Contraceptifs USAID : Paris et Bruxelles appelées à bloquer l’incinération
Un stock de contraceptifs d’une valeur de près de 10 millions d’euros, initialement destiné à des programmes de santé reproductive dans les pays en développement, est en passe d’être incinéré en France. Entreposé à Geel, en Belgique, ce stock appartient à l’Agence américaine pour le développement international (USAID), comprenant essentiellement des dispositifs intra-utérins (DIU) et des implants contraceptifs. Les contraceptifs sont assimilés, selon le département d'État américain, à des produits pouvant conduire à un avortement .Les législateurs européens et quelques ONG demandent à la France et à l’Union européenne (UE) d’empêcher leur incinération.

Le porte-parole du département d’État, Tommy Pigott, a déclaré que les contraceptifs étaient susceptibles de contrevenir à la politique anti-avortement des États-Unis. Appartenant à l’Agence américaine pour le développement international (USAID), des ONG, de parlementaires européens et d’organisations internationales ont pourtant déclaré que ce sont des « produits de santé essentiels et vitaux » et il vaut mieux les distribuer à l’étranger au lieu de les détruire. La France aurait promis de surveiller de près la situation.
Près de 10 millions de dollars de contraceptifs destinés à être détruits
Le porte-parole du département d’Etat américain a déclaré au Guardian le 17 juillet dernier que près de 10 millions de dollars de contraceptifs appartenant à l’USAID seront détruits en France. Cette décision fait suite à la mise en vigueur d’une politique américaine interdisant le financement des organisations qui fournissent des services d’avortement. La société civile et des organisations internationales ont condamné cette décision.
Les législateurs européens et quelques ONG demandent à Paris et à l’UE d’empêcher l’incinération de ces produits de santé. La cheffe de file des Verts français, Marine Tondelier aurait demandé à Emmanuel Macron d’agir dans une lettre. Elle a indiqué que la France ne pouvait être « complice, même indirectement, de politiques rétrogrades, ni tolérer que des ressources médicales vitales soient détruites alors qu’elles pourraient sauver des vies, prévenir des grossesses non désirées et contribuer à une plus grande autonomie des femmes ».
« Nous demandons à la Commission européenne d’intervenir »
, a déclaré l’eurodéputée verte française, Mélissa Camara. Elle a d’ailleurs adressé une lettre à la présidente Ursula von der Leyen concernant l’affaire.
« L’Union européenne doit s’exprimer avec force et dire que la défense des droits des femmes et des droits sexuels et reproductifs dans le monde est l’une des valeurs fondamentales qu’elle défend »,
a-t-elle indiqué.
La directrice générale de Médecins Sans Frontières aux Etats-Unis, Avril Benoît, a aussi dénoncé cette décision du gouvernement américain de détruire les contraceptifs. Elle a déclaré que la destruction de millions d’euros de contraceptifs dans un monde où 218 millions de femmes n’ont toujours pas accès aux moyens de contraception constitue « un acte délibérément irresponsable et préjudiciable ». Ces contraceptifs sont à action prolongée, les législateurs et les ONG proposent leur distribution à l’étranger.
La France et l’UE s’engagent à trouver une solution
Un responsable diplomatique français a déclaré à POLITICO que la France « continuerait à surveiller la situation ».
Le ministre belge des Affaires étrangères, maxime Prévot », a aussi indiqué que son gouvernement essaie de « trouver une solution » pour empêcher la destruction des contraceptifs et avait déjà « entamé les discussions diplomatiques avec l’ambassade des Etats-Unis à Bruxelles ».
L’incinération, qui coûterait près de 150 000 euros, serait paradoxalement financée par les États-Unis eux-mêmes. Pour Micah Grzywnowicz de l’IPPF Europe, cela relève de l’"hypocrisie gouvernementale".
Pour la délégation française des Verts/ALE au Parlement européen, cette incinération pourrait violer le droit européen, en particulier en matière de traitement des déchets sanitaires et de coopération humanitaire.
La Commission européenne, ne s’est pas encore engagée clairement sur une possible intervention. Au-delà de la controverse politique, ce scandale révèle les fractures idéologiques profondes entre l’Europe et les États-Unis sur les questions de santé reproductive.
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