Renault: Bruno Le Maire joue aux petits chefs


Partager cet article

Renault a probablement raté le coche d’une alliance avec Fiat, après que le gouvernement français a tergiversé dans l’examen de l’offre. Cette intervention du politique dans l’industriel et l’économique n’a pas été du goût de Jean-Dominique Sénard, président de Renault depuis le départ forcé de Carlos Ghosn. Celui-ci a protesté vigoureusement contre cet échec. Bruno Le Maire a souhaité rappeler qu’il était le chef, et qu’il fallait lui obéir. Une fois de plus, les élites françaises sont à côté de la plaque.

On se souvient que Renault a raté le coche d’un rapprochement avec Fiat, qui était, selon nous, lié à une absorption de Generali par Axa. Le gouvernement français a en effet souhaité bénéficier d’un délai dans l’examen de l’offre, officiellement pour s’assurer de la position de Nissan dans ce dossier. Cet attentisme a conduit Fiat à retirer son offre.

Jean-Dominique Sénard, ancien directeur général de Michelin, pressenti par Emmanuel Macron pour devenir président du MEDEF, puis nommé président de Renault à la faveur du départ de Carlos Ghosn, n’a guère apprécié le geste. Il semble avoir découvert à cette occasion toute la difficulté qu’il y a à piloter une entreprise dont l’Etat est actionnaire, même minoritaire.

Devant son conseil d’administration chargé d’entériner son mandat, Sénard s’est en effet livré à une sortie contre l’intervention intempestive de Bruno Le Maire dans ses affaires. Il a ensuite demandé une entrevue à Emmanuel Macron qui la lui a refusée. C’est ainsi, la France: l’avenir de l’industrie automobile se décide directement à l’Elysée.

Finalement, Sénard et Le Maire ont décidé de faire la paix, après une démonstration d’autorité du ministre.

“Tant que l’État est actionnaire de référence de Renault, il jouera son rôle entièrement”, a répondu Bruno Le Maire sur France Info. “Ne comptez pas sur moi pour regarder les trains passer.”

Que cela soit dit: c’est lui le chef! On est rassuré sur l’avenir de Renault.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

Liberté d’expression en péril: le duo États-GAFAM fabrique l'autocensure
Photo by Valery Tenevoy / Unsplash

Liberté d’expression en péril: le duo États-GAFAM fabrique l'autocensure

Le dernier rapport de l’UNESCO révèle un recul historique de la liberté d’expression dans le monde. Entre autocensure, menaces physiques et numériques, les journalistes paient un lourd tribut. La liberté d’expression traverse une crise inquiétante. Selon le rapport de l’UNESCO publié ce 15 décembre 2025, elle a reculé de 10 % depuis 2012, atteignant son niveau le plus bas depuis des décennies. Cette érosion est directement liée à la montée des violences contre les journalistes et à l’autocensur


Rédaction

Rédaction

Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Santé et niveau de vie: comment l'État-providence a creusé le fossé des inégalités

Malgré un État-providence omniprésent et un budget social colossal, l'écart de l'espérance de vie entre riches et pauvres se creuse. Selon l’étude publiée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), lundi 15 décembre, les plus modestes vivent moins longtemps, et l’écart se creuse. Un constat brutal qui interroge l’efficacité réelle des politiques sociales et sanitaires. La promesse centrale de l’État social français est connue : réduire les inégalités par la red


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Le Premier Ministre belge, Bart de Wever, a déclaré lors d'une conférence universitaire, que non seulement la Russie ne perdrait pas la guerre, mais qu'il n'était pas souhaitable qu'elle la perde. Une vraie provocation vis-à-vis de l'OTAN. Sarcasme. Réalité. Et pas un seul kopeck de subvention. Ah, Bruxelles! Ses gaufres, son Manneken Pis, et ses bureaucrates non élus qui jouent au Monopoly avec votre compte en banque. C'est la saison des fêtes, et comme cadeau, la Commission Européenne a déci


CDS

CDS

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

Ce 16 décembre 2025 restera sans doute gravé dans les annales de l'histoire européenne non pas comme le jour où l'Union a sauvé l'Ukraine, mais comme le moment précis où elle a décidé de sacrifier ce qui lui restait de principes fondateurs — la liberté d'expression, la sécurité juridique, et la souveraineté nationale — sur l'autel d'une guerre qu'elle ne peut plus gagner, mais qu'elle s'interdit de perdre. La machine bruxelloise, cette formidable créatrice de normes devenue une machine à broyer


Rédaction

Rédaction