Le Secrétaire Général de l’ONU réclame le retrait des troupes russes de la centrale nucléaire de Zaporijia

Le Secrétaire Général de l’ONU réclame le retrait des troupes russes de la centrale nucléaire de Zaporijia


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En visite en Ukraine, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et le président turc Recep Tayyip Erdogan se sont retrouvés à Lvov, Odessa et Istanbul. Tous les deux ont déclaré qu’ils sont très préoccupés par la sécurité du nucléaire civil. Ils craignent un éventuel dégât à la centrale de Zaporijjia. Ils ont d'autre part supervisé la question de l'exportation des céréales ukrainiennes. La mise en œuvre de l’accord d’Istanbul concernant la reprise des exportations de céréales ukrainiennes a été le deuxième sujet au cœur de cette visite. Enfin, après avoir quitté Zelensky, Erdogan et Guterres ont envisagé les chances d'une négociation entre l'Ukraine et la Russie.

Le jeudi 28 avril, lors de sa première visite à Kiev, le secrétaire général, Antonio Guterres avait déclaré que « le Conseil de sécurité a échoué à faire ce qui était en son pouvoir pour empêcher et mettre fin à cette guerre ». Malheureusement les combats se sont intensifiés depuis lors. L’Occident accentue même son soutien militaire à Kiev.

Le mercredi 17 août, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, s’est rendu de nouveau en Ukraine, en visite dans la ville de Lvov où il a participé à une réunion trilatérale avec les présidents ukrainien et turc, afin de faire le point sur l’accord céréalier récemment conclu, permettant à l’Ukraine d’exporter des céréales malgré la guerre.

Par ailleurs, le Secrétaire Général a de nouveau partagé ses graves préoccupations concernant la situation autour de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, à Zaporijjia (Zaporojie). Il a redit que « tout dégât potentiel à Zaporijjia serait un suicide« .

Antonio Guterres a demandé à la Russie de ne pas couper le réseau d’approvisionnement électrique ukrainien de cette centrale que son armée occupe depuis début mars. Notons que d’une part Monsieur Guterres n’a pas voulu sortir de la fausse ambiguïté selon laquelle la Russie aussi bien que l’Ukraine pourraient être à l’origine des tirs sur la centrale. (il n’y a aucun doute sur le fait que c’est l’armée ukrainienne). En revanche, il a mis le doigt implicitement sur les origines du chantage ukrainien envers l’OTAN et Moscou à la fois: si l’Ukraine n’est plus approvisionnée en électricité par une centrale désormais sous contrôle russe, nous ferons du dégât.

Appel  de Monsieur Guterres à démilitariser la centrale de Zaporijjia

Lors de leur visite en Ukraine, le patron de l’ONU Antonio Gueterres et le président turc Recep Tayyip Erdogan n’ont pas caché leur préoccupation concernant l’évolution du conflit entre le pays et la Russie. Ils craignent un « nouveau Tchernobyl ». Pour rappel, lors de l’explosion du réacteur numéro 4 de la centrale Tchernobyl en 1986, un nuage radioactif s’est répandu sur toute l’Europe. Or, la centrale de Zaporijjia (Zaporojie) est la plus grande d’Europe et réunit les réacteurs les plus puissants du continent.

Le président turc qui tente de se poser en médiateur dans la guerre en Ukraine redoute une catastrophe nucléaire dévastatrice, qui mettrait en danger des millions de civiles. Notons que depuis le mois de mars, plusieurs explosions ont retenti à proximité de cette centrale.

Cette centrale alimente un cinquième de l’Ukraine. Pour les spécialistes, le risque ne serait pas lié d’abord aux bombardements. Le risque majeur serait lié à la perte de l’alimentation électrique. En effet,  s’il n’y a plus d’électricité, il n’y aura plus de liquide de refroidissement pour refroidir la centrale, il peut y avoir « une fusion du cœur » ce qui pourrait conduire à une véritable catastrophe.

Le responsable de l’administration prorusse de la région de Zaporijjia (Zaporojie), Vladimir Rogov, a déclaré que les forces ukrainiennes ont bombardé Energodar. C’est la ville la plus proche de la centrale atomique. L’armée russe a également affirmé qu’elle n’a pas utilisé d’armes lourdes autour de la centrale. Lors d’une conférence de presse à Lvov, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il ne faut pas « faire confiance à la Russie ». Volodymyr Zelensky continue à exclure toute négociation de paix avec Moscou sans le retrait préalable des troupes russes du territoire ukrainien.

Le patron de l’ONU a lancé un avertissement aux deux parties jeudi dernier. Il a déclaré qu’endommager la centrale de Zaporijjia (Zaporojie) serait un « suicide » potentiel. Il demande la démilitarisation du lieu, c’est-à-dire, le retrait de la force russe. Il soutient la mise en place d’une inspection de la centrale par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) afin de détecter les éventuels dégâts. « Bien évidemment, l’électricité de Zaporijjia est une électricité ukrainienne (…), ce principe doit être pleinement respecté », avait affirmé Antonio Guterres.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que c’est une urgence. Mais cela ne peut avoir lieu sans l’accord de la Russie et de l’Ukraine. « Pour éviter les risques d’accident ou d’incident nucléaire (…) Il est urgent d’autoriser une inspection de l’AIEA et d’obtenir le retrait de toutes les forces russes », a déclaré M. Stoltenberg.

Ce que Stoltenberg et Guterres oublient de dire, c’est que la Russie est la première à avoir demandé une visite de l’AIEA. Moscou a même accepté que la délégation arrive par Kiev et non par Moscou, comme l’a confirmé l’Elysée après un échange téléphonique entre les présidents russe et français,

Mise en œuvre de l’accord d’Istanbul

En juillet 2022, l’Ukraine et la Russie ont signé un accord à Istanbul, sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, devant permettre la reprise des exportations de céréales ukrainiennes à travers la mer Noire en dépit des sanctions occidentales. Depuis le début du mois d’août, les exportations de ces denrées alimentaires ont bel et bien repris, mais à une cadence plutôt lente.

Jeudi dernier, à Lvov en Ukraine, la signature officielle de la mise en œuvre de cet accord a eu lieu. Notons que lors de la récolte de printemps, 20 millions de tonnes céréales ont été stockées dans des silos. La récolte d’été  a commencé et 20 à 25 millions de tonnes supplémentaires seront prêtes à être exportées.

Le patron de l’ONU et le président turc ont demandé à l’Ukraine d’accélérer la cadence. Depuis le premier appareillage, le 1er août, quelque 25 navires transportant des céréales et du blé ont quitté les ports ukrainiens dans le cadre de l’accord.

Après sa réunion trilatérale à Lvov et un passage par Odessa, Guterres s’est rendu à Istanbul, le samedi 20 août, pour une inspection du Centre conjoint de coordination, qui supervise l’application de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes. Le Secrétaire Général de l’ONU s’est engagé à ce que son organisation  « ‘intensifie » les exportations de céréales ukrainiennes avant l’arrivée de l’hiver pour éviter une crise alimentaire. Les deux dirigeants ont discuté également des mesures susceptibles de mettre fin à la guerre Russie-Ukraine par des moyens diplomatiques (defaçon significative, ils l’ont fait en l’absence de Zelensky).

Pour rappel, le président turc avait rencontré pendant quatre heures son homologue russe, Vladimir Poutine, le 5 août, à Sotchi, en Russie. Tout en condamnant rapidement l’offensive russe, la Turquie toujours a opté pour la neutralité entre les deux pays et ne s’est pas jointe aux sanctions occidentales contre Moscou.


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