????Dépendance : où l’on reparle de matraquer fiscalement et socialement les retraités

????Dépendance : où l’on reparle de matraquer fiscalement et socialement les retraités


Partager cet article

Sans surprise, même si le gouvernement l’a nié jusqu’ici, la mise en place de la branche dépendance de la sécurité sociale se traduira par la levée de nouveaux impôts dont on connaît déjà les contours : hausse de la CSG pour les retraités et hausse de la fiscalité sur les successions. Entre autres… L’issue est déjà connue : il ne reste plus qu’à savoir comment le gouvernement va habiller ces mesures pour ne pas contredire frontalement la promesse présidentielle de ne pas augmenter les impôts.

Mais pourquoi ne sommes-nous pas surpris d’apprendre que le rapport Vachey (l’inspecteur général des Finances missionné pour « préfigurer » la toute nouvelle branche dépendance) propose de nouveaux impôts pour financer cette invention baroque dont Olivier Véran est très fier ? Le rapport, encore tenu confidentiel mais que la presse a pu consulter, lance des pistes qui promettent d’être explosives dans l’opinion.

La dépendance, une affaire à 4 milliards €

Officiellement, et à la louche, la dépendance coûtera chaque année 4 milliards € environ à l’assujetti social. Ce n’est pas rien ! et dès 2021, les chiffres qui circulent indiquent que le gouvernement serait à la recherche d’un milliard. Certes, comparée aux 100 milliards du plan de relance, cette somme est minime. Dans la pratique, il faut quand même la trouver. Et c’est tout sauf simple.

Si plusieurs mesures indolores (en apparence) pour les Français sont envisagées, comme une spoliation d’Action Logement (l’ex 1% patronal) ou un jeu de dupes avec le Fonds de Réserve des retraites, durablement on sait qu’on n’y coupera pas : il faudra allonger la sauce. Et les retraités seront les premiers dans le viseur, avec (on commence à entendre la petite musique) un niveau de vie très supérieur aux actifs.

Inutile de tourner autour du pot : les retraités paieront la dépendance. Si ce n’est pas avant les élections présidentielles, ce sera après. Voilà cette manie bien française de créer des machins au nom du bien, puis d’annoncer qu’ils ne fonctionnent qu’avec des impôts nouveaux.

L'inspecteur général des Finances Laurent Vachey a remis ce mardi au gouvernement son rapport, avec une longue liste de pistes de financement, dont certaines pourraient se retrouver dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021. La mission a travaillé sans tabous, envisageant même une hausse des prélèvements obligatoires. Notamment sur les retraités, dont le niveau de vie va s'élever à 110 % de celui des actifs cette année, du fait du maintien des pensions alors que la masse salariale chute.   

Les échos

Vers une hausse de la CSG pour les retraités

Parmi les pistes du rapport Vachey, naturellement, on retrouve l’alignement de la CSG des retraités sur celle des actifs. Ce relèvement du taux de 8,3% à 9,2% devrait rapporter 800 millions €. C’est déjà ça de pris.

L’inconvénient de cette mesure, pour Emmanuel Macron, est quand même qu’elle coûte très cher politiquement. On se souvient que, adoptée en début de mandat, elle avait nourri un ressentiment très puissant contre le pouvoir et braqué contre le Président une forte proportion des retraités.

Ces raisons expliquent que, en termes d’opportunité, Emmanuel Macron préférera sans doute réserver cette couleuvre à l’après 2022. Mais, sait-on jamais ! ce jeune président a plusieurs démontré qu’il était capable de commettre d’absurdes et destructrices erreurs d’appréciation.

Relever la fiscalité des successions

Une autre piste, répétée souvent dans nos colonnes, pourrait en revanche faire florès plus rapidement, compte tenu du relatif consensus politicien qu’elle suscite. Il s’agit du relèvement des droits de succession et leur alignement global à un taux unique. Ce dispositif pourrait notamment concerner l’assurance-vie, qui verrait sa fiscalité alignée sur celle des successions de droit commun.

Sur tous ces points, les propositions sont tellement récurrentes qu’il est très probables qu’elles prospèrent dès la loi de financement pour 2021, comme nous l’avons annoncé régulièrement.

Grands classiques du genre, la taxation des successions et la chasse aux niches sociales, notamment en élargissant l'assiette de la CSA sur celle de la CSG, sont également sur la table.   

Les échos

Les autres ponctions sur les retraités

Mais les dégâts pour les retraités ne s’arrêteraient pas là. Plusieurs autres mesures douloureuses pourraient intervenir, ciblées sur les seuls retraités les plus aisés. Il s’agirait en particulier de réduire le plafond de l’abattement de 10 % de l’impôt sur le revenu des retraités, pour récupérer 1,5 milliard d’euros, ou bien d’augmenter la part de CSG non-déductible dans les pensions, 800 millions d’euros prélevés uniquement sur les plus aisés.

Dans tous les cas, ces mesures cibleraient les retraités disposant des ressources mensuelles les plus élevées. Il n’est pas sûr qu’Emmanuel Macron soit là encore très à l’aise avec l’idée de frapper au portefeuille un électorat qui pourrait assurer sa victoire. Mais rien n’exclut que, au moins partiellement, certaines de ces mesures ne soient adoptées.

D’autres dégâts collatéraux

En dehors de ces mesures très ciblées sur les retraités, d’autres segments de l’économie pourraient être mis à contribution dès 2021 (ces mesures plus faciles à faire passer politiquement pourraient d’ailleurs servir d’appoint dès 2021 pour financer la nouvelle branche).

On pense particulièrement au prélèvement d’un milliard sur Action Logement, qui est annoncé de longue date et qui n’a plus guère de raison de ne pas intervenir. Le secteur du bâtiment vient, au passage, de bénéficier de nombreuses mesures dans le cadre du plan de relance. On ajoutera qu’Action Logement est plutôt une forteresse juppéiste à qui Macron n’a guère de raison de faire des cadeaux.

En outre, il est aussi fortement question de mobiliser une part du Fonds de Réserve des Retraites pour abonder le financement de la dépendance. Sans oublier la création d’un nouveau jour « dépendance » dans les entreprises.

Notre pronostic est que, pour 2021, le gouvernement privilégiera les mesures « invisibles » et reportera autant qu’il le pourra les arbitrages désagréables à l’après 2022.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

Louvre : les intouchables de la République, par Veerle Daens

Louvre : les intouchables de la République, par Veerle Daens

Le vol des joyaux de la Couronne n'est pas le vrai scandale. Le vrai scandale, c'est que personne n'a payé. En sept minutes, une poignée de criminels a exposé la faillite d'une institution d'État, le Louvre, mais surtout la faillite morale d'un système : la république des copains-coquins, où la responsabilité est un concept réservé au bas peuple. Au cœur de cette débâcle se trouve Laurence des Cars, présidente-directrice du musée. Son maintien en poste est une masterclass sur le privilège d


CDS

CDS

Croissance: quand l’État s’efface, l'économie s'envole
Photo by Headway / Unsplash

Croissance: quand l’État s’efface, l'économie s'envole

Le vent tourne pour l'économie française. L’INSEE annonce une croissance de 0,5 % au troisième trimestre 2025, supérieure aux 0,3 % attendus. Ce rebond n’est pourtant pas dû à une politique publique visionnaire, mais bien au dynamisme spontané des acteurs privés, notamment à l’exportation. La croissance française surprend au troisième trimestre 2025 (+0,5%), dépassant les attentes. Portée par des exportations et une production dynamiques, cette accélération confirme notre thèse : "moins il y a


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Vaccins COVID : vague de procès en Europe, les Pays-Bas en première ligne
Photo by Mathurin NAPOLY / matnapo / Unsplash

Vaccins COVID : vague de procès en Europe, les Pays-Bas en première ligne

Dans un contexte où la pandémie de COVID-19 continue de susciter des débats passionnés sur la sécurité des vaccins ARNm, une affaire judiciaire aux Pays-Bas fait couler beaucoup d'encre. Depuis juillet 2023, sept citoyens néerlandais, se présentant comme victimes de dommages graves (physiques et mentaux) suite à leur vaccination, ont intenté une action civile devant le tribunal de district de Leeuwarden contre 17 entités et personnalités influentes. Parmi les accusés : Bill GATES (via sa fondat


Isabelle Hock

Isabelle Hock

Citoyens ! le train de la censure macroniste entre en gare !

Citoyens ! le train de la censure macroniste entre en gare !

La macronie ne rate jamais une occasion de se draper dans les grands principes pour mieux les piétiner. La dernière trouvaille sortie du chapeau de la technostructure, en marge du Forum de Paris sur la Paix ce 29 octobre 2025, s'intitule pompeusement : "Déclaration de Paris sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information". Un titre qui fleure bon la démocratie, le pluralisme et la lutte contre les méchants désinformateurs. Pourtant, quiconque connaît le principe élémentaire de


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe