L'ironie est une garce, mes amis, et elle vient de s'inviter à la table de la comitologie européenne avec une pinte de bière tiède et un grand sourire sardonique. Regardez bien le spectacle : nous vivons un moment de torsion spatio-temporelle que même les auteurs de science-fiction sous acide n'auraient pas osé écrire.

Commençons par le dernier délire de notre chère "Uschi" von der Leyen. La Commission, dans sa grande sagesse bureaucratique (et sa capacité infinie à dépenser l'argent qu'elle n'a pas), a pondu une nouvelle usine à gaz : le "Prêt Réparations".
Le concept ? Un chef-d'œuvre de créativité comptable qui ferait passer Enron pour une association caritative. L'UE veut emprunter des milliards — on parle de couvrir les besoins de 2026-2027, soit une ardoise qui donne le vertige — en utilisant comme garantie les "soldes de trésorerie" des avoirs russes gelés chez Euroclear. En gros, on hypothèque la peau de l'ours russe avant de l'avoir tué, on file le cash à Kiev, et on prie pour que Moscou ne traîne pas la Belgique en justice jusqu'à la fin des temps. C’est du vol à l’étalage géopolitique légalisé par des technocrates qui n'auront jamais à payer la note.
Et c'est là que le scénario devient tordant. Qui se dresse sur la route de ce projet ? Qui ose dire "Neen" à l'hégémonie bruxelloise (et donc allemande) ?
La Belgique.
Ou plutôt, Bart De Wever.

Oui, vous avez bien lu. Le patron de la N-VA. L'homme qui a bâti sa carrière sur l'idée que la Belgique est un "accident de l'histoire", une construction artificielle à démanteler méthodiquement. Le parti qui explique depuis vingt ans que l'État belge est un boulet inefficace. Ce même Bart De Wever est aujourd'hui le Premier ministre qui, tel un chevalier blanc (ou jaune et noir), protège le budget fédéral belge et la stabilité financière du Royaume contre... l'Allemagne.

Ouvrez vos livres d'histoire, bon sang ! C'est à se taper la tête contre les murs du Berlaymont. Historiquement, le mouvement nationaliste flamand et l'Allemagne, c'était une histoire d'amour, un tango passionné, parfois gênant, souvent tragique. De la Flamenpolitik de la Première Guerre mondiale où l'occupant allemand cajolait le "peuple frère" flamand contre l'État francophone, jusqu'aux errances de la collaboration durant la Seconde Guerre... L'Allemagne a toujours été le parrain bienveillant du nationalisme flamand pour affaiblir la Belgique.
Et aujourd'hui ? C'est le monde à l'envers !
Nous avons Ursula von der Leyen, l'Allemande, qui exige de la Belgique qu'elle prenne tous les risques financiers pour sauver la mise de l'Europe. Et nous avons Bart De Wever, le Flamingant, qui lui répond : "Pas question de ruiner ce pays !"
C'est sublime. Le séparatiste est devenu le meilleur défenseur de l'intégrité financière de l'État belge. Il est le seul à voir que si Euroclear saute sous les procès russes, c'est le contribuable belge (flamand compris, évidemment) qui passera à la caisse pour renflouer le système.
La N-VA déteste la Belgique, c'est entendu. Mais Bart est un libertarien contrarié : il déteste encore plus l'idée de payer pour les délires collectivistes d'une Commission européenne en roue libre. Il préfère encore gérer une Belgique solvable qu'une Flandre indépendante née sur un cratère financier creusé par Berlin.
Alors, savourons ce moment. Bart De Wever résistant à l'impérialisme allemand pour sauver les meubles du Royaume de Belgique. Si ça, ce n'est pas la preuve que Dieu a de l'humour, je rends mon passeport.
À la vôtre, et gardez votre portefeuille fermé.

