Autoroutes à induction : Vinci électrifie, les Français paient la facture

Autoroutes à induction : Vinci électrifie, les Français paient la facture


Partager cet article

Tandis que le marché électrique bute sur le coût, l'autonomie et les infrastructures, Vinci Autoroutes et Electreon déploient un tronçon d'autoroute à recharge par induction sur l'A10. Cette prouesse technologique, permettant de recharger en roulant, pourrait alléger le poids des batteries. Mais à quel prix, et pour quelle véritable libéralisation de la mobilité ?

Sur l’A10, à Angervilliers, Vinci Autoroutes a inauguré un tronçon de 1,5 km où les voitures électriques peuvent se recharger par induction en pleine circulation. Un exploit technologique, présenté comme une révolution. Grâce à 900 bobines de cuivre intégrées sous l’asphalte, l’énergie est transmise sans câble, permettant à un véhicule d’accumuler jusqu’à un kilomètre d’autonomie par kilomètre parcouru.
Sur le papier, l’idée est séduisante : moins d’arrêts, des batteries plus légères, et donc moins de métaux rares. Mais à 6 millions d’euros le kilomètre, cette innovation frôle l’utopie économique.

Une autoroute pouvant recharger les véhicules électriques

Le projet, initié en 2023, vise à équiper une portion d’autoroute de bobines d’inductions capables de transmettre de l’énergie aux véhicules compatibles en utilisant la technologie de l’induction électromagnétique. Ces dispositifs fonctionnent comme les chargeurs sans fil pour smartphones.  En d’autres termes, ils sont capables de recharger les véhicules en mouvement.

Plusieurs acteurs contribuent à la réalisation de ce grand projet. Il y a VINCI Autoroutes qui se charge de la mise en œuvre technique. La société israélienne Electreon offre la technologie d’induction.

L’Université Gustave Eiffel se charge de la supervision des tests scientifiques. Hutchinson, le spécialiste des matériaux industriels, apporte également son expertise dans la réalisation du projet. Bpifrance est le financeur.

Des essais en laboratoires et des tests en conditions réelles sur l’autoroute A10 ont déjà été réalisés. Selon les initiateurs du projet, ce projet avantagera les acteurs de l’industrie automobile et les propriétaires des véhicules électriques. D'une part,  « la dépendance aux bornes fixes » sera réduite. Et d'autre part, les constructeurs pourront équiper leurs véhicules de batteries plus légères, plus petites et moins onéreuses.

Un modèle centralisé au service des grands groupes

Ce type de projet bénéficie avant tout aux géants de l’infrastructure. Vinci Autoroutes, qui contrôle déjà le réseau autoroutier français, s’impose ici comme acteur central de la « mobilité verte ». Sous couvert d’écologie, cette innovation renforce la dépendance des automobilistes à un système payant, connecté et surveillé.

De plus, cette solution maintient une dépendance forte à l'infrastructure routière existante, et impose aux automobilistes l'achat d'un véhicule équipé d'un "récepteur spécial", ce qui limite la liberté de choix et favorise certains acteurs.

L'argument de la réduction de la taille des batteries est louable, mais il ne résout pas la question fondamentale : pourquoi l'État doit-il forcer une transition qui ne se ferait pas naturellement, au risque d'imposer des coûts faramineux à la société ?

Les libertariens y verront une transition pilotée d’en haut, où la liberté de circuler se soumet progressivement à des réseaux fermés, contrôlés et subventionnés par l’État ou l’Union européenne.

Installer des routes à induction sur 10 000 km relèverait du fantasme budgétaire : cela coûterait plus de 60 milliards d’euros, sans garantir la compatibilité des véhicules.

Si la route à induction de l’A10 marque une avancée, elle ne résout pas les questions fondamentales : qui paiera, qui en profitera, et à quel prix ?


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Veerle Daens : "Comment j'ai compris que je n'étais pas dans le logiciel parisien"

Veerle Daens : "Comment j'ai compris que je n'étais pas dans le logiciel parisien"

Je me souviens de ce dîner dans un hôtel particulier du VIIe, où j’avais été conviée par un ami banquier — disons Pierre, parce que tous les banquiers parisiens s’appellent Pierre. Autour de la table, des visages lissés par le Botox et l’autosatisfaction, des conversations qui glissaient sur l’art contemporain, les last-minute à Saint-Barth, et, bien sûr, les people qu’on avait croisés par hasard la veille. Moi, naïve Flamande que j’étais, j’avais cru qu’on parlait pour échanger des idées. Erreu


CDS

CDS

Abattage massif : Macron face à la coalition des bannis

Abattage massif : Macron face à la coalition des bannis

Il y a quelque chose de pourri au royaume de la technostructure. Alors que la France périphérique s'apprête à passer un Noël anxieux et souvent dans la gêne, le gouvernement, dans sa tour d'ivoire, a décidé d'offrir au peuple un spectacle sacrificiel digne des heures les plus sombres du « quoi qu'il en coûte » sanitaire : l'abattage massif, bureaucratique et froid de milliers de bovins sains. La crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), qui ravage nos campagnes depuis juin 2025, n'est


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Blanche Gardin: quand la critique d'Israël mène au boycott culturel

Blanche Gardin: quand la critique d'Israël mène au boycott culturel

L’humoriste Blanche Gardin affirme être boycottée par le milieu culturel français après un sketch sur Israël. Entre mise à l’écart professionnelle et menaces, son cas interroge sur la liberté d’expression dans le secteur culturel. Blanche Gardin, humoriste connue pour son style tranchant, affirme subir un boycott professionnel et des menaces depuis un sketch évoquant l’antisémitisme et le conflit israélo-palestinien présenté lors d’une soirée militante fin 2023. Son témoignage, livré dans Arrêt


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Interdiction des réseaux sociaux aux mineurs: une dérive liberticide déguisée en protection, par Eric Lemaire
Photo by Julie Ricard / Unsplash

Interdiction des réseaux sociaux aux mineurs: une dérive liberticide déguisée en protection, par Eric Lemaire

Emmanuel Macron a récemment réaffirmé sa volonté d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux mineurs de moins de 15 ou 16 ans. L’objectif affiché est la protection des enfants face aux effets délétères des plateformes numériques : addiction, anxiété, harcèlement, exposition à des contenus violents ou sexualisés. Le raisonnement est désormais bien rodé, politiquement vendeur, et largement repris par une partie de la classe politique, à droite comme à gauche. profonde, et infiniment plus politiqu


Rédaction

Rédaction