Comment les pays BRICS peuvent ébranler l’hégémonie du dollar, par Dmitry Skvortsov

Comment les pays BRICS peuvent ébranler l’hégémonie du dollar, par Dmitry Skvortsov

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la dédollarisation est une ambition politique ancienne, parce que fondamentalement logique en termes de souverainisme. Certes, le vocable a été différent selon les projets. Mais globalement, l’idée de s’affranchir du pouvoir du dollar remonte à assez loin : dès les années 50, en raison des conséquences des accords de Bretton Woods de 1944. Ces accords apportaient en effet un avantage considérable aux États-Unis : seul le dollar pouvait être convertible en or. Le billet vert devint ainsi la monnaie de référence et progressivement le principal vecteur de l’hégémonisme américain, en particulier avec les pétrodollars et le statut de monnaie de réserve des banques centrales. De Gaulle, qui avait bien compris la menace de l’AMGOT (organisme créé par les États-Unis et le Royaume-Uni pour administrer la France après la Libération) d’imposer la devise américaine en France, a voulu remplacer le dollar par l’or en 1965, au taux prévu de 35 dollars l’once d’or. En colère, les Américains s’y opposèrent et surnommèrent le Général de « GaulleFinger » ! Ceux qui prirent le même chemin de la dédollarisation ne firent pas de vieux os : Saddam Hussein qui exprima en septembre 2000 son projet de substituer l’euro au dollar, ou encore le colonel Kadhafi et son « dinar or ». Le dollar serait-il aussi assassin ? L’Iran et le Venezuela, s’efforcèrent de trouver ensemble un chemin, rejoints par la Chine en 2011 et la Russie en 2014. Avec l’émergence des BRICS, le mouvement tend désormais à s’étendre. Et c’est sans doute l’un des points majeurs de la prochaine rencontre des pays membres et des 23 pays qui frappent officiellement à la porte. A la suite de ce premier article, qui dresse un état des lieux des pays membres, nous publierons prochainement d’autres points de vue provenant du « monde émergent ».