Lynchage médiatique, trahison, accusé de harcèlement sexuel et moral,traîné dans la boue, accablé par une mission d’audit, Noël Le Graët l’ancien patron de la Fédération Française de Football a dû démissionner de la présidence de la FFF sous la pression de l’ancienne Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra il y a tout juste 18 mois. Le 17 octobre dernier, la plainte pour harcèlement moral et sexuel a été classée sans suite. Qui en a parlé?

Dans cette affaire, comme dans beaucoup d’autres, le mal est fait, aucunes excuses publiques, on salit sans jamais réparer.
Pourtant Noël Le Graët a redressé comme personne le football français après le cataclysme de la grève des joueurs de l’équipe de France lors de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.
Un parcours qui ne le laisse pas indifférent.
Noël Le Greät, 82 ans est Breton pur beurre, né à Guingamp, issu d’une famille modeste, il est un temps instituteur avant de devenir fonctionnaire des impôts. Puis fonde sa propre société d’agroalimentaire. Après trente années à la tête de l’entreprise, il en confie la direction à ses trois filles.
Le Greät a de multiples casquettes ; maire de Guingamp de 1995 à 2008, il est surtout une figure majeure du football français. Président du club de l’avant Guingamp de 1972 à 1991 puis de 2002 à 2011. En parallèle, il est nommé président de la Ligue nationale du football entre 1991 et 2000, puis élu président de la FFF en 2011.
Très impliqué dans la lutte contre la corruption dans le monde du football français, il est nommé représentant de l’UEFA au sein du conseil de la FIFA en mai 2019.
Le sauveur.

En prenant la tête de la FFF après le scandale Knysna, LeGreät a une mission, remettre la fédération sur de nouveaux rails. Ça débute avec un changement de sélectionneur.
Laurent Blanc laisse sa place de sectionneur à Didier Deschamps. L’actuel sélectionneur des bleus arrive après trois années excellentes et compliquées à l’OM. Le président de la FFF installe l’ancien capitaine de l’équipe de France pour construire un groupe au niveau et capable de gagner des titres.
L’ère Deschamps est ouverte vers les succès.
- Vainqueur de la coupe du monde 2018 en Russie
- Finaliste de la coupe du monde 2022 au Qatar
- Finaliste du championnat d’Europe 2016 en France
- Vainqueur de la ligue des nations 2021 en Italie
Des partenaires de retour.
Nike a succédé à Adidas, à la clé, un contrat record de 42,6 millions d’euros sur la période 2011-2018. Lors d’une nouvelle négociation. Avec la marque à la virgule, Le Great obtient une rallonge de la marque américaine. En effet les très bons résultats des bleus aident la FFF à être plus exigeante avec son plus grand partenaire.
La nouvelle période de 2018-2026 permet à la FFF d’encaisser 50 millions d’euros par an. Soit une somme inédite pour le football français. Sur un budget de plus de 270 millions d’euros, c’est une manne inespérée.
Le succès attire d’autres partenaires, KFC, Orange, Volkswagen. La marque allemande devient un acteur incontournable, notamment pour le développement de minibus pour le football amateur.
Le développement du football féminin.
Chez les filles sous l’impulsion de Jean-Michel Aulas (ancien président de l’OL) le football féminin se structure bien au-delà du niveau international. Le boss de l’OL qui a porté son club féminin au sommet avec 8 ligues des champions, mais aussi vice-président actuel de la FFF dispose des coudées franches pour développer le foot féminin.
La France organise la coupe du monde 2019, déception avec une élimination en quart de finale. Les bleues sont incapablesensuite de décrocher un titre majeur.
Au contraire le football féminin régresse malgré la création de la nouvelle ligue professionnelle dirigée par l’omni présent Jean-Michel Aulas.
Aides au football amateur.
Sous ses mandats, Noel Le Great met en place plusieurs plans pour venir en aide au football amateur. D’abord le FFA (fond d’aide pour le football amateur) propose des aides pour les infrastructures des clubs, les transports, sur les projets à forte valeur sociale, écologique et responsable. A cela s’ajoute des aides aux terrains synthétiques.
Le PEF (plan éducatif fédéral) lui vise à structurer les clubs à travers des labels selon des critères par paliers.
Par ailleurs, la formation des éducateurs a progressé avec un politique de diplômes fédéraux réformés.
Les dérapages.
Le problème, c’est en partie la gestion financière et humaine qui pose question. Entre des salaires mirobolants, à commencer par la directrice générale Florence Hardouin, dont les émoluments sont estimés à 30 000 euros par mois. Florence Hardouin fera partie des personnes qui planterons un couteau dans le dos de son bienfaiteur.
Au même moment un plan social est en cours : PSE (plan de sauvegarde de l’emploi). 22 postes pas forcément justifiés sont supprimés. A la surprise générale le Conseil d’État valide le PSE de la FFF.
Dans un climat de tension inédit, les différentes déclarations de Noël Le Greät font débats.
Le président de la FFF se laisse aller sur les antennes de RMC, en assurant qu’il n’aurait « même pas pris au téléphone » Zinedine Zidane si ce dernier avait eu l’idée de chercher à remplacer Didier Deschamps au poste de sélectionneur de l’équipe de France. Scandale immédiat- on ne touche pas à l’idole de la victoire en coupe du monde 1998.
Tout se resserre autour de lui, les accusations de harcèlements sexuels qui pèsent à son encontre depuis plusieurs mois, tout comme ses pratiques managériales dénoncées comme autoritaires. Le parquet de Paris ouvre une enquête le 17 janvier 2023 contre lui.
La mission d’audit, soi-disant accablante, déligentée par la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra a fini à mettre à terre l’homme qui a redressé le football français.
Après un règne de 12 ans, il annonce le 28 février lors d’une réunion extraordinaire du comité exécutif (le COMEX) sa démission. Sans quasiment aucun soutien, ce grand dirigeant, dixit Jean-Michel Aulas, est lâché par ses fidèles tous prêt à sauver leurs postes au COMEX.
La démission de Noel Le Great permet au vice-président Philippe Diallo d’assurer l’intérim avant d’être élu pour terminer le mandant de Le Greät.
Comme souvent, on condamne avant la justice, mais le mal est fait.
La Réhabilitation
Le 17 octobre dernier, 18 mois après, Noël Le Great, 82 ans a accueilli avec soulagement le classement sans suite de la plainte pour harcèlement moral et sexuel qui a eu raison de sa tête à son poste de la fédération française de football.
L’ex président, cible de critiques et d’attaques médiatiques et politiques, sans qu’aucune plainte ne soit déposée, a tenu a dénoncer l’acharnement d’une ministre des sports qui voulait sa peau.
Une plainte en diffamation contre Amelie Oudéa-Castera, alors ministre, a été déposée, l’accusant d’avoir menti sur le rapport de l’IGESR. Elle soulignait une différence entre la synthèse du document, publié le 15 février 2023, et son intégralité.
L’ancienne ministre devait être jugée pour diffamation par la cour de justice de la République les 3 et 4 décembre.
Il n’y aura pas de procès suite au désistement de Noel Le Great. Comme l’explique son avocate Mme Bourg à la cour « Il a été innocenté des faits, il est dans une démarche d’apaisement et il a pris la décision de passer à autre chose »
Clap de fin.
Après un long règne, entre succès sportifs, redressement économique et épilogue dans la tempête médiatique, encore une fois une personnalité publique subit l’étrange mélange des genres de la justice avec le politique.
Son Dernier combat.
On ne se débarrasse pas du Menhir aussi facilement. A la veille de l’élection à la Présidence de la FFF le 14 décembre, l’ombre de Noël Le Greät plane.
Toujours prêt à régler ses comptes. Cette fois avec son ancien Vice-Président Philippe Diallo candidat à sa succession mais qualifié de Brutus et de traître, et de l’avoir abandonné.
Quand je vous dis que les politiques ne sont jamais loin, curieusement Philippe Diallo a été décoré le 2ç novembre dernier de la Légion d’Honneur par Emmanuel Macron. A quel titre, pour avoir fait quoi ? Surprenant. Ou encore pas si surprenant quand la Légion d’Honneur n’a plus d’Honneur.
L’ancien patron du football français, lui, soutiendra l’outsider Pierre Samsonoff. Et si Noël Le Greät était le poil à gratter de cette élection.
Affaire à suivre…..
 
       
    
     
   
                   
       
       
       
        