Nous avons vu comment le gouvernement Lecornu s’est fracassé sur le bitume du Chicken Game. Mais une question doit vous brûler les lèvres : si l'État est incapable de faire voter son budget, comment se fait-il que les ministères continuent de tourner, que les cerbères de Bercy continuent de prélever l'impôt et que la technostructure ne semble pas s'en émouvoir outre mesure ?


Pour comprendre ce miracle de l'inertie, il faut ouvrir les livres de James M. Buchanan (Prix Nobel 1986) et de son complice Gordon Tullock. Leur théorie, le Public Choice (ou Théorie des Choix Publics), est l'arme fatale pour quiconque veut comprendre le parasitisme d’État.


Le mythe du « Serviteur Désintéressé » est mort
La doxa républicaine nous enseigne que le haut fonctionnaire agit pour le « Bien Commun ». Buchanan, avec une brutalité qui nous ravit, nous dit : C'est faux.
"La théorie des choix publics est, en un sens, la politique sans romantisme. [...] L'hypothèse selon laquelle les participants à la sphère politique aspirent à promouvoir le bien commun est remplacée par celle selon laquelle les individus agissent en politique comme ils le font sur le marché : ils cherchent à maximiser leur propre utilité." (James Buchanan)
Un bureaucrate est un agent économique comme un autre. Il cherche à maximiser son propre intérêt : son prestige, son pouvoir, son budget et la taille de son service. En 2026, que le budget soit voté régulièrement ou qu’il passe par une « loi spéciale » (cet expédient constitutionnel de dernier recours), le haut fonctionnaire s'en moque, tant que les crédits tombent.
La bureaucratie « Maximisatrice de Budget » (Niskanen)
Inspiré par Buchanan, William Niskanen a montré que la bureaucratie a une tendance naturelle à l'hypertrophie. Pourquoi ? Parce que dans le privé, le profit est le signal du succès. Dans le public, le succès se mesure à la taille de l'enveloppe que vous gérez.
Dans notre crise de 2026, la « loi spéciale » est en réalité une bénédiction pour la technostructure :
- Elle évite les débats parlementaires où des députés curieux pourraient vouloir couper dans les dépenses inutiles.
- Elle permet de reconduire les structures existantes par pur automatisme.
- Elle transforme l'exceptionnel en norme.
Pour Buchanan, l'État n'est pas une personne morale, c'est un marché de décisions où les politiques échangent des faveurs contre des voix, et où les bureaucrates échangent de l'expertise contre du budget.
Surveillés par les "commissaires politiques" de l’information comme ConspiracyWatch, boudés par les subventions publiques, nous ne devons rien au système. Notre seule légitimité, c’est vous. Pour garantir notre indépendance totale et continuer à dire ce que les autres taisent, nous avons besoin de votre soutien.
Pourquoi la « Loi Spéciale » est le triomphe de la bureaucratie
C'est ici que le piège se referme. En échouant à faire voter un budget par le dialogue (le fameux échec de Lecornu face aux socialistes), on bascule dans une gestion par décret.
Pour un libertarien, c'est la preuve ultime : la démocratie parlementaire n'est qu'un décor de théâtre. Lorsque le décor tombe, la machine bureaucratique continue de fonctionner seule. Buchanan appelait cela le « Léviathan » : une entité qui cherche systématiquement à augmenter sa part de prélèvement sur le secteur productif, indépendamment de la volonté des électeurs.


La leçon pour les stratèges de demain
Mes chers amis, ne vous laissez pas attendrir par les larmes de Lecornu ou les cris d'orfraie de l'opposition. Tous deux participent au même marché.
- Le politique veut survivre.
- Le bureaucrate veut croître.
La situation actuelle illustre parfaitement la « capture du régulateur » : ce ne sont plus les citoyens qui contrôlent l'État via le budget, c'est l'État qui s'auto-attribue ses moyens de subsistance parce que le mécanisme de contrôle (le Parlement) est délibérément paralysé par les jeux de stratégie que nous avons analysés précédemment.
La « loi spéciale » budgétaire de 2026, c'est l'État qui s'affranchit du consentement à l'impôt pour assurer sa propre reproduction.
Restez lucides.




