Il flottait un parfum de fin de règne, ce jeudi 4 décembre 2025, dans l'immensité du Grand Palais du Peuple à Pékin. Emmanuel Macron, entamant sa quatrième visite d'État en Chine, a choisi de briser les conventions du langage diplomatique pour livrer un constat d'une gravité absolue devant son homologue Xi Jinping. « Nous faisons face au risque de désintégration de l'ordre international qui a apporté la paix au monde depuis des décennies », a-t-il lancé, le visage grave.

Cette formule, « désintégration de l'ordre international », n'est pas une simple hyperbole rhétorique. Elle acte le décès clinique du système multilatéral hérité de 1945. Mais si le diagnostic du Président est lucide, l'étiologie du mal qu'il propose — implicitement centré sur les révisionnismes russe et chinois — omet la part de responsabilité écrasante de l'Occident lui-même. Car cette désintégration est moins le fruit d'une agression extérieure que celui d'un suicide moral, accéléré par notre aveuglement au Proche-Orient.
L'anatomie de la chute
Le Président français a raison de s'inquiéter. Les symptômes de cette dislocation sont partout. Le Conseil de Sécurité de l'ONU est devenu un théâtre d'ombres paralysé par les vétos croisés, incapable d'éteindre les incendies qui consument l'Ukraine ou le Moyen-Orient. L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), jadis gardienne des règles du jeu économique, est moribonde, contournée par des guerres commerciales et des mesures protectionnistes que les États-Unis de Donald Trump comme l'Union Européenne multiplient désormais sans complexe au nom de la sécurité nationale.

Emmanuel Macron a décrit à Pékin un monde menacé par la « fragmentation », où la « loi du plus fort » remplace le droit. Il a exhorté la Chine à ne pas céder à la logique des blocs et à œuvrer pour un cessez-le-feu en Ukraine, espérant que Pékin userait de son influence sur Moscou pour arrêter les frappes sur les infrastructures civiles.Mais comment cet appel au respect du droit international peut-il être audible lorsqu'il est prononcé par une puissance occidentale dont la crédibilité s'effondre chaque jour un peu plus sur les rives de la Méditerranée orientale?
L'angle mort : l'exception israélienne
C'est ici que le bât blesse. La « désintégration » dont parle Emmanuel Macron trouve un accélérateur foudroyant dans le soutien inconditionnel que les États-Unis, et une partie de l'Europe, ont apporté à la conduite de la guerre à Gaza par Israël.


