ARN messager : après Pfizer, GSK poursuit Moderna pour violation de brevet

ARN messager : après Pfizer, GSK poursuit Moderna pour violation de brevet


Partager cet article

Près de six mois après avoir engagé une bataille juridique similaire contre l’alliance Pfizer/BioNTech concernant le vaccin ARN anti-COVID, GSK s’attaque désormais à Moderna. La multinationale britannique accuse la société de biotechnologie basée dans le Massachusetts d’avoir violé plusieurs de ses brevets dans la conception de ses vaccins à ARNm contre la COVID-19 et le virus respiratoire syncytial (VRS). Derrière ces règlements de compte, c’est le partage du marché juteux de la vaccinothérapie qui est en jeu.

L’industrie du vaccin a atteint plus de 72 milliards en 2021 et a dépassé les 100 milliards en 2022. Grâce au pactole COVID, les litiges concernant les brevets entre les géants de fabrication de vaccin sont de plus en plus courants. GSK attaque Moderna en justice pour violation de plusieurs brevets liés à la technologie d’ARNm que la société de biotechnologie basée dans le Massachusetts a utilisé pour formuler son vaccin contre le Covid-19 et contre le virus respiratoire syncytial (VRS) approuvé récemment. GSK espère obtenir une « redevance raisonnable » liée aux ventes des produits et des dommages et intérêts. A noter que, Pfizer a été aussi poursuivi par Moderna pour des questions liées au brevet sur l’ARNm.

Une plainte centrée sur la technologie lipidique des vaccins à ARNm

Mardi dernier, GSK a déposé deux plaintes devant le tribunal fédéral du Delaware, affirmant que Moderna utilisait des technologies de formulation lipidique brevetées par GSK sans autorisation. Ces technologies sont essentielles à la stabilité des vaccins à ARNm, notamment pour des produits phares comme Spikevax, le vaccin COVID-19 de Moderna, et mRESVIA, son vaccin récemment approuvé contre le VRS.

Selon l’avocat de GlaxoSmithKline, Moderna a utilisé des nanoparticules lipidiques lors de la fabrication de ces deux injections.  Elles permettent de délivrer l’ARNm qui « peut se dégrader rapidement » et « doit être protégé dès le moment de la préparation jusqu’à la formulation, le stockage, la manipulation, l’administration et même à l’intérieur du corps après l’administration ».

Selon ses avocats, GSK a fait acquisition des travaux fondamentaux sur cette approche en 2015 suite à l’achat d’une grande partie de l’activité vaccins de Novartis et les a publiés. Selon son équipe juridique, Moderna a commencé les recherches sur l’encapsulation et l’administration des lipides pour les vaccins à ARNm bien après la publication de ces travaux.

GSK accuse la société américaine d’avoir volé le savoir-faire technique lié l’utilisation de la plateforme de vaccins à ARNm en « embauchant plusieurs anciens employés de Novartis et de GSK ». Le porte-parole de l’entreprise britannique a affirmé le dépôt des poursuites judiciaires. Il a aussi déclaré que GSK est prêt à « prendre les mesures appropriées si nécessaire » pour protéger son droit sur la propriété intellectuelle.

Des antécédents similaires avec Pfizer et BioNTech

L’équipe juridique de GSK cherche à obtenir une compensation financière substantielle, réclamant des « redevances raisonnables » ainsi que « tous les dommages adéquats » en réponse à ce qu’elle qualifie d’infractions aux brevets. GSK a également exprimé sa volonté de concéder des licences pour ses brevets, mais uniquement à des conditions qu’elle juge commercialement raisonnables, tout en s’engageant à protéger son portefeuille de propriété intellectuelle. Autrement dit, la société veut obtenir « une redevance raisonnable » sur les ventes des deux vaccins de Moderna.

Un porte-parole de GSK a confirmé ces poursuites, réaffirmant que la société était prête à prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre ses intérêts technologiques. Moderna, de son côté, a reconnu l’existence du litige et a déclaré qu’elle entendait se défendre vigoureusement.

Selon les estimations, le vaccin contre le VRS pourrait rapporter plus de 10 milliards de dollars aux fabricants. Mais ce chiffre risque de diminuer suite à la décision des conseillers en vaccination du CDC de réduire les recommandations sur la vaccination contre le VRS. Concernant les vaccins contre le Covid-19 à ARNm, les ventes ont connu une baisse importante. En 2023, Moderna a obtenu un revenu de 6,7 milliards de dollars grâce à son vaccin Spikevax et Pfizer a encaissé 11,2 milliards de dollars pour son vaccin Cominarty.

Notons que GSK a porté les mêmes allégations lors de la poursuite lancée contre Pfizer en avril. À cette époque, Pfizer avait exprimé sa confiance dans sa défense juridique, déclarant qu’elle réfuterait vigoureusement les accusations.

Outre ces différends liés à la COVID-19, GSK avait aussi déposé une plainte contre Pfizer en août dernier, cette fois sur des vaccins contre le VRS, notamment Arexvy et Abrysvo, qu’elle estime avoir été développés en utilisant des technologies brevetées par ses soins.

Alors que les effets secondaires de technologie à ARNm sont « étouffés » par l’industrie pharmaceutique. Tout est pourtant fait comme si ces injections ARN Covid étaient un succès.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Tocqueville avait tout prévu : bienvenue dans l'ère de l'avachissement

Tocqueville avait tout prévu : bienvenue dans l'ère de l'avachissement

Relire Alexis de Tocqueville en cette fin d'année 2025, alors que la France s'enfonce dans l'hiver fiscal et le marasme technocratique, n'est pas un exercice intellectuel. C'est un constat d'autopsie. Ce que l'aristocrate normand décrivait avec effroi en 1840 dans la seconde partie de De la démocratie en Amérique, ce n'était pas le totalitarisme brutal du XXe siècle, celui des goulags et des bruits de bottes. Non, Tocqueville avait vu plus loin. Il avait vu le « Great Reset » avant la lettre. Il


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Le Nudge ou la fin programmée du libre arbitre : pourquoi il est urgent de lire Rizzo et Whitman

Le Nudge ou la fin programmée du libre arbitre : pourquoi il est urgent de lire Rizzo et Whitman

Nous vivons une transformation silencieuse de l’État. Loin des fracas des révolutions, une nouvelle ingénierie sociale s’est installée au cœur des démocraties occidentales, remplaçant la loi qui interdit par la norme qui suggère. C’est l’ère du Nudge, cette « douceur » technocratique qui entend nous gouverner pour notre bien, sans même que nous nous en apercevions. Pour comprendre cette dérive et surtout pour s'armer intellectuellement contre elle, la lecture de Mario Rizzo et Glen Whitman est d


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Réponse aux lecteurs : pourquoi compter les morts russes est-il si difficile et si sensible? par Thibault de Varenne

Réponse aux lecteurs : pourquoi compter les morts russes est-il si difficile et si sensible? par Thibault de Varenne

La récente chronique de Thibault de Varenne sur l'état du front a suscité, chez nombre d'entre vous, une émotion légitime et des réactions critiques. En évoquant des pertes russes dépassant le million d'hommes, il semble avoir heurté la sensibilité de certains lecteurs qui y voient, non sans raison apparente, le reflet d'une propagande occidentale triomphaliste, déconnectée de la résilience affichée par l'armée de Moscou. Je lui ai donc demandé de vous répondre en précisant sa méthode d'évaluati


Rédaction

Rédaction

Le grand match fiscal 2025 : quel pays "vivable" spolie le moins, par Vincent Clairmont

Le grand match fiscal 2025 : quel pays "vivable" spolie le moins, par Vincent Clairmont

C’est la question qui fâche, celle que l’on pose à voix basse dans les dîners en ville ou lors des réunions de famille d’après-fêtes : « Au fond, pour le même travail, que me resterait-il si j'avais franchi la frontière? ». En cette année 2025, marquée par une tectonique des plaques fiscales sans précédent, la réponse n’a jamais été aussi tranchée. La France cherche des liquidités pour combler ses déficits. La Roumanie rentre dans le rang sous la pression de Bruxelles. Dubaï se sophistique en i


Rédaction

Rédaction