Nigel Farage et Reform UK : un calendrier électoral compromis par des luttes internes

Nigel Farage et Reform UK : un calendrier électoral  compromis par des luttes internes

Nigel Farage, figure emblématique du Brexit, a rejoint Reform UK avec l’ambition de donner un nouveau souffle au paysage politique britannique. Connu pour sa rhétorique souverainiste et son charisme populiste, il espérait faire de Reform UK une alternative crédible aux partis traditionnels. Toutefois, le parti est aujourd’hui en proie à des luttes intestines. Un conflit ouvert a éclaté entre Nigel Farage et Rupert Lowe,son rival soutenu par Elon Musk.

De gauche à droite : le chef adjoint de la réforme, Richard Tice, Nigel Farage, Lee Anderson, le député d’Ashfield, et Rupert Lowe

La popularité du parti réformiste britannique a augmenté ces derniers temps. Son dirigeant, Nigel Farage, espérait remporter le contrôle d’une partie des conseils locaux afin d’atteindre plus tard son objectif de devenir Premier ministre. Mais des luttes intestines au sein du Parti risquent de compromettre son plan. Elles sont liées à une querelle entre Farage et l’homme qu’Elon Musk a présenté pour le remplacer. Il s’agit de Rupert Lowe.

Luttes internes au sein du Parti réformiste britannique

Ces dernières années, la politique mondiale a été marquée par la montée en puissance de l’extrême-droite. La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle des Etats-Unis en est une preuve réelle. Au Royaume-Uni, le Parti réformiste a aussi gagné la cote. Il a dépassé les conservateurs et les travaillistes lors de certains sondages nationaux. Mais suite à une querelle entre le dirigeant, Nigel Farage, et son rival, Rupert Lowe, le Parti se trouve dans une situation délicate.

Lowe a accusé Farage d’avoir une approche « messianique », tandis que le leader du parti lui a reproché de semer la division. Cette crise interne a été amplifiée par la présence d’Elon Musk dans l’équation politique, ce dernier ayant été un temps pressenti comme un soutien clé de Reform UK.

L’influence de Musk

Bien que Musk ait loué certaines initiatives de Reform UK, il a publiquement douté des capacités de Farage à diriger le pays. Musk  a déclaré que le chef actuel, Nigel Farage, n’avait pas les qualités nécessaires pour endosser le rôle du Premier ministre. Le milliardaire a présenté Rupert Lowe, un des cinq députés du parti, comme son remplaçant potentiel. Depuis, la relation entre les deux s’est détériorée.

Musk a approuvé plusieurs des postes de Lowe relatifs aux migrations illégales et aux déportations au cours des dernières semaines.

La semaine dernière, Lowe n’a pas hésité à critiquer Farage et à remettre en question son leadership lors d’une interview accordée au Daily Mail. Vendredi, le lendemain de la publication de cet entretien, le Parti réformiste a publié un communiqué de presse annonçant l’expulsion de Lowe. Ce dernier est accusé d’avoir menacé Nigel Farage à deux reprises et d’avoir fait l’objet d’intimidations au sein de ses bureaux parlementaires et de circonscription.

La querelle a éclaté entre les deux hommes. Ils ont continué à s’affronter tout au long du weekend. Farage a écrit dans un article dans le Telegraph que Lowe a réussi à « se brouiller avec tous ses collègues parlementaires d’une manière ou d’une autre », tandis que Lowe a accusé le Parti réformiste d’avoir lancé une « chasse aux sorcières » contre lui.

Un calendrier électoral sous tension

Le Parti réformiste est en train de sombrer dans des luttes intestines. Pourtant, le dirigeant espérait renforcer le soutien du parti auprès des élus locaux, à l’approche des élections du 1er mai. Farage veut obtenir le contrôle d’une partie des conseils locaux afin de gagner le pouvoir au sein du Senedd, le gouvernement décentralisé du Pays de Galles en 2026. Le chef du Parti réformiste britannique convoite effectivement le titre de Premier ministre et il espère l’obtenir lors des prochaines élections générales de 2029.

Le professeur de sciences politiques à l’Université de Manchester, Rob Ford, a déclaré à Bloomberg que « le parcours politique de Farage est jonché des cadavres de ceux qui se sont opposés à lui et ont échoué ». Même si les utilisateurs des médias sociaux, notamment de X, qui ont autrefois soutenu le Parti réformiste, ont indiqué que leur opinion pourrait changer, cela ne confirme pas l’échec du Parti à l’élection. Ce ne sont pas eux qui voteront pour les réformistes selon Ford.

Néanmoins, la question demeure : ces divisions affaibliront-elles le parti au point de compromettre ses ambitions électorales ? Certains experts, comme Rob Hayward, estiment que tant que la crise ne perdure pas trop longtemps, l’impact sur les prochaines élections restera limité.

Un autre enjeu majeur est le financement du parti. Contrairement aux candidats individuels, les partis politiques britanniques ne sont pas soumis à des plafonds stricts en dehors des périodes électorales. Cette faille réglementaire pourrait permettre à Reform UK de devenir l’un des partis les mieux financés du pays, grâce à des soutiens comme Elon Musk qui, via ses structures britanniques, pourrait contourner certaines restrictions.