Pour en finir avec le mythe d’une baisse des dépenses hospitalières « néo-libérale » en France

Un mythe contemporain veut que les dépenses hospitalières aient, en France, baissé depuis dix ou quinze ans du fait de "politiques néo-libérales" qui sacrifieraient le service public pour favoriser les acteurs privés tous azimuts. Ce grand mythe de la privatisation est actionné par des défenseurs de l'étatisation à tout crin, au mépris des réalités. Il s'agit d'un moyen commode d'expliquer le naufrage français dans la gestion du coronavirus en occultant consciencieusement l'inflation bureaucratique et les méfaits de l'étatisation chérie, qui est pourtant source d'une véritable saignée dans l'hôpital public. Les faits montrent pourtant que les moyens dont disposent les hôpitaux publics n'ont cessé d'augmenter depuis dix ans plus vite que l'inflation. Simplement, le surplus annuel est gaspillé par des postes administratifs destinés à phagocyter chaque jour un peu plus la mission sanitaire des hôpitaux publics.

Pour illustrer l’évolution des dépenses hospitalières depuis 2010, c’est-à-dire depuis le premier budget « normal » de l’après-crise de 2008, le mieux est de se référer aux éléments fournis par la Cour des Comptes sur l’évolution de l’objectif national de dépenses de l’assurance-maladie (ONDAM), qui fixe chaque année, dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, les dépenses de l’assurance-maladie, c’est-à-dire de la sécurité sociale.
Les dépenses hospitalières ont augmenté 2 fois plus vite que l’inflation
Contrairement aux carabistouilles de la gauche geignarde et bien-pensante, on le voit, les dépenses de santé ont augmenté, depuis 2010, plus vite que l’inflation.
- l’ONDAM « total » à augmenté de 2,3% en 10 ans, soit de 36 milliards sur une dépense initiale de 164 milliards. En 10 ans, la hausse est d’environ 20%…
- les hôpitaux (dénommés « établissements de santé » dans la loi de financement de la sécurité sociale) ont, pour leur part, bénéficié d’une hausse moyenne de 2% de leurs dépenses depuis 2010. De 68,7 milliards de dépenses en 2010, l’ONDAM est passé à 82,5 milliards en 2019. Soit 14 milliards, proches des 20% de hausse
- les EHPAD ont connu la plus forte augmentation de dépenses votées par la loi, avec 3% en moyenne
Dans le même temps, l’inflation cumulée n’a été que de 11,7%.
Autrement dit, avec 20% d’augmentation moyenne des dépenses de santé, y compris des dépenses hospitalières, l’effort de la nation en faveur de la santé a été très supérieur à la hausse des prix moyenne.
Il est donc absolument mensonger de prétendre que des politiques néo-libérales auraient diminué le budget des hôpitaux.
D’où vient le mythe d’une baisse des moyens des hôpitaux ?
Dans la pratique, quatre raisons majeures expliquent le mythe d’une baisse des moyens des hôpitaux.
- la mise en place de la tarification à l’acte des hôpitaux, et la centralisation grandissante de l’organisation hospitalière ont multiplié les tâches de « reporting » et, par conséquent, la part des tâches bureaucratiques. Cette inflation de paperasse a poussé à la création de nombreux emplois administratifs.
- le maintien du statut de fonctionnaires aux salariés des hôpitaux interdit à chaque hôpital de définir sa propre politique salariale. La rémunération des agents des hôpitaux est, in fine, définie par le ministère de la Santé qui applique une politique générale égalitaire qui démotive l’ensemble des personnels, à force de traiter de la même façon ceux qui travaillent et ceux qui ne font rien. L’effet est désastreux dans les services administratifs et dans les catégories C des personnels « soignants ». La mécanique du statut égalitaire aligne tout le monde vers le bas,
- la fermeture de petits hôpitaux dangereux, notamment de maternité où sont pratiqués moins de 300 accouchements annuels, donne le sentiment d’une réduction de la voilure (déplorée par des gens qui évitent majoritairement avec soin de fréquenter ces maternités où la mortalité des bébés est élevée),
- les progrès de la médecine et surtout de la chirurgie permettent de pratiquer des interventions beaucoup moins invalidantes qu’avant. Souvenons-nous qu’il y a quarante ans la moindre appendicite supposait une hospitalisation d’au moins une semaine. Désormais, l’opération dure dix minutes et permet de ne plus passer la nuit à l’hôpital, ce qui est moins traumatisant pour les malades. Assez logiquement, le besoin en lits d’hôpitaux a diminué.
Faut-il réhospitaliser 15 jours pour une appendicite ?
La question de la fermeture des lits d’hôpitaux est au coeur des débats. Les progrès scientifiques ont permis de développer la chirurgie dite ambulatoire. Faut-il, comme des « vieux cons » nostalgiques, le regretter et invoquer le bon vieux temps où le moindre problème médical obligeait à passer des nuits et des nuits loin de chez soi pour être soigné ?
Et faut-il benoîtement se féliciter des progrès de la médecine tout en prônant de ne pas toucher à l’offre hospitalière telle qu’elle existait avant ces progrès ?
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