Enseignement mondial : l’IA avance, les profs reculent
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Enseignement mondial : l’IA avance, les profs reculent


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L'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) a publié les « Résultats de TALIS 2024 » (Teaching and Learning International Survey), la plus vaste enquête mondiale menée auprès des enseignants et des chefs d'établissement. Avec 280 000 participants issus de 55 systèmes éducatifs, cette édition offre un éclairage crucial sur l'évolution du métier d'enseignant, ses défis contemporains et les facteurs influençant la rétention. Les données révèlent des tendances majeures concernant l'intégration de l'intelligence artificielle (IA), l'accompagnement des novices et l'impact des conditions d'emploi sur les choix de carrière, fournissant aux gouvernements des informations essentielles pour élaborer des politiques éducatives efficaces.

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Tous les 6 ans, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) réalise l’enquête TALIS (Teaching and Learning International Survey). C’est la plus grande enquête mondiale concernant les enseignants et les chefs d’établissement. L’utilisation de l’intelligence artificielle, les raisons qui ont poussé les gens à opter pour un métier dans le domaine de l’enseignement et leur satisfaction professionnelle faisaient partie des sujets évoqués lors de ce sondage. Grâce aux résultats de Talis 2024, les gouvernements peuvent mettre au point des stratégies visant à améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage.

L’intelligence artificielle s’invite dans les salles de classe

En 2024, l’OCDE a lancé une nouvelle édition de l’enquête TALIS. Organisée, tous les 6 ans, elle permet de bien connaître les pratiques enseignantes dans différents pays.  280.000 enseignants et des chefs d’établissement ont pris part à l’étude. Les résultats viennent d’être publiés. L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de l’enseignement faisait partie des sujets évoqués dans cette étude. Il faut dire que le recours à cette technologie moderne s’intensifie dans les salles de classe.

Selon l’enquête TALIS 2024, l’utilisation de l’IA est désormais inévitable dans le monde de l’enseignement. C’est un instrument efficace pour évaluer le travail des élèves, préparer les plans de cours ou encore alléger les tâches administratives. Toutefois, les enseignants et les systèmes éducatifs ont également l’obligation de protéger les élèves contre les effets néfastes de cet outil.

Le Singapour et les Emirats arabes unis sont considérés comme les véritables pionniers en matière d’utilisation de l’IA dans le monde de l’enseignement. Les enseignants de ces pays faisaient parmi de ceux qui ont déclaré avoir suivi une formation professionnelle sur la manipulation de cet outil.

En France, les professionnels de l’enseignement restent méfiants par rapport à l’IA. Du coup, ils restent réticents quant à son usage dans le monde éducatif. Mais il se trouve que le ministère de l’Education est décidé à rectifier le tir. Un projet de formation massif à l’intelligence artificielle pour les enseignants est envisagé.

Le mentorat et l'affectation des enseignants débutants

Le passage de la formation initiale à la prise en charge d'une classe peut être une expérience intimidante pour les enseignants débutants. Face à cette complexité, les données TALIS soulignent l'impact positif du mentorat.

L'enquête révèle que les novices qui bénéficient d'un mentor expriment un plus grand bien-être et une plus grande satisfaction professionnelle. Ces programmes d'accompagnement sont donc cruciaux pour faciliter la transition et ancrer les jeunes professionnels dans le métier.

Cependant, une problématique demeure : l'affectation des postes. Les mécanismes d'affectation privilégient souvent l'ancienneté, ce qui a pour conséquence de placer les enseignants les moins expérimentés dans les environnements éducatifs les plus difficiles.

Pour les décideurs politiques, il est donc essentiel de réévaluer ces mécanismes afin d'assurer que l'accompagnement des enseignants débutants soit couplé à des conditions d'enseignement plus favorables pour optimiser la rétention et l'efficacité pédagogique.

Conditions d’emploi : le vrai nerf de la guerre

Contrairement aux idées reçues, le salaire n’est pas le seul déterminant de la fidélité des enseignants. TALIS 2024 met en lumière l’importance du statut d’emploi : stabilité du contrat, possibilité de travailler à temps plein, et équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Dans certains pays, la précarité contractuelle et le manque de reconnaissance institutionnelle pèsent davantage que la rémunération.

Ces données invitent les gouvernements à adopter une approche plus holistique des politiques de rétention, en se concentrant non seulement sur les augmentations salariales, mais aussi sur l'amélioration concrète du cadre et des modalités de travail des éducateurs.

L'amélioration de la qualité de vie professionnelle, de la flexibilité et de la sécurité de l'emploi apparait ainsi comme un levier puissant pour stabiliser le corps enseignant.


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