La BCE baisse ses taux : ça veut dire quoi au juste, par Arthur Cyclops
International Monetary Fund Managing Director Christine Lagarde speaks at George Washington University in Washington, DC October 3, 2013. Countries will need to adopt strong national policies and work together even more closely to manage new transitions under way in the global economy said in her speech at George Washington University ahead of the 2013 World Bank-IMF Annual Meetings.IMF Staff Photograph/Stephen Jaffe

La BCE baisse ses taux : ça veut dire quoi au juste, par Arthur Cyclops


Partager cet article

La Banque Centrale Européenne a décidé de baisser ses taux (à 2,25% pour les facilités de dépôt). Tout le monde entend régulièrement parler de ces baisses (ou hausses) de taux. Mais de quoi s’agit-il au juste ? Et en quoi une baisse des taux de la BCE est-elle importante. Arthur Cyclops fait le point.

L’expression baisse des taux a plusieurs sens, souvent méconnus du grand public. Nous rappelons ici quelques points élémentaires pour mieux comprendre la portée de la décision de la BCE.

Les taux directeurs, késako ?

Les taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) sont les taux d’intérêt fixés par la BCE pour influencer l’activité économique et l’inflation dans la zone euro. Ils servent de référence pour les prêts et les dépôts entre la BCE et les banques commerciales, impactant ainsi les conditions de crédit et les taux d’intérêt dans l’économie.

Principaux taux directeurs de la BCE :

  1. Taux de refinancement principal : Le taux auquel les banques peuvent emprunter à court terme auprès de la BCE. C’est le taux le plus suivi, car il influence directement les taux interbancaires.
  2. Taux de facilité de dépôt : Le taux appliqué aux dépôts des banques auprès de la BCE. Il fixe un plancher pour les taux du marché monétaire.
  3. Taux de prêt marginal : Le taux pour les prêts d’urgence accordés par la BCE aux banques, généralement plus élevé.

Rôle des taux directeurs :

  • Contrôler l’inflation : En augmentant les taux, la BCE rend l’emprunt plus coûteux, freinant la demande et l’inflation. En les baissant, elle stimule l’économie.
  • Stabiliser l’économie : Ils influencent la croissance, l’emploi et la stabilité financière.
  • Orienter les marchés : Les décisions sur les taux affectent les taux hypothécaires, les prêts aux entreprises et les rendements des épargnes.

Pourquoi baisser les taux directeurs en ce moment ?

La baisse des taux directeurs par une banque centrale a plusieurs objectifs économiques majeurs :

  1. Stimuler la croissance économique : Des taux plus bas réduisent le coût des emprunts pour les entreprises et les ménages, encourageant l’investissement et la consommation, ce qui dynamise l’activité économique.
  2. Favoriser l’emploi : En stimulant l’économie, la baisse des taux peut réduire le chômage en augmentant la demande de biens et services, ce qui pousse les entreprises à embaucher.
  3. Relancer l’inflation : Lorsque l’inflation est trop faible, une baisse des taux peut encourager la dépense et l’investissement, augmentant la demande et poussant les prix à la hausse pour atteindre l’objectif d’inflation (souvent autour de 2 % pour des banques comme la BCE).
  4. Faciliter le service de la dette : Des taux plus bas allègent le fardeau des emprunteurs (y compris les gouvernements), rendant les dettes plus gérables.
  5. Soutenir les marchés financiers : Des taux bas rendent les actifs financiers (actions, obligations) plus attractifs, soutenant les prix des actifs et la confiance des investisseurs.

Cependant, une baisse prolongée des taux peut entraîner des risques, comme la formation de bulles financières ou une inflation excessive si l’économie surchauffe. La banque centrale doit donc agir avec prudence, en fonction des conditions économiques.

En l’espèce, la baisse décidée aujourd’hui vise à stimuler les exportations européennes face aux tarifs douaniers de Donald Trump, en dépréciant l’euro et en baissant ainsi artificiellement les prix des produits européens à l’exportation.

Nous entrons doucement dans la guerre des monnaies que le Courrier évoque souvent.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Par quoi voulons-nous remplacer la démocratie représentative?

Par quoi voulons-nous remplacer la démocratie représentative?

Ce pont du 10 novembre, moment de répit dans l'agitation nationale, offre une occasion de prendre du recul sur le spectacle de notre propre impuissance. La France est paralysée. Le chaos parlementaire, les blocages institutionnels et la déconnexion béante entre le pays légal et le pays réel ne sont plus des accidents de parcours ; ils sont le symptôme d'une maladie chronique. La tentation est grande, comme toujours, de personnaliser la crise. On accuse volontiers l'hyperprésidentialisation


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

PLFSS 2026 : l'art de la pyrotechnie parlementaire, par Vincent Clairmont

L'adoption, samedi 8 novembre 2025, de la première partie du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 n'aura trompé personne au sein de l'Hémicycle. Le score étriqué de 176 voix pour contre 161 ne signe en rien une adhésion au projet du gouvernement, ni même une improbable lune de miel sur l'autel des finances sociales. Ce vote, fruit d'un calcul politique aussi cynique que nécessaire, est avant tout une manœuvre. Une partie de l'opposition, notamment le Parti


Rédaction

Rédaction

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

Pourquoi votre stratégie Barbell est incomplète sans la bonne banque privée digitale

L’année 2026 semble promise, comme les précédentes, à une volatilité extrême et à des chocs imprévisibles. Les modèles d'investissement classiques, qui misent sur la « diversification moyenne » et l’optimisation du risque au milieu du spectre, sont non seulement fragiles, mais destinés à être pulvérisés à l’occasion du prochain « cygne noir » que l'Histoire ne manquera pas de nous servir. Face à ce chaos qui se déploie sous nos yeux, nous vous avons présenté dimanche 2 novembre la seule philoso


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

9/11 : quand un prof de Berkeley contestait le rôle de Cheney, par Thibault de Varenne

Elise Rochefort a évoqué pour nous les controverses officielles sur l'emploi du temps de Dick Cheney le 11 septembre 2001. Peter Dale Scott, diplomate canadien devenu professeur à l'Université Berkeley, en Californie, a prétendu documenter le contexte de cette affaire explosive. Et voici les thèses qu'il a défendues, accompagnées de leurs critiques, bien entendu... Peter Dale Scott (né en 1929) représente une figure intellectuelle singulière et complexe dans le paysage académique nord-améri


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe