Du rififi autour du vaccin AstraZeneca

Du rififi autour du vaccin AstraZeneca


Partager cet article

AstraZeneca a fait l’objet d’une procédure judiciaire lancée par des actionnaires américains. Ces derniers ont accusé la société d’avoir dissimulé des informations négatives concernant le développement de son vaccin Covid-19. Lundi, le juge Paul Oetken du district de Manhattan a rendu son verdict. Le laboratoire pharmaceutique suédo-britannique est sorti victorieux du procès.

Alors que le laboratoire suédo-britannique après ces essais cliniques avait déclaré que son vaccin AstraZeneca était efficace à 79% pour prévenir le Covid-19 symptomatique et à 100% pour empêcher les formes sévères de la maladie et l’hospitalisation, en mars 2021, l’Agence européenne des médicaments avait annoncé à la suspension d’un lot du vaccin AstraZeneca par dix-sept pays de l’Union dont la France, suite à des cas de troubles de la coagulation et la formation de caillots. Pourtant l’EMA avait  jugé « sûr et efficace » son utilisation dans un communiqué. A la même période aux États-Unis, l’Institut national des maladies infectieuses et des allergies (NIAID), qui supervise des essais cliniques de vaccins, a déclaré que « le laboratoire AstraZeneca aurait pu utiliser des données obsolètes dans ses essais cliniques aux États-Unis…ce qui peut avoir abouti à une estimation incomplète de l’efficacité.»

Alors que Biden avait officiellement lancé la campagne vaccinale, le 19 avril 2021. Seuls trois vaccins contre le Covid-19 étaient autorisés par les autorités sanitaires américaines à savoir ceux de Pfizer/BioNTech, Moderna et Johnson & Johnson. Pour rappel, le laboratoire a également été accusé de retards de livraisons par l’Union européenne. L’UE avait accusé fin mai 2021 à AstraZeneca de “violation flagrante” de leur contrat. En effet, l’UE reprochait au géant pharmaceutique de ne lui avoir livré que 30 millions de doses au premier trimestre 2021, au lieu des 120 millions doses promises. Dans le cadre d’une action en justice, l’UE demandait 10 euros par dose de vaccin anti-Covid et par jour de retard. Mais le géant AstraZeneca et l’Union européenne ont finalement conclu un accord à l’amiable en septembre 2021. Aux Etats-Unis, via un recours collectif, des actionnaires américains ont accusé la société de ne pas avoir divulgué les problèmes rencontrés lors du développement de son vaccin COVID-19 ayant rendu probable l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché du vaccin aux États-Unis.

AstraZeneca  remporte le rejet du procès

AstraZeneca a obtenu lundi le rejet d’une action en justice d’actionnaires américains d’AstraZeneca, qui accuse la société pharmaceutique d’avoir caché des problèmes liés au développement de son vaccin contre le Covid-19 aux autorités sanitaires. Voilà pourquoi, ces dernières n’ont pas donné l’autorisation d’utilisation du produit aux États-Unis.

AstraZeneca a gagné ce procès face à ses actionnaires américains. En effet, dans une décision judiciaire de 23 pages, le juge de district à Manhattan, Paul Oetken, a déclaré qu’il n’y a aucune preuve qui mettait en avant une tentative de fraude ni d’escroquerie de la part d’AstraZeneca.  Par ailleurs, la société et ses dirigeants n’avaient aucune « obligation générale » de dévoiler des « faits négatifs » concernant les essais cliniques réalisés.

En ajout à tout cela, le juge a acquitté le directeur général d’AstraZeneca, Pascal Soriot, de toute charge. Selon M. Oetken, il n’a commis aucune faute en déclarant que la société « avançait rapidement, mais sans prendre de raccourcis ». Il a ajouté que même si les accusés ont bien été informés de ces « faits négatifs », ils n’étaient pas obligés de les divulguer. Cela ne constitue pas une mauvaise conduite ou une imprudence.  Il est à noter que le juge a rejeté l’action en justice avec préjudice, ce qui signifie que les actionnaires américains ne pourront pas faire appel.

Les détails sur les accusations lancées contre AstraZeneca

À titre de rappel, AstraZeneca a développé son vaccin contre le Covid-19 avec l’Université d’Oxford. Il a été distribué sous les marques Covishield et Vaxzevria. Selon les plaignants, les prix des actions dépositaires américaines de la société pharmaceutique ont chuté vers la fin de l’année 2020 et au début de l’année 2021, car les essais cliniques du vaccin ne se déroulaient pas correctement.

Les actionnaires américains estiment qu’il y avait des défauts de conception et d’exécution ainsi qu’un problème de communication avec les autorités de réglementation. Ils ont déclaré qu’AstraZeneca a commis différentes erreurs. Ils ont entre autres cité le fait de ne pas avoir effectué suffisamment de tests chez les personnes âgées de plus de 55 ans ou de ne pas avoir administré la bonne dose à certains participants. Tout cela a empêché la validité des données par les autorités sanitaires.

Pourtant, si l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca n’a pas été approuvée aux États-Unis, c’est tout simplement parce qu’il n’était pas en mesure de concurrencer les vaccins à ARNm de Pfizer/BionTech et de Moderna. Notons que parmi les plaignants figurent les employés du comté de Wayne et Nugglehalli Nandkumar. Les avocats des deux parties n’ont pas encore fait des commentaires concernant la décision du juge.

Pour information, aujourd’hui, AstraZeneca s’attend à ce que le succès de son traitement par anticorps Evusheld, compense la chute des ventes de son vaccin anti-Covid Vaxzevria. Le géant britannique a déjà enregistré un chiffre de ventes de 445 millions de dollars au cours du premier trimestre de cette année grâce à l’Evusheld. Le sérum d’AstraZeneca est aujourd’hui principalement redirigé vers le programme international Covax, sous l’égide de l’ONU, destiné aux pays pauvres.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Une nouvelle course à l'armement ? par Elise Rochefort

Une nouvelle course à l'armement ? par Elise Rochefort

L'analyse du paysage géostratégique mondial, en cette fin d'année 2025, révèle une intensification marquée de la compétition militaire entre les grandes puissances. Cette dynamique, caractérisée par une hausse record des dépenses d'armement, une modernisation accélérée des arsenaux, notamment nucléaires, et l'érosion rapide des cadres de régulation, confirme l'entrée dans une nouvelle ère de confrontation. Voici une analyse détaillée de cette nouvelle course à l'armement. 1. Dans quelle m


Rédaction

Rédaction

L’atlantiste Merz tend la main à Erdogan : vers une Union européenne made in OTAN

L’atlantiste Merz tend la main à Erdogan : vers une Union européenne made in OTAN

Le chancelier allemand Friedrich Merz reste le plus important allié des États-Unis en Europe et il le prouve. En soutenant l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, Friedrich Merz dévoile la continuité de la ligne atlantiste allemande : placer les intérêts géostratégiques de l’OTAN au-dessus des valeurs européennes, quitte à transformer l’Europe en simple courroie de transmission de Washington. Le chancelier allemand Friedrich Merz a effectué sa première visite officielle en Turquie. Après


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Le naufrage Macron : quand les Mozart de la caste forgent une toxique bêtise collective

Le naufrage Macron : quand les Mozart de la caste forgent une toxique bêtise collective

La presse subventionnée des milliardaires nous a massivement vendu un petit Mozart soutenu par des êtres supérieurs. Ce gloubi-boulga de la caste joue à la barbichette, en prouvant qu'une somme d'intelligences individuelles peut fabriquer une immense bêtise collective. L’air de Paris, en cette fin octobre 2025, est chargé de cette électricité singulière qui précède les grands orages ou, plus prosaïquement, les chutes de régime. La politique française, cet éternel théâtre d’ombres où la post


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

L'Etat veut gaver les Français d'aides qu'ils ne demandent pas, par Veerle Daens

L'Etat veut gaver les Français d'aides qu'ils ne demandent pas, par Veerle Daens

L'État français, ce Léviathan obèse et surendetté, vient d'accoucher d'une nouvelle merveille bureaucratique : l'expérimentation « Territoires Zéro Non-Recours ». Le nom seul est un chef-d'œuvre de novlangue. Traduction : l'État, ne supportant plus l'idée que des citoyens puissent encore échapper à ses griffes bienveillantes, a décidé d'envoyer des commandos de travailleurs sociaux traquer les derniers récalcitrants. La mission? Forcer des aides sociales dans la gorge de ceux qui n'en ont pas de


CDS

CDS