Appel à se mobiliser contre le projet de Trump à Gaza

Appel à se mobiliser contre le projet de Trump à Gaza

La mobilisation contre le plan de Donald Trump pour Gaza devrait être la priorité diplomatique du gouvernement français. Elle doit d’ores et déjà rassembler les Français, de droite comme de gauche, qu’ils croient au Ciel ou qu’ils croient en l’Homme, pour parler comme Aragon. Personne ne sait si le cessez-le-feu de Gaza tiendra au-delà du samedi 15 février. Sans motif la partie israélienne exige soudain – même si les termes sont peu clairs – la libération de tous les otages israéliens restants. C’est dans ces circonstances que Donald Trump essaie de mettre en œuvre son plan pour Gaza, que certains appellent, ironiquement ou pas, « Make Gaza Beautiful Again ». Il fait en particulier pression sur l’Egypte et la Jordanie pour les forcer à accueillir des Palestiniens à qui l’on ferait quitter Gaza, le temps, dit-on, de reconstruire la Bande. Mais comment pourraient-ils disposer des moyens pour acheter les appartements d’une Gaza devenue « smart city », s’ils voulaient revenir? Plus l’on réfléchit sur le plan de Donald Trump, plus l’on conclut à son infaisabilité ou bien à une aggravation de la situation si le président américain le poursuit. Les révélations du Times of Israël sur le rôle de Joseph Pelzman, professeur à la George Washington University, dans l’élaboration du plan Trump nous confirme ce que nous pressentions: il s’agit d’une vision dystopique, d’essence totalitaire. Nous devons la refuser de toutes nos forces.

Ce qui se joue à Gaza, c’est l’avenir de la civilisation, de l’humanité tout simplement.

Le « nazisme soft » du professeur Pelzman

Le projet « Make Gaza Beautiful Again » est une monstruosité totalitaire. Le produit d’esprits qui ont sombré dans un « nazisme soft ». Le « meilleur des mondes » que promet Donald Trump aux habitants du Proche-Orient déboucherait sur un enfer, littéralement. Lisez le plan soumis par le professeur Joseph Pelzman aux équipes de Trump. On se croirait revenu dans les bureaux de planification du 3ème Reich, où se rencontraient, dans les années 1930, des universitaires, des entrepreneurs, des SS et des hauts fonctionnaires pour redessiner l’Europe de l’avenir. On y trouvait le même genre de considérations: on expulserait la population ancestrale de territoires considérés comme indignes de l’humanité nouvelle. Et l’imagination se donnait libre cours pour imaginer l’installation de villes ultramodernes, d’autoroutes, de technologies sophistiquées.

« Make Gaza Beautiful Again » escamote la responsabilité génocidaire de Netanyahou et de son gouvernement

Le projet « Make Gaza Beautiful Again » est monstrueux, inhumain, parce qu’il inverse les responsabilités.

C’est le gouvernement israélien qui a détruit Gaza où vit depuis des décennies une population palestinienne chassée de sa terre en 1947-48 et ses descendants. Une population enfermée sur un territoire, régulièrement bombardée, au mépris de toutes les règles qui fondent la communauté internationale. Une population qui se soulève, régulièrement, dans l’indifférence des gouvernements du monde. C’est le gouvernement Netanyahou qui a commencé d’accomplir un génocide – selon tous les critères du droit international.

On avait pu se réjouir du cessez-le-feu (précaire) obtenu il y a un mois. Mais la suite doit consister à mettre – pour la première fois depuis 1948 – la population palestinienne au cœur de toutes les réflexions, de toutes les planifications. En réalité, c’est elle qui doit décider de ce qu’elle veut pour son avenir. Et la communauté internationale doit l’aider, autant qu’elle le peut. Le droit international doit être enfin respecté, un Etat palestinien créé. Le peuple palestinien doit choisir librement son gouvernement. CE DEVRAIT ETRE LA PRIORITE DE LA POLITIQUE ETRANGERE FRANCAISE! Les criminels israéliens qui ont mis en œuvre le massacre de Gaza doivent être arrêtés, jugés et condamnés selon les critères du droit international. Ce sont les mêmes qui persécutent, arrêtent arbitrairement, massacrent ou déplacent les Palestiniens de Cisjordanie. Il est temps que tout cela cesse.

Cela fait 80 ans que l’on fait payer aux Palestiniens la lâcheté des gouvernements européens face à Hitler et au judéocide

Depuis 80 ans, torturé par la mauvaise conscience qui lui vient de son inaction face au génocide de 6 millions de Juifs d’Europe par les nazis, le monde occidental a laissé les sionistes faire n’importe quoi en Palestine. Mais le « Plus jamais! » de 1945 voulait-il dire que l’on laisse le chaos s’installer en Palestine dans une sorte de compensation perverse, aux dépens des Palestiniens et des autres peuples du Proche-Orient, pour le génocide des Juifs d’Europe?

Pourquoi les Palestiniens paieraient-ils encore en 2024 pour l’aveuglement et la lâcheté des Européens et des Américains face à Hitler il y a 90 ans? Le « Plus Jamais! » de 1945, c’est l’engagement pour un monde où les souverainetés des Etats soient respectées, où le droit international soit appliqué, où un génocide devienne impossible.

Comme l’Occident ne regarde ni son passé ni le présent en face, on en est arrivé à la situation absurde, dystopique, où un président américain qui veut sortir de la complicité génocidaire de son prédécesseur propose un nettoyage ethnique des Palestiniens puis la création, sur le territoire où tant de sang a été versé et tant de souffrances se sont accumulées, d’un paradis artificiel pour le 1% du 1% des gens les plus riches.

Monsieur Trump, respectez cette terre sacrée pour tous les enfants d’Abraham, les Palestiniens au premier chef!

Et cela sur un bout de cette terre sacrée pour tous les enfants d’Abraham, qu’ils soient Chrétiens, Juifs ou Musulmans!

Pour moi qui suis Chrétien et qui ai prié avec angoisse, chaque jour, depuis quinze mois, pour mes frères et sœurs des paroisses la Sainte Famille et de Saint Porphyre à Gaza, exposés tout autant que leurs frères musulmans, aux bombardements et aux snipers israéliens, il y a quelque chose d’insupportable à imaginer les Nouveaux Barbares investissant avec leurs projets immobiliers une terre où l’Enfant Jésus a passé plusieurs mois avec ses parents au retour de son séjour en Egypte (auquel l’avait obligé la persécution du Netanyahou de l’époque, le roi Hérode).

Tout mon être s’insurge à l’idée que l’on puisse imaginer une « smart city » dystopique là où il y avait des mosquées et des églises, des écoles et des universités. Là où tant d’hommes, de femmes et d’enfants ont vécu, veulent vivre encore, quelles que soient les conditions, parce que c’est ce qui leur reste de la terre d’où le gouvernement israélien veut les expulser.

Quand je lis les élucubrations du Professeur Pelzman, ma révolte est absolue, j’invoque l’Esprit qui a guidé un Léon Bloy, un Charles Péguy, un George Bernanos, ces prophètes français de la dignité inaliénable de la personne. Je voudrais que nous ayons un nouveau Jaurès, un nouveau de Gaulle, pour souffler des paroles de feu sur la monstruosité que certains veulent nous préparer!

Les tours de Gaza ne seront pas plus achevée que la Tour de Babel – mais au prix de combien de Palestiniens assassinés, encore?

La Bible nous parle de l’arrogance des hommes, qui voulaient construire la Tour de Babel, arrogance confondue par Dieu, qui dispersa les auteurs de ce projet déjà totalitaire. Nous savons bien, au fond de nous, que les Tours de Gaza échoueront comme la Tour de Babel- ou bien l’humanité cesserait d’avoir un sens. Mais que de souffrances, que de destins brisés venant s’ajouter à la longue liste des malheurs qui ont accablé les peuples du Proche-Orient depuis quatre-vingts ans, si nous laissions faire!

Plus il existera une mobilisation mondiale précoce contre ce projet, plus nous éviterons de malheurs. Face à l’inhumain « Make Gaza Beautiful Again », ce que nous devons mettre en œuvre, c’est une nouvelle Révolution de l’Humanité.

La Révolution de l’Humanité commence à Gaza!

Il y a ceux qui croient en Dieu et ceux qui croient en l’Homme. Tous, nous n’avons qu’un seul adversaire, les tyrans qui prétendent faire notre bien en décidant pour nous.

Aujourd’hui, c’est en Palestine que la lutte pour la liberté humaine et pour l’égalité entre les peuples est la plus aiguë.

Et si nous continuons (comme nous l’avons fait depuis 80 ans) à abandonner nos frères et nos sœurs de Palestine, nous découvrirons un jour que nous attend le même sort.

Car, ne vous faites pas d’illusions, « Make Gaza Beautiful Again » prépare un monde où une infime minorité de Puissants profitera de ses privilèges aux dépens de la majorité des peuples promis à la servitude et à l’extinction.

Voici qu’à Gaza, loin de rendre hommage à un peuple martyrisé, résilient, résistant, des intérêts de pouvoir et d’argent entendent se coaliser. Ils entendent expulser les habitants, construire sur les cadavres du génocide un territoire pour la « superclasse mondiale » (D. Rothkopf), loin des intérêts des peuples.

Nous devons nous y opposer de toutes nos forces. Il n’y a plus de droite ou de gauche. Il y a d’un côté les Nouveaux Barbares totalitaires et de l’autre des hommes et des femmes libres – pauvres mais libres!

Face au nouveau totalitarisme, soyons toujours plus nombreux pour défendre un monde humain, où toute personne soit libre de donner un sens à sa vie, où chaque peuple décide par lui-même de son avenir.