????Comment la caste europhile rassemble les ingrédients d’une crise de l’euro

????Comment la caste europhile rassemble les ingrédients d’une crise de l’euro


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Une crise de l’euro surviendra-t-elle à cause de l’inconséquence française, et tout spécialement à cause de l’inconséquence de la caste europhile qui nous dirige ? Il est trop tôt pour le dire, mais une chose est sûre : la caste rassemble consciencieusement tous les ingrédients pour que cette crise arrive rapidement. Tout cela au nom de son amour de l’euro et du front républicain anti-souverainiste, bien entendu. Voici comment.

Une crise de l’euro dans les douze mois à venir ? Ce n’est pas sûr, mais c’est plausible. En tout cas, la caste europhile, qui ne tarit pas d’éloge sur l’Europe comme meilleur rempart à l’obscurantisme souverainiste, en réunit patiemment les ingrédients. Le débat sur les retraites en constitue le principal.

L’épargnant allemand ne financera pas éternellement les déficits français

Comme Édouard Husson l’a heureusement souligné, les conservateurs allemands, qui sont le parti de l’épargne tudesque, ont clairement fait savoir que l’ère merkelienne de l’indulgence vis-à-vis de la France aurait une fin. Selon toute vraisemblance, après les élections allemandes de septembre, le ton va se durcir en Prusse contre le laxisme budgétaire dont Emmanuel Macron, faussement présenté en France comme libéral, a royalement fait preuve, aggravant un héritage déjà douloureux laissé par ses prédécesseurs.

La pression européenne devrait donc s’accroître à partir de septembre pour que la France réduise ses déficits abyssaux. Rappelons que le déficit 2021 ne devrait pas être inférieur au déficit 2020, alors même que la « reprise » est là, comme nous le répète Bruno Le Maire, avec sa grande maîtrise des questions économiques.

La France continue à ne pas se réformer

Quoiqu’en disent les représentants de la caste au pouvoir, qui baignent dans un univers de bisounours, où les réformes ne sont pas indispensables, où notre inefficace fonction publique est une pauvre petite chose qui a besoin de toujours plus de moyens, où l’Europe est une grande famille dont tous les membres s’aiment et s’embrassent sur la bouche, la France est dans l’état piteux où leur suffisante incompétence l’a mise.

Il est ainsi vrai que la France est le pays d’Europe où l’on part le plus tôt à la retraite (ne touchons pas aux Zacquis sociaux !), où l’on dépense le plus pour les retraités, par voie de conséquence, et où l’indemnisation du chômage est l’une des plus généreuses. C’est aussi le pays où les dépenses publiques sont les plus élevées, pour une qualité de service extrêmement contestable, en tout cas pas à la hauteur du prix qu’il coûte.

Bref, le spectacle que la France offre à ses partenaires européens les mieux gérés est celui d’une puissance déclinante, et même malade, qui dilapide sans vergogne un héritage patiemment amassé pendant des siècles.

Les européistes du Conseil d’Etat torpillent Macron

Dans ce contexte où il faudrait tailler dans le vif et dans le dur des dépenses publiques pour rétablir la situation, Bercy avait trouvé un échappatoire tout désigné : les chômeurs. Malheureusement pour Macron et Le Maire, le Conseil d’Etat, pourtant peuplé d’amateurs d’Europe, a torpillé l’idée en suspendant la réforme qui devait contenter Bruxelles pendant plusieurs mois.

C’est l’injonction paradoxale de la caste europhile : elle a foi dans l’Europe, mais elle pratique peu sa religion. Elle préfère se rouler dans son idéologie pseudo-keynésienne et égalitariste apprise sur les bancs de Sciences-Po.

La caste europhile pense saigner les retraités…

En lot de consolation pour l’Europe après le torpillage de la réforme de l’assurance-chômage, Emmanuel Macron songe à proposer une réforme rapide des retraites, qui se limiterait à un report de l’âge de départ. C’est effectivement la seule mesure qui permette de diminuer rapidement les dépenses et les déficits abyssaux du régime général.

Il serait même question d’intégrer à cette réforme une suppression des régimes spéciaux, promise (et adoptée) depuis février 2020, mais jamais promulguée. Pour sûr, cette réforme serait un gage significatif donné à nos voisins sur notre retour au principe de réalité.

… mais la caste europhile a peur de son ombre

Mais les hésitations sur ce passage à l’acte (qu’on sait inévitable) ne viennent pas des souverainistes, mais de la caste europhile elle-même.

On a ainsi entendu le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, freiner des quatre fers pour reporter cette réforme à plus tard :

La décision finale appartient au président de la République, mais on se demande si la reprise est assez solide pour supporter des mouvements sociaux.

Inutile de préciser que les syndicats de salariés sont déjà vent debout contre l’idée de cette réforme. Ces mêmes syndicats n’ont de cesse de dénoncer le souverainisme populiste du Rassemblement National.

Bref, tous les amateurs d’Europe devraient assez facilement tomber d’accord sur le fait que la France pourrait remettre à 2022 ce qu’elle pourrait faire dès 2021 pour respecter les règles européennes.

Les cheminots ont déjà aiguisé les couteaux

Ces hésitations devraient être confirmées par le tumulte et les murmures dans les rangs des cheminots. La CGT de la SNCF appelle en effet à plusieurs mouvements de grève, alors même que l’entreprise est fragilisée, pour protester contre l’ouverture du rail à la concurrence, autre disposition prévue par le droit européen. Mais, en toile de fond de ce mouvement, se dessine la crainte d’une disparition du régime spécial de retraites de la SNCF, sous l’égide de la réforme de cet été.

Les ingrédients d’une crise de l’euro sont là

Tous ces grands défenseurs de l’Europe, très heureux de profiter des bienfaits de l’épargne allemande sans faire d’efforts, réunissent donc patiemment les ingrédients d’une crise de l’euro. En effet, l’incapacité des pouvoirs publics à réduire les déficits, qui pourrait se joindre à une accélération de l’inflation, risque fort de nourrir les spéculations sur la valeur réelle de notre monnaie. La France sera-t-elle capable de rembourser ses dettes ? La BCE a-t-elle pris trop de risques en souscrivant aux emprunts français pendant le COVID ?

La tension va monter, les spéculations vont aller bon train. Et nous connaissons déjà la position de l’Allemagne sur le sujet.

Pour les épargnants, cette situation risque d’être un moment douloureux qu’il faut préparer dès maintenant.


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