Les terribles reculades d’Édouard Philippe


Partager cet article

Coup sur coup, Édouard Philippe vient de se livrer à deux terribles reculades qui devraient fortement handicaper son autorité dans le cadre de son mandat. Comme pris par une spirale anti-juppéiste, le Premier Ministre fait machine arrière sur l’ensemble des fronts où le gouvernement s’était engagé. Reste à savoir si la reculade sera la même sur le dossier des retraites (reculade que nous pronostiquons depuis neuf mois!).

La retraite en (bon) ordre d’Édouard Philippe a commencé vendredi dernier, avec un décret au Journal Officiel publié dimanche qui échoue lamentablement à supprimer les privilèges des anciens Premiers Ministres. Ce texte attribue une secrétaire particulière à chaque ancien Premier Ministre pour une durée de dix ans (sans indication sur la masse salariale autorisée), et leur concède à vie une voiture de fonction et un chauffeur.

Autrement dit, Philippe n’a pas osé annoncer à Édouard Balladur et à Édith Cresson que la voiture et le chauffeur aux frais de la République, c’était fini. On peut se demander, avec un tel manque d’autorité, comment le Premier Ministre pourrait faire passer la réforme des retraites. L’image est ici cataclysmique.

On rappellera que, outre les deux impétrants cités ci-dessus, les autres récipiendaires de ce coup de pouce républicain sont Lionel Jospin, François Fillon, Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.

Reculade sur l’exonération patronale des emplois à domicile

Ce lundi, les Échos annonçaient des mesures fiscales pour 2020 concernant les exonérations de charges patronales sur les emplois à domicile des plus de 70 ans. Cette mesure ciblant à la fois les retraités et les emplois les plus ingrats était d’une maladresse politique sidérante, mais défendue hauts les coeurs par Gérald Darmanin.

La polémique a rapidement enflé, jusqu’à l’annonce, le lendemain, d’un rétropédalage en beauté. Lors de la séance de questions au gouvernement, Édouard Philippe a clairement pris position:

« J’ai demandé à la ministre du Travail de renoncer à cette mesure »

On ne pouvait pas être plus catégorique. La volte-face fait en revanche mauvais effet. Tout se passe comme si le gouvernement reculait en bonne et due forme à la moindre difficulté.

Sur ces entrefaites, le syndicat Solidaires de la SNCF a annoncé qu’il rejoignait la grève reconductible de la RATP prévue pour le début du mois de décembre. Face à autant de contestation, on doute que la réforme des retraites ne voie le jour.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

Ce 16 décembre 2025 restera sans doute gravé dans les annales de l'histoire européenne non pas comme le jour où l'Union a sauvé l'Ukraine, mais comme le moment précis où elle a décidé de sacrifier ce qui lui restait de principes fondateurs — la liberté d'expression, la sécurité juridique, et la souveraineté nationale — sur l'autel d'une guerre qu'elle ne peut plus gagner, mais qu'elle s'interdit de perdre. La machine bruxelloise, cette formidable créatrice de normes devenue une machine à broyer


Rédaction

Rédaction

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Le Premier Ministre belge, Bart de Wever, a déclaré lors d'une conférence universitaire, que non seulement la Russie ne perdrait pas la guerre, mais qu'il n'était pas souhaitable qu'elle la perde. Une vraie provocation vis-à-vis de l'OTAN. Sarcasme. Réalité. Et pas un seul kopeck de subvention. Ah, Bruxelles! Ses gaufres, son Manneken Pis, et ses bureaucrates non élus qui jouent au Monopoly avec votre compte en banque. C'est la saison des fêtes, et comme cadeau, la Commission Européenne a déci


CDS

CDS

En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

Ce 16 décembre 2025, alors que le Sénat vient de rendre sa copie budgétaire, une vérité crue émerge du brouillard législatif : le gouvernement va devoir extorquer 9 milliards d'euros supplémentaires aux contribuables français (vous !) avant la Saint-Sylvestre. Pourquoi? Comment? Voici l'autopsie d'un mensonge d'État et d'une faillite annoncée. Tout commence, comme souvent, par une soumission. Vous vous demandiez si l'engagement d'un déficit à 5 % pour 2026 était réel? Il est bien pire que ce


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Pourquoi nous fonçons droit vers un contrôle des changes en 2026

Pourquoi nous fonçons droit vers un contrôle des changes en 2026

Et si, comme le dit désormais tout haut le FMI, le maillon faible du système financier était devenu… le marché des changes ? Vous savez, ce discret marché mondial où s’échangent pourtant chaque jour près de 10 000 Mds $ de devises et de produits dérivés sur devises, à l’instar du barbare swap cambiste, cet instrument qui permet notamment aux multinationales, ou aux plus petits exportateurs, de gérer le risque que la volatilité des changes fait courir à leur trésorerie placée en diverses monnaie


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT