Malgré ses « dérives », le Pentagone offre un contrat à 200 millions de dollars à Elon Musk

Malgré ses « dérives », le Pentagone offre un contrat à 200 millions de dollars à Elon Musk


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Grok, l’IA intégrée à X (ex-Twitter), propriété d’Elon Musk, avait qualifié des figures juives de « fascistes », publié des messages antisémites et s’est auto-identifiée comme « MechaHitler ». Ces dérives ont entraîné des excuses officielles de xAI et la suspension temporaire des réponses textuelles de l’outil. Pour autant, le Département de la Défense des États-Unis signe un contrat pouvant atteindre 200 millions de dollars avec Elon Musk. Un juteux contrat qui va renforcer les capacités de l’armée américaine dans le domaine de l’IA, mais considéré par beaucoup comme une prime à la provocation, dans une période où les garde-fous éthiques de l’intelligence artificielle sont plus que jamais remis en question.

Elon Musk a fait face à de nombreux problèmes depuis quelques jours. Le plus récent est le scandale lié aux propos racistes de son Chatbot d’IA, Grok. xAI, son entreprise d’intelligence artificielle, s’est d’ailleurs excusée pour ce « comportement horrible » du robot. Mais en dépit de cet incident, la société d’Intelligence artificielle de Musk a décroché un gros contrat militaire pouvant aller jusqu’à 200 millions de dollars.

Le chatbot de Musk a décroché un contrat avec le Pentagone

La semaine dernière, la société d’intelligence artificielle d’Elon Musk, xAI, a été au cœur d’un énorme scandale. Son célèbre chatbot d’IA, Grok, s’est en effet qualifié de « Mechahitler » et de « super-nazi ». Ce n’est pas tout ! Grok a également publié des « messages racistes, sexistes et antisémites ». Selon le journaliste spécialisé dans les technologies du The Guardian, Josh Taylor, il a « fait référence à une personne portant un nom de famille juif courant qui célébrait la mort tragique d’enfants blancs  des inondations aux Texas en les qualifiant de futurs fascistes ».

xAI a d’ailleurs présenté des excuses face au « comportement horrible » de Grok. Mais en dépit de cet incident majeur, l’entreprise d’intelligence artificielle a annoncé lundi qu’elle a décroché un contrat d’une valeur maximale de 200 millions de dollars avec la Pentagone et d’autres grands développeurs d’IA. Il concerne le développement et la mise en œuvre d’outils d’intelligence artificielle pour le ministère américain de la Défense.

L’obtention de ce contrat est un signe flagrant de l’influence de Musk au sein du gouvernement. Alors que Grok venait de provoquer un énorme scandale, xAI a obtenu une grande récompense. Pourtant selon certains médias, d’autres entreprises méritaient mieux le contrat, pour ne citer que Google, OpenAI et Anthropic. Elles ont démontré que leurs produits d’IA sont beaucoup plus fiables et viables et elles ont mis en place de solides garde-fous contre une production offensante. Ces trois entreprises se sont également engagées publiquement de réaliser des tests de sécurité.

De son côté, le chatbot de xAI  est accusé de nombreux dérapages, il a fait la une des médias à maintes reprises pour ses productions offensantes. En mai par exemple, Grok a dénoncé le « génocide blanc » en utilisant les arguments de Musk. Ce contrat du Département de la Défense garantira à xAI un chiffre d’affaires supplémentaire. Notons que la société d’Elon Musk œuvre à devancer ses concurrents, notamment l’OpenAI de Sam Altman, son ex-associé devenu son rival.

Une Silicon Valley militarisée et décomplexée

Depuis le rachat de Twitter en 2022, Musk a transformé la plateforme en champ de bataille idéologique, multipliant les provocations, tolérant les discours de haine, courtisant les Républicains les plus extrêmes et s’alliant ouvertement avec Donald Trump. Le départ de Linda Yaccarino, PDG de X, après des mois de gestion chaotique, illustre l’impossibilité de réguler un empire technologique désormais au service des obsessions personnelles d’un seul homme.

Ces derniers mois n’ont pas du tout été repos pour le magnat de la technologie. Son empire risque de s’effondrer. Sa mission au sein du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) a pris fin au mois de juin. Depuis son départ, sa relation avec son allié politique, Donald Trump, s’est détériorée. Musk envisage même de former un nouveau parti politique indépendant.

Ses actions politiques en tant que chef du DOGE ont aussi terni l’image de son entreprise de construction de véhicules électriques, Tesla. Or, c’est la principale source de la fortune d’Elon Musk. Les ventes de Tesla n’ont cessé de chuter et les propriétaires veulent même vendre leurs véhicules. Sa société SpaceX, peine aussi à trouver une solution aux problèmes liés à sa dernière fusée, Starship. Cette dernière a explosé après son décollage.

Pour beaucoup, le Pentagone, censé incarner la rigueur, la sécurité et la stratégie à long terme, semble préférer l’innovation à tout prix, quitte à ignorer les dérives politiques et morales du fournisseur.Le cas Musk n’est pas isolé. OpenAI, Anthropic, Google… les géants de l’intelligence artificielle signent les uns après les autres des partenariats militaires avec l’État fédéral. Comme en Israël, Meta développe même des outils de réalité virtuelle pour la police et l’armée. Cette fusion entre innovation technologique et pouvoir régalien rappelle les scénarios dystopiques dénoncés il y a quelques années encore par les défenseurs des libertés individuelles.


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