Les étranges amitiés de la macronie avec la « russosphère »


Partager cet article

Officiellement, Macron dénonce la « russosphère » au sens large, c’est-à-dire l’influence russe en France. Ce thème a encore occupé les confidences qu’il a faites à la presse la semaine dernière depuis son bureau. À en croire Emmanuel Macron, la France ferait l’objet d’une déstabilisation depuis la Russie. Mais l’on découvre peu à peu que ses proches sont loin de partager cette inimitié… bien au contraire!

À ce stade, plusieurs liens forts entre l’entourage d’Emmanuel Macron et la Russie apparaissent. Voici ce qu’on en connaît.

Vincent Crase et la Russie

Le 17 décembre 2018, Mediapart révèle que Vincent Crase, alors salarié d’En Marche, licencié pour avoir participé avec Alexandre Benalla à des interpellations sur la voie publique le 1er mai, et accessoirement gendarme de réserve, a perçu plusieurs centaines de milliers d’euros en juin 2018 grâce à un contrat signé avec un oligarque russe. Cet oligarque s’appelle Iskander Makhmudov.

L’intéressé serait détenteur d’une fortune d’environ 6 milliards €. Ancien interprète, il s’est enrichi dans les années 1990, après l’éclatement du bloc soviétique, notamment en créant la société Ural Mining and Metallurgical Company (UMMC), un mastodonte de la métallurgie et l’un des principaux partenaires des sociétés françaises Alstom et Bouygues en Russie. Il est également actionnaire d’Aeroexpress (compagnie ferroviaire russe), Transmashholding (fabricant de trains et matériel ferroviaire), ou encore la société Kuzbassrazrezugol (charbon).

Selon les propos de Crase, la négociation avec Makhmudov aurait commencé après son départ de l’Élysée où il fut chargé de mission, qu’il affirme avoir eu lieu le 4 mai 2018.

Alexandre Benalla et la Russie

Dans ses dernières révélations, Mediapart met en évidence l’étroite implication d’Alexandre Benalla dans la conclusion de ce contrat, qui aurait été négocié dès l’hiver 2017, c’est-à-dire à un moment où Vincent Crase et Alexandre Benalla sont encore chargés de mission à l’Élysée. Cette circonstance contredit les propos de Benalla devant la commission parlementaire.

C’est surtout très gênant pour l’Élysée. Alors qu’Emmanuel Macron dénonce l’influence russe, et particulièrement poutinienne en France, on découvre que des personnes chargées de la sécurité du Président, et probablement capables d’avoir accès à des informations confidentielles au plus haut niveau, traitent pour des sommes importantes avec des proches du président russe…

Alexandre Benalla et les intermédiaires russophiles

Dans cette mouvance obscure, se détache un certain Jean-Louis Haguenauer, qui aurait présenté le duo Crase-Benalla à Makhmudov. Cet homme d’affaires semble conclure des contrats un peu partout, mais surtout en Russie et en Afrique.

Curieusement, cet Haguenauer aurait présenté, selon Le Monde, Alexandre Benalla à une certaine Pascale Jeannin-Perez. Cette femme d’affaires de 56 ans domiciliée en Suisse a été trésorière de l’association Dialogue franco-russe, présidée  Thierry Mariani. Encore un lien avec la Russie!

Pascale Jeannin-Perez aurait mis à disposition son appartement parisien du XVIè arrondissement pour héberger la compagne d’Alexandre Benalla le soir de la perquisition à son domicile. C’est ce fameux soir où le mystérieux coffre-fort de Benalla s’est évaporé dans la nature.

Alexandre Benalla et la Syrie

On notera, dans les révélations du Monde et de Libération, d’autres anecdotes surprenantes. Par exemple, par l’intermédiaire d’un certain Vincent Miclet, Français enrichi en Afrique et qui possède en château en Dordogne, Alexandre Benalla a rencontré un proche de Bachar al-Assad installé à Paris: Mohamad Izzat Khatab. Celui-ci est soupçonné par Bercy de pratiquer le blanchiment d’argent en quantités industrielles.

Khatab aurait hébergé Benalla en septembre 2018.

Les intermédiaires russophiles et l’Élysée

On remarquera que les intermédiaires russophiles fréquentent le personnel hors organigramme de l’Élysée, au-delà d’Alexandre Benalla et Vincent Crase. Ainsi, selon Le Monde, Pascale Jeannin-Perez aurait fait la connaissance de Ludovic Chaker et d’un certain Paul Soler, employés de l’ombre qui n’apparaissent pas dans l’organigramme de l’Élysée, mais qui y traitent pourtant d’importantes affaires de renseignement.

Ces affaires laissent évidemment perplexe. Que peuvent bien se raconter tous ces gens qui, pour les uns, appartiennent à la russosphère, et pour les autres, la combattent? Tout cela dans l’ombre d’un Président qui cultive la légende selon laquelle la colère des Français serait inspirée par Moscou.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

Ce 16 décembre 2025 restera sans doute gravé dans les annales de l'histoire européenne non pas comme le jour où l'Union a sauvé l'Ukraine, mais comme le moment précis où elle a décidé de sacrifier ce qui lui restait de principes fondateurs — la liberté d'expression, la sécurité juridique, et la souveraineté nationale — sur l'autel d'une guerre qu'elle ne peut plus gagner, mais qu'elle s'interdit de perdre. La machine bruxelloise, cette formidable créatrice de normes devenue une machine à broyer


Rédaction

Rédaction

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Le Premier Ministre belge, Bart de Wever, a déclaré lors d'une conférence universitaire, que non seulement la Russie ne perdrait pas la guerre, mais qu'il n'était pas souhaitable qu'elle la perde. Une vraie provocation vis-à-vis de l'OTAN. Sarcasme. Réalité. Et pas un seul kopeck de subvention. Ah, Bruxelles! Ses gaufres, son Manneken Pis, et ses bureaucrates non élus qui jouent au Monopoly avec votre compte en banque. C'est la saison des fêtes, et comme cadeau, la Commission Européenne a déci


CDS

CDS

En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

Ce 16 décembre 2025, alors que le Sénat vient de rendre sa copie budgétaire, une vérité crue émerge du brouillard législatif : le gouvernement va devoir extorquer 9 milliards d'euros supplémentaires aux contribuables français (vous !) avant la Saint-Sylvestre. Pourquoi? Comment? Voici l'autopsie d'un mensonge d'État et d'une faillite annoncée. Tout commence, comme souvent, par une soumission. Vous vous demandiez si l'engagement d'un déficit à 5 % pour 2026 était réel? Il est bien pire que ce


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Pourquoi nous fonçons droit vers un contrôle des changes en 2026

Pourquoi nous fonçons droit vers un contrôle des changes en 2026

Et si, comme le dit désormais tout haut le FMI, le maillon faible du système financier était devenu… le marché des changes ? Vous savez, ce discret marché mondial où s’échangent pourtant chaque jour près de 10 000 Mds $ de devises et de produits dérivés sur devises, à l’instar du barbare swap cambiste, cet instrument qui permet notamment aux multinationales, ou aux plus petits exportateurs, de gérer le risque que la volatilité des changes fait courir à leur trésorerie placée en diverses monnaie


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT