Le conservatisme : projet politique ou ressentiment collectif ? débat avec Olivier Pichon

Le conservatisme : projet politique ou ressentiment collectif ? débat avec Olivier Pichon

Olivier Pichon est un présentateur bien connu du média alternatif TV Libertés (TVL). Il présente son dernier ouvrage : les Nouvelles Routes de la Servitude. C’est l’occasion d’avoir un débat vif mais ouvert et amical, sur la différence de projet entre le libertarisme du Courrier et le conservatisme affiché (plus ou moins sincèrement) par certains médias dits de « réinformation ». Répétons-le : fédérer par la critique est chose facile. Mais quelles solutions ? Le Courrier préfère cliver par des solutions innovantes, que fédérer par une grogne qui se conclut en ressentiment de l’impuissance.

Signalons d’abord l’excellent livre d’Olivier Pichon consacré aux Nouvelles routes de la servitude. Ce livre dresse une sorte de synthèse parfaite de toutes les idées « conservatrices » et souverainistes, populistes diront certains, qui structurent l’opposition à ce que le Courrier appelle la « caste ».

Pour le Courrier, cet entretien sur un livre que nous recommandons chaleureusement donne l’occasion de préciser un point qui n’est pas forcément clair pour tout le monde. Et c’est en toute amitié pour l’excellent Olivier Pichon que je reprends ici ce qui constitue la trame de notre entretien :

  • sur le fond, je peux partager l’essentiel des constats et des diagnostics qui sont dressés dans son livre : oui, la France est en déclin, pour ne pas dire en décomposition accélérée, oui, elle est frappée par une série de maux dont l’émergence d’un capitalisme de connivence, qui s’appuie sur le rôle prétendument protecteur de l’Etat pour favoriser les « copains » est probablement l’un des aspects les plus saillants
  • sur le fond, toujours, nous partageons l’idée que notre pays peut se relever, doit se relever, en comptant sur ses propres forces

Nous avons des désaccords de fond sur la méthode :

  • je reproche aux conservateurs, par facilité, par avachissement, de caresser les Français dans le sens du poil en n’osant jamais leur dire clairement et énergiquement que le relèvement national passera par des efforts douloureux, et par une lucidité sans concession : non, la France des 35 heures et de la retraite à 62 ans n’est ni au bord du burn out, ni dans la misère. C’est un pays riche, globalement paresseux, où la dolce vita est devenue un culte. Je sais pertinemment que de nombreux Français s’imaginent dans une situation d’asservissement ou de servilité, parce qu’ils perçoivent un salaire de 1.500€ nets et qu’ils ne disposent plus d’aucune marge de manoeuvre sur leur lieu de travail. Ceci interroge la façon dont les entreprises sont dirigées, mais cela n’a rien à voir avec une situation de misère
  • je considère qu’il faut oser dire aux Français que leur niveau de vie baissera s’ils ne révisent pas leur conception de la vie et du travail, même si ce « dévoilement » suscite leur colère et produit de l’impopularité
  • je considère qu’il faut proposer une clarté radicale sur les solutions qui mèneront au relèvement : un retour au travail, une dissipation sur les illusions de l’Etat-Providence et une ambition collective de relèvement qui passe par une adhésion aux valeurs d’engagement et de construction positive
  • il faut rebâtir une société de confiance, qui ne serait pas ruinée par une bureaucratie tâtillonne chargée d’étouffer la liberté et l’initiative au profit d’une discipline idiote, aveuglante, asséchante, où une myriade de réglementations ineptes dissuade d’agir et de créer
  • il faut arrêter l’art de la demi-mesure et de l’eau tiède, où toute vraie réforme est perçue comme une menace, où la préférence pour l’immobilisme triomphe à tous les coups.

Bref, il faut se retrousser les manches, savoir où l’on veut aller, et décider d’y aller sans procrastination permanente.

Assez analyser, il faut agir ! et sans état d’âme.