Pour pallier la faillite de l’Education Nationale, le lycée Henri IV invite Kali Uchis à tourner des clips

Pour pallier la faillite de l’Education Nationale, le lycée Henri IV invite Kali Uchis à tourner des clips
Kali Uchis – NO HAY LEY

L'Etat est à la fois impécunieux et obèse. C'est-à-dire qu'il est inefficace et inspire de moins en moins de respect. Pour se faire 30 000 euros d'argent de poche, le lycée loue ses espaces classés monument historiques pour des tournages de films ou de vidéos. Apparemment, le processus n'est pas véritablement encadré. Les autorités  du lycée ont découvert avec étonnement un clip de la chanteuse américaine Kali Uchis, bien en formes et prenant la pose dans le jardin du cloître. Un épisode de plus dans la chute de "l'école républicaine".

« Cachez moi ce sein…. »

Grand émoi au lycée Henri IV quand on a découvert le clip de Kali Uchis tourné en septembre 2022. La chanteuse américaine y expose sans complexes ses formes avantageuses en étant bien peu vêtue dans un des endroits les plus emblématiques du lycée.  

Madame Motta-Garcia, proviseur du lycée, était quelque peu sur la défensive lorsque la rédaction du Parisien l’a interrogée: « Stéphanie Motta-Garcia, la proviseure du lycée Henri-IV, rappelle que ces tournages se font « hors temps scolaire » et génèrent des rentrées d’argent qui permettent « de payer du mobilier pour les élèves, de réparer la statue… »Surtout, elle précise que ce clip sulfureux n’est pas cautionné par l’établissement. Le contrat entre les maisons de production et Henri-IV stipule qu’« il ne doit pas y avoir de scènes de nudité, ne doit pas choquer les bonnes mœurs, ni porter atteinte à l’image du lycée ». 

La désacralisation d’un espace historique qui réunit la monarchie et la république dans leur idéaux éducatifs respectifs

Et donc? Le lycée a demandé l’interdiction du clip? 

Tout cela est bien pitoyable. Aux mêmes journalistes, Madame Garcia énumère tous les autres partenaires présentables, à commencer par la Marine Nationale, qui ont loué les espaces. 

Comme si c’était la question. 

Comme si le sujet n’était pas de savoir comment l’Etat, qui gaspille par ailleurs des milliards, est incapable de procurer la somme de 30 000 euros que le proviseur du lycée dit se procurer grâce à ces locations. 

Comme s’il était acceptable que l’ancienne abbaye Sainte Geneviève, second centre de l’université de Paris au Moyen-Age, à côté du collège de Sorbonne, soit ainsi traitée. 

Comme si l’on pouvait ainsi désacraliser l’un des lycées les plus emblématiques de la France républicaine. 

Où en est le Fonds du Lycée Henri IV?

Dans une république digne de ce nom, Madame Motta-Garcia aurait déjà dû remettre sa démission au Ministre. Et si cela n’avait pas été le cas, le sujet aurait dû venir à l’Assemblée. 

Ce qui m’étonne le plus dans cette histoire, c’est que l’on détruise ainsi la réputation du lycée, pour quelques milliers d’euros (au passage, on reconnaît le sens de la négociation des représentants de l’Etat, quelques milliers d’euros à mettre en face des revenus de Mademoiselle Uchis…). Je suis un ancien du lycée Henri IV et j’attends toujours l’appel à donations pour le Fonds du lycée créé par l’ancien proviseur, Monsieur Patrice Corre. Vu le réseau des anciens, j’imagine que l’on puisse ajouter un zéro, au moins, à la somme de 30 000 euros dont parle Madame Motta-Garcia. Et au passage, on aurait évité de ridiculiser l’Education Nationale et de profaner le patrimoine.