes. C’est quelque chose de très difficile et très douloureux »

a indiqué Wael al-Dadhouh. Notons que depuis le début de la guerre, le nombre de journalistes tués à Gaza s’élève à 237.

Les critiques contre l’armée israélienne se sont multipliées après cette tragédie. Lundi, le CPJ a dénoncé cette violence envers les journalistes. Selon Comité, ils « ne doivent jamais être ciblés en temps de guerre ». Reporters sans frontières a aussi critiqué «  l’assassinat revendiqué » par Tsahal.

L’Union européenne a également condamné cet acte. Après une visioconférence avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a réagi au nom des Vingt-Sept :

« L’UE condamne le meurtre de cinq journalistes d’Al-Jazira dans une frappe aérienne militaire israélienne ».

Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a aussi condamné le décès des journalistes palestiniens à Gaza dans un communiqué publié sur X. Il accuse l’Israël d’avoir « visé la tente » où s’abritaient les correspondants de l’Al-Jazira qui est une « grave violation du droit humanitaire international ».

Les ONG de défense de la liberté de la presse parlent d’un « effondrement complet » des garanties prévues par les Conventions de Genève pour les journalistes.

De nombreuses sanctions contre le gouvernement israélien

De son côté, l’armée israélienne se prépare à exécuter le plan de sécurité présenté par Benyamin Netanyahou. Approuvé récemment par le cabinet de sécurité israélien, il consiste à « prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat ». La mise en œuvre de ce plan pourrait durer des mois. La fin de conflit n’est donc pas pour bientôt.

Samedi, plusieurs manifestations ont été organisées en Israël afin de s’opposer à ce plan. Il a d’ailleurs été critiqué par l’ONU, les pays arabes et occidentaux.

La première ministre italienne Giorgia Meloni a exprimé sa « profonde préoccupation » concernant cette décision d’Israël lundi. Elle a ajouté que la situation humanitaire à Gaza est déjà « injustifiable et inacceptable ». Giorgia Meloni a d’ailleurs eu une conversation avec le président palestinien, Mahmoud Abbas, à propos de cette intensification des actions militaires. Le ministre de la Défense d’Italie, Guido Crosetto, a même déclaré que le gouvernement d’Israël a « perdu la raison et son humanité ».

Le gouvernement israélien peut s’attendre à de nombreuses sanctions. L’Allemagne a déjà suspendu certaines exportations d’armes à destination d’Israël. La France, le Canada et l’Australie ont annoncé qu’ils vont reconnaître l’Etat de Palestine au cours de l’Assemblée générale de l’ONU qui aura lieu en septembre.  Le fonds souverain de Norvège a également déclaré qu’il va vendre ses parts dans 11 entreprises israéliennes.