Trump aura-t-il besoin d’une guerre mondiale pour cacher ses échecs ?

Trump aura-t-il besoin d’une guerre mondiale pour cacher ses échecs ?

Depuis plusieurs années maintenant, des infiltrés du trumpisme fabriquent consciencieusement en France, particulièrement dans les milieux « populistes », une image complaisante de Trump. Quelques semaines après son arrivée au pouvoir, ses actes diffèrent pourtant des promesses répétées pendant la campagne. En particulier, la mise en place de barrières douanières, qui ne sont rien d’autre qu’un impôt sur les petits consommateurs américains, créent une panique très déstabilisante pour l’économie mondiale, là où l’âge d’or de l’Amérique devait commencer sans délai. La purge de la finance internationale risque d’être longue. Sur quoi débouchera-t-elle ? Une guerre mondiale ?

Dans ce numéro de Chaos Global, nous revenons sur la semaine folle qui s’est écoulée telle que nous l’avions annoncée, et nous nous interrogeons sur « l’atterrissage » de Donald Trump : en cas d’échec de sa politique, comment peut-il en sortir, à un moment où il parle de troisième mandat ?

Pour l’instant, nous savons juste (comme nous l’annonçons depuis plusieurs mois) que le protectionnisme n’est pas une baguette magique qui apporte des solutions simples et immédiates à des problèmes compliqués, comme de nombreux démagogues ont voulu le faire croire. En arrivant au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump avait soutenu prétentieusement que l’âge d’or de l’Amérique commençait ce jour-là.

Quelques semaines plus tard, le bilan est un peu plus modeste :

  • le conflit en Palestine repart de plus belle
  • contrairement aux annonces initiales, Trump n’a pas réglé la guerre en Ukraine en quelques heures et, pour l’instant, aucun cessez-le-feu ne tient entre les deux pays
  • le protectionnisme se solde par une déconfiture boursière mondiale et une guerre commerciale dont personne ne connaît l’issue

Plus que jamais, l’Histoire est livrée au hasard et au jeu du rapport de forces.

De notre point de vue, la logique fondamentale de Trump, son point dominant, est d’obtenir un « accord de Mar-al-Lago » sur la dépréciation du dollar, comme nous le répétons depuis plusieurs semaines. C’est, dans son esprit, la façon la plus simple et la plus directe de rétablir la compétitivité de la production américaine.

Pour parvenir à cet accord, il doit surtout surmonter l’opposition de la FED, qui n’a pas du tout envie de baisser la valeur moyenne du patrimoine américain libellé en dollars. Et pour que la FED consente à baisser ses taux d’intérêt, il faut une récession « acquise » aux États-Unis. L’effondrement des cours boursiers participe de cette stratégie : dégrader provisoirement la situation américaine pour repartir sur de bonnes bases, avec un dollar déprécié.

Au besoin, Trump n’hésite pas à peser de tout son poids en menaçant l’économie mondiale, pour arriver à faire plier les plus puissants.

Dans quelle mesure cette stratégie peut-elle réussir ? Nous ne le savons pas encore. Aujourd’hui, nous ne savons que deux choses de façon sûre :

  • la stratégie de Trump produit des « externalités négatives » à court terme pour l’économie mondiale
  • la réussite ultime de cette stratégie est incertaine et peut intervenir dans un horizon long, voire très long

D’ici là, les peuples auront souffert, et la destruction de valeur sera massive.

Est-ce cela l’âge d’or ?

Et si cette stratégie devait échouer, quelle serait la solution pour Trump ? Edouard Husson rappelle le précédent de Franklin Delano Roosevelt, qui avait opté pour la guerre mondiale. Après des années d’un protectionnisme qui a ruiné l’économie américaine, Roosevelt a tablé, avec succès, sur l’économie de guerre pour relancer son pays.

Un précédent dont Trump pourrait très bien s’inspirer. Avec une nuance : les USA ont désormais face à eux des puissances qui peuvent leur tenir la dragée haute.