Inde-Pakistan : vers une escalade aux conséquences incalculables ?

La tension ne cesse de monter entre l’Inde et le Pakistan, après un attentat sanglant survenu le 22 avril dans la région touristique de Pahalgam, au Cachemire indien, qui a coûté la vie à 26 personnes – 25 ressortissants indiens et un Népalais. Depuis, les accrochages à la frontière se multiplient, alimentant la crainte d’un nouvel embrasement entre ces deux puissances nucléaires rivales de l’Asie du Sud. Des soldats indiens et pakistanais ont échangé des coups de feu au Cachemire pour la cinquième nuit consécutive, a déclaré ce mardi l’armée indienne. L’armée indienne affirme avoir riposté à des tirs venus du côté pakistanais, précisant qu’aucun blessé n’a été recensé. Islamabad, de son côté, a choisi de ne pas commenter ces incidents.

L’armée indienne a rapporté de nouveaux échanges de tirs dans la région disputée du Cachemire ce lundi 28 avril, marquant ainsi une quatrième nuit consécutive de violences. Ces incidents interviennent après une attaque terroriste ciblant des touristes dans le Cachemire sous contrôle indien, ravivant les tensions entre New Delhi et Islamabad.Selon les autorités indiennes, l’attaque de Pahalgam aurait été perpétrée par des membres du Front de résistance, affilié au groupe islamiste Lashkar-e-Taiba, basé au Pakistan. D’après les témoignages recueillis, les assaillants, surgis d’une forêt, auraient délibérément ciblé les Hindous. Cette attaque a ravivé de profondes blessures et renforcé la rhétorique anti-pakistanaise à New Delhi. La police du Cachemire a lancé une vaste opération de recherche pour retrouver trois suspects identifiés, dont deux seraient d’origine pakistanaise. Plus de 500 personnes ont été interpellées et un millier de maisons perquisitionnées, dans un climat sécuritaire extrêmement tendu.
« Attaque imminente » et sanctions en cascade
Après cette attaque , l’Inde a suspendu le traité de l’Indus de 1960, clé du partage des eaux entre les deux nations, et fermé son unique point de passage terrestre avec le Pakistan. Les visas pakistanais ont été annulés et les attachés militaires expulsés, marquant un gel quasi total des relations diplomatiques.
De son côté, Le Pakistan a fermé son espace aérien aux compagnies indiennes et dénonce désormais une « guerre de l’eau », accusant l’Inde d’instrumentaliser la ressource hydrique à des fins politiques.
Sur Reuters, le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Muhammad Asif, a déclaré qu’une incursion militaire de l’Inde était « imminente », et de préciser que le Pakistan a placé ses forces armées en état d’alerte maximale. Il a toutefois indiqué que l’arsenal nucléaire du pays ne serait utilisé qu’en cas de « menace directe pour son existence ».
Vers une escalade aux conséquences incalculables?
Alors que la Chine appelle à la retenue, l’inquiétude grandit face à une dynamique d’escalade difficile à maîtriser. Dans un contexte régional fragilisé par l’instabilité afghane – Islamabad ayant annoncé avoir tué 71 combattants islamistes près de sa frontière –, le moindre dérapage entre l’Inde et le Pakistan pourrait avoir des conséquences dramatiques, bien au-delà du Cachemire.

Région la plus militarisée du monde, le Cachemire est un point de friction permanent. La répression en cours, la frustration populaire, les accusations mutuelles de soutien au terrorisme : autant d’éléments explosifs…la moindre provocation pourrait provoquer une réponse militaire disproportionnée, chaque camp voulant éviter d’apparaître faible.
Pour autant, le Pakistan est aux prises avec une grave crise économique, avec une inflation galopante qui frappe fortement le pays. Il est confronté à des défis de sécurité à cause des groupes extrémistes opérant à l’ouest du Baloutchistan et au nord-ouest des provinces de Khyber Pakhtunkhwa.Sur le front politique, l’un des hommes politiques les plus populaires du pays, l’ancien Premier ministre Imran Khan reste en prison, mais avec des partisans en connivence avec l’establishment militaire. Un conflit prolongé avec l’Inde au sujet du Cachemire risque de déstabiliser davantage le pays.
Néanmoins, la communauté internationale observe avec inquiétude cette nouvelle escalade entre ces deux puissances dotées de l’arme nucléaire L’absence de dialogue et la montée des tensions risquent d’aggraver une situation déjà explosive, l’urgence d’une médiation internationale est plus qu’indispensable pour éviter un embrasement généralisé.
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