Danger pour nos libertés: Angela Merkel veut centraliser dans l’Union Européenne les politiques de santé.

Angela Merkel vient, en deux jours, de dévoiler la profonde détestation de la démocratie et des libertés qui habite beaucoup de gouvernants européens. Après avoir fait voter au Bundestag une loi qui prive les Länder de leurs compétences en matière de santé publique, elle demande, dans la foulée, le renforcement des compétences de l'Union Européenne en matière de santé. Toujours plus de centralisation nationale et supranationale ne peut mener qu'à une seule chose: la mort de la démocratie.

L'Infektionsschutzgesetz et la fin du fédéralisme allemand
Comme Le Courrier des Stratèges l’avait anticipé, il y a eu, malheureusement, une majorité de députés allemands pour voter la mise à jour de la loi destinée à encadrer la lutte contre les épidémies (Infektionsschutzgesetz). Le nouveau texte permet ce que le gouvernement allemand a appelé – d’une métaphore bien peu démocratique – un « arrêt forcé d’urgence » (Notstandbremse). Comme si la République Fédérale était un train à maintenir dans des rails dont les Länder ne pourront s’écarter. Il suffira que « l’incidence » dépasse 100 trois jours de suite, au niveau local ou régional pour que le gouvernement fédéral puisse ordonner au territoire concerné d’appliquer des mesures stricts de confinement. La loi prévoit ce système jusqu’en juin mais qui peut douter qu’il sera renouvelé, maintenant que le doigt est mis dans l’engrenage.?
C’est la suppression de la subsidiarité sur laquelle reposait la gestion sanitaire allemande – et qui avait expliqué une partie du succès de la lutte contre l’épidémie au printemps 2020. Les centres de lutte contre les épidémies sont locaux et les ministères de la santé régionaux, le ministère fédéral de la Santé ne jouant qu’un rôle de coordination.
C’est de ce système décentralisé que la Chancelière – qui a passé plus de la moitié de sa vie dans l’Allemagne communiste qu’était la RDA – juge archaïque. En fait la Chancelière réfléchit toujours dans les coordonnées de l’Allemagne de l’Est et de l’ancien système soviétique – transposé à la RFA et à l’Union Européenne.
Angela Merkel veut une gestion centralisée des politiques sanitaires dans l'UE
« Je crois que l’Europe a besoin de plus de compétences dans le domaine de la santé », a déclaré Mme Merkel dans la foulée du vote qui avait eu lieu au Bundestag. Elle a même envisagé de modifier les traités de l’Union européenne pour cela, a-t-elle ajouté.
Proposant un débouché pratique à ses propos, la Chancelière a critiqué vertement le fait que certains pays utilisent désormais des vaccins chinois ou russes sans attendre leur approbation par l’Agence européenne des médicaments (EMA) afin d’obtenir, comme elle a dit, un « petit avantage à court terme ». En l’occurrence, Madame Merkel oublie de mentionner que son pays a prévu d’importer ou de faire fabriquer le vaccin russe en Bavière.
Mais la Chancelière ne s’est jamais vraiment intéressée aux faits. Peu lui importe qu’on lutte mieux contre l’épidémie de manière décentralisée. Et peu lui importe aussi de renforcer les pouvoirs de l’Etat fédéral aux dépens des Länder. A peine le Bundestag l’a-t-il suivi qu’elle passe sans crier gare à l’étape suivante: la centralisation doit continuer au niveau européen.
En dépouillant les Länder de leur pouvoir, Angela Merkel met en cause le pacte démocratique, décentralisateur, antinazi de 1949 – qui promettait à l’Europe que plus jamais l’Allemagne n’instaurerait un pouvoir fort ni ne négligerait sa tradition de libertés locales solides et enracinées. Et c’est bien pour un nouveau projet antidémocratique: celui consistant à éloigner toujours plus les décisions sanitaires des citoyens qu’elles concernent.
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