Combien de temps Macron peut-il attendre pour clôturer le Grand Débat?


Partager cet article

Emmanuel Macron doit clôturer le Grand Débat. Mais de combien de temps dispose-t-il pour passer à l’acte? Peut-il même aller jusqu’à se soustraire à cet exercice? On sent bien que le dramatique incendie de Notre-Dame a servi ce qu’il présente souvent comme une capacité à maîtriser le temps (le maître des horloges, répètent les journalistes), et qui n’est probablement qu’une manière commode de dissimuler son indécision. Mais, indépendamment de sa volonté, les horloges et les compteurs tournent, et il se mettrait en risque s’il ne jetait pas les dés (sans garantie de succès).

On sent bien qu’Emmanuel Macron n’a pas très envie de se jeter dans le vide. Au fond, l’indécision où il est le rassure. Son temps est comme suspendu. Les Français ont débattu pendant trois mois. Il a obtenu un mois de répit. Et il pense que le temps joue en sa faveur. Mais…

La tentation de croire le temps suspendu

Beaucoup, semble-t-il, dans son entourage, imaginent que la crise des Gilets Jaunes est derrière l’exécutif. Le Président pourrait se permettre de l’ignorer. Tout se serait résolu par l’opération miraculeuse d’un esprit supérieur qui aurait amenuisé les colères et réconcilié le Président avec son peuple.

D’où l’idée qu’au fond, rien ne sert d’annoncer des mesures. Mieux vaut jouer le charmeur de serpent et maintenir l’illusion ambiguë que tout s’est réglé. Ne rien faire plutôt que prendre des risques.

Pourtant, la colère subsiste

Entre ce qui se répète en boucle dans les couloirs de l’Elysée ou dans les petits cercles parisiens, d’une part, et la réalité ressentie des Français ordinaires, il existe pourtant une différence fondamentale, essentielle, et très large.

Partout en France, ils sont nombreux, ceux qui ont accordé au Président le bénéfice de la bonne foi sur le Grand Débat, mais qui continuent à ressentir les mêmes souffrances qu’en novembre, qui ont conduit à des journées insurrectionnelles. Les décevoir aujourd’hui serait suicidaire pour le pouvoir, car cette tromperie ouvrirait les portes du pire.

Il suffit de lire, notamment sur les réseaux sociaux, les réactions moyennes aux annonces des Pinault, des Arnault, sur les centaines de millions d’euro débloqués pour restaurer Notre-Dame. Partout, la rancœur, la colère se font jour.

Le 20 avril, journée risquée

Dans cet agenda contraint, le journée du 20 avril risque d’être cruciale. Ce jour-là, des black blocks devraient arriver de l’Europe entière pour dévaster Paris. Emmanuel Macron pourrait être tenté de jouer le pourrissement, en partant de l’hypothèse que des scènes de violence durant le week-end pascal, peu de temps après l’incendie de Notre-Dame, rendraient le mouvement définitivement impopulaire.

C’est un pari risqué. Rien n’exclut que l’opinion ne soit in fine plus dominée par sa détestation d’un Président qui filoute et ne tient pas ses promesses que par son amour de l’ordre. Qui plus est, le déferlement de violence attendu ce jour-là, renchéri par l’indécision du Président, pourrait constituer un vrai risque pour les institutions.

On déconseillera donc à Macron de ne rien annoncer d’ici à vendredi, car le pire est désormais à craindre.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

Le vote à l’Assemblée sur la constitutionalisation de l’IVG a divisé les partis de droite

Le débat sur la constitutionalisation de l'IVG a profondément divisé les partis de droite, Rassemblement National et Républicains à l'Assemblée. Emmanuel Macron peut se réjouir: il a une fois de plus montré qu'il n'avait pas d'adversaire idéologiquement constitué; il a divisé les deux groupes d'opposition de droite; il a tendu un piège, qui a fonctionné, à Marine Le Pen. Cependant le résultat du vote montre qu'être de  droite, c'est précisément ne pas accepter, comme force politique, les diktats


CDS

CDS

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée
30.05.1968, manifestation de soutien au général de Gaulle.

« Haro sur l’extrême-droite »: cette comédie politique déconnectée

"Haro sur l'extrême-droite" est un spectacle qui est bien parti pour rattraper "La Cantatrice Chauve" de Ionesco jouée sans interruption à Paris, au théâtre de la Huchette depuis 1957. En l'occurrence, nous avons affaire à une (mauvaise) comédie politique, jouée sans interruption depuis  le 13 février 1984, jour où Jean-Marie Le Pen était l'invité de L'Heure de Vérité, la célèbre émission politique de l'époque.  Depuis lors, nous avons affaire à un feuilleton ininterrompu d'épisodes, dont l'anal


CDS

CDS

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

L'UE meurt plus vite avec l'Ukraine qu'avec le Frexit, par Thibault de Varenne

Ce 16 décembre 2025 restera sans doute gravé dans les annales de l'histoire européenne non pas comme le jour où l'Union a sauvé l'Ukraine, mais comme le moment précis où elle a décidé de sacrifier ce qui lui restait de principes fondateurs — la liberté d'expression, la sécurité juridique, et la souveraineté nationale — sur l'autel d'une guerre qu'elle ne peut plus gagner, mais qu'elle s'interdit de perdre. La machine bruxelloise, cette formidable créatrice de normes devenue une machine à broyer


Rédaction

Rédaction

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Bart De Wever, agent de Poutine ou seul adulte dans la pièce? par Veerle Daens

Le Premier Ministre belge, Bart de Wever, a déclaré lors d'une conférence universitaire, que non seulement la Russie ne perdrait pas la guerre, mais qu'il n'était pas souhaitable qu'elle la perde. Une vraie provocation vis-à-vis de l'OTAN. Sarcasme. Réalité. Et pas un seul kopeck de subvention. Ah, Bruxelles! Ses gaufres, son Manneken Pis, et ses bureaucrates non élus qui jouent au Monopoly avec votre compte en banque. C'est la saison des fêtes, et comme cadeau, la Commission Européenne a déci


CDS

CDS

En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

En marche vers 9 milliards d'impôts supplémentaires cette semaine...

Ce 16 décembre 2025, alors que le Sénat vient de rendre sa copie budgétaire, une vérité crue émerge du brouillard législatif : le gouvernement va devoir extorquer 9 milliards d'euros supplémentaires aux contribuables français (vous !) avant la Saint-Sylvestre. Pourquoi? Comment? Voici l'autopsie d'un mensonge d'État et d'une faillite annoncée. Tout commence, comme souvent, par une soumission. Vous vous demandiez si l'engagement d'un déficit à 5 % pour 2026 était réel? Il est bien pire que ce


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Pourquoi nous fonçons droit vers un contrôle des changes en 2026

Pourquoi nous fonçons droit vers un contrôle des changes en 2026

Et si, comme le dit désormais tout haut le FMI, le maillon faible du système financier était devenu… le marché des changes ? Vous savez, ce discret marché mondial où s’échangent pourtant chaque jour près de 10 000 Mds $ de devises et de produits dérivés sur devises, à l’instar du barbare swap cambiste, cet instrument qui permet notamment aux multinationales, ou aux plus petits exportateurs, de gérer le risque que la volatilité des changes fait courir à leur trésorerie placée en diverses monnaie


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT