Dégradation de la note de la France par Fitch : risques systémiques et stratégies de résilience pour les épargnants

Dégradation de la note de la France par Fitch : risques systémiques et stratégies de résilience pour les épargnants
Reviendrons-nous aux tickets de rationnement ?

La récente dégradation de la note souveraine de la France par l'agence Fitch de AA- à A+ n'est pas un événement anodin. Elle a suscité des réactions contrastées, le gouvernement français s'efforçant de minimiser son importance, tandis que certains commentateurs y voient le signe d'une fragilité grandissante. Pour un investisseur prudent, la vraie question n'est pas de succomber à la panique, mais de se doter d'une compréhension stratégique des menaces pour adapter ses décisions. En gardant la question des avantages fiscaux de l'assurance-vie à l'esprit.

La décision de l’agence de notation Fitch de déclasser la France est une sanction directe de sa trajectoire budgétaire. L'agence justifie sa décision en pointant une dette qui devrait atteindre 121 % du PIB en 2027, en forte hausse par rapport aux 114 % actuels, et un déficit qui devrait rester au-dessus de 5 % du PIB l'année prochaine.

Plus qu’un simple ajustement technique, ce déclassement est un acte éminemment politique.

L'agence de notation ne se contente pas de juger des chiffres, elle évalue la capacité du système politique français à gouverner et à prendre des décisions économiques difficiles. La défaite du gouvernement lors d'un vote de confiance et la "fragmentation et polarisation de la politique intérieure" sont explicitement citées comme des facteurs affaiblissant la capacité du système à mettre en œuvre une "consolidation budgétaire substantielle". Le risque souligné n'est donc pas seulement financier, mais réside dans l'incapacité de l'État à agir de manière décisive face aux défis économiques.

Faiblesses structurelles et mythe de la résilience

Le discours officiel tend à attribuer l'accroissement de l'endettement à des crises exogènes, telles que la crise financière de 2008 ou la pandémie de Covid-19. L'OFCE, dans une analyse rigoureuse, montre que si ces crises expliquent environ 47 % de l'augmentation de la dette, une part significative est due à des "mesures budgétaires non prévues et non financées". En d'autres termes, la moitié de l'accroissement de la dette est le résultat de choix politiques délibérés, comme les baisses d'impôts sur le revenu et la production, qui ont creusé un déficit public déjà chronique. La dégradation de Fitch n'est donc pas un choc soudain, mais la manifestation d'une maladie chronique, un demi-siècle de dépenses supérieures aux recettes qui ont conduit à un endettement persistant.

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L'épargnant doit comprendre que le "risque France" n'est pas une nouveauté. La dégradation de la note n'est que la reconnaissance tardive par un acteur extérieur d'une vulnérabilité profondément enracinée. La charge de la dette représente déjà environ 7 % du budget de l'État et devrait continuer à augmenter, créant une boucle de rétroaction négative où l'État doit emprunter toujours plus pour rembourser ses anciens emprunts. Ce mécanisme est au cœur de l'analyse qui suit.

Le système bancaire et assurantiel français

Un point crucial de l'analyse réside dans l'apparente contradiction entre la solidité affichée par les banques françaises et leur forte exposition à la dette souveraine. Si la Banque de France et le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) affirment que les banques françaises sont "solides" et qu'elles ont bien résisté aux stress tests européens, d'autres analyses mettent en lumière une exposition jugée "dangereuse". Les banques françaises, comme la Banque postale et le Crédit Agricole, détiennent des montants très élevés d'obligations d'État. Ce lien étroit entre les banques et l'État, connu sous le nom de "boucle risque souverain-risque bancaire", est la principale menace pour la stabilité.

Si les investisseurs étrangers, qui détiennent plus de 50 % de la dette française, perdaient confiance, ils pourraient limiter leurs souscriptions ou exiger des taux d'intérêt encore plus élevés pour financer la dette. La valeur des obligations d'État françaises (OAT) chuterait alors, dégradant mécaniquement la valeur des actifs détenus par les banques et les assureurs nationaux. La chute récente des actions bancaires françaises, pénalisées par leur "exposition à l'économie française et l'incertitude politique", démontre que les marchés ont déjà intégré ce risque. La solidité des banques pourrait être remise en cause par l'effondrement de la valeur de leur portefeuille de dette souveraine.