Rioufol : « Sur les questions identitaires, il n’y a pas de différence de fond entre LR et le RN »

Rioufol : « Sur les questions identitaires, il n’y a pas de différence de fond entre LR et le RN »


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Ivan Rioufol publie, aux éditions Pierre Guillaume de Roux, Les Traîtres, un essai consacré à la trahison des élites vis-à-vis de l'idée nationale et populaire. Il a bien voulu nous présenter cet ouvrage à l'occasion d'une interview exclusive... et décapante.

Ivan Rioufol m’a reçu dans les locaux du Figaro pour cette interview consacrée à son dernier ouvrage, Les Traîtres, et… ce faisant… consacrée à la question identitaire dans le débat politique aujourd’hui.

Rioufol et le libéralisme conservateur

L’ouvrage de Rioufol illustre de façon intéressante ce qu’est aujourd’hui le positionnement libéral conservateur en France. L’éditorialiste commente avec franchise la situation de ce courant en France aujourd’hui, qui se trouve grandement à la peine. Alors qu’un Trump, qu’un Orban, qu’un Johnson, sont parvenus à définir des voies « nationales » (pour reprendre un vocabulaire marxiste-léniniste) pour ce libéralisme conservateur, la droite française reste profondément divisée entre les Républicains et le Rassemblement National.

La question identitaire et la reconstruction de la droite

Utilement, Rioufol pointe du doigt la division actuelle des droites, qui constitue le grand empêchement à l’émergence d’un courant libéral conservateur. Le vote des motions de censure l’a illustré : à de nombreux égards, le Rassemblement National se sent plus proche de l’extrême gauche que des Républicains.

Dans ces circonstances, en partie due à la théorie du « cordon sanitaire » développée et déployée par Jacques Chirac en son temps, la recomposition fluide et ambitieuse de la droite autour d’un courant libéral et conservateur est rendue beaucoup plus compliquée. Le Rassemblement National demeure un épouvantail et un lieu de perdition pour les élites parisiennes, et une cause de bannissement définitif pour l’establishment.

Parallèlement, les Républicains peinent à sortir de leurs vieux ancrages et de leurs réflexes idéologiquement peu lisibles. Là encore, le positionnement sur les retraites a probablement perturbé plus d’un militant républicain adversaire d’Emmanuel Macron.

Populisme et souverainisme, les portes d’entrée pour le libéralisme conservateur

Dans ce diagnostic en ombre chinoise, Rioufol pose deux conditions essentielles pour bâtir un libéralisme conservateur français.

La première passe par une « cohabitation » avec les principes initiaux des Gilets Jaunes. Honnis par les élites parisiennes, ces Gaulois réfractaires constituent une forme de réaction vitale du peuple face à la déshérence de l’idée nationale. Tout conservatisme libéral, tout libéralisme conservateur, et c’est un point urticant pour certains, passerait donc par une réhabilitation, voire une agrégation de ce mouvement tel qu’il se présentait à ses premières heures.

La seconde condition, qui est présentée de façon quasi-subliminale, passe par la réintroduction de quelques grands principes libéraux. Rioufol parle de retraite par capitalisation, qui pourrait compléter la retraite par répartition. L’idée est peu audible quoiqu’elle n’ait rien de très audacieux (et soit d’ailleurs mise en pratique aujourd’hui).

Certains diront qu’elle correspond aux grands équilibres historiques de la société française.

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