220 ans après, la France pourrait-elle encore gagner une bataille d’Austerlitz ? par Veerle Daens

220 ans après, la France pourrait-elle encore gagner une bataille d’Austerlitz ? par Veerle Daens


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Ce matin, en regardant la Dyle par la fenêtre de mon bureau, je cherchais le fameux "Soleil d’Austerlitz". Vous savez, cet astre mythique qui, le 2 décembre 1805, perça le brouillard pour éclairer le plus grand triomphe du Petit Caporal. Mais en regardant vers le sud, vers ce cher voisin français qui fut jadis notre suzerain, je n’ai vu qu’un épais nuage de formulaires Cerfa, de dette publique et de déprime collective.

C’est un triste anniversaire, n’est-ce pas ? Il y a 220 ans, la France était une startup nation avant l’heure : audacieuse, brutale, méritocratique. Aujourd’hui, c’est une administration géante qui possède une armée en option.

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Le choc des Titans (et des tampons)

Imaginons un instant. Transposons la Grande Armée en 2025. Napoléon scrute le plateau de Pratzen. Il a un plan génial. Il se tourne vers le Maréchal Soult pour lancer l’assaut décisif.

« Sire, » répondrait Soult en consultant sa tablette, « impossible. Le CHSCT a statué que charger à la baïonnette sans étude d’impact psychosocial est illégal. Et Murat est en RTT. »

En 1805, la France, c’était le mouvement. Une armée qui marchait plus vite qu’elle ne respirait. Les généraux avaient 30 ans, ils étaient fils de tonneliers ou d’aubergistes, et ils savaient qu’ils pouvaient devenir Princes s’ils ne mouraient pas avant. C’était l’ascenseur social propulsé à la poudre à canon.

En 2025, l’élite française ne meurt plus au combat. Elle ne meurt même plus de honte. Elle est devenue cette caste inamovible, sortie du même moule (RIP l’ENA, vive l’ISP, même combat), qui pense que "réformer", c’est créer un numéro vert ou un Haut-Conseil à la Théorie du Vent. Si Davout devait défendre Vienne aujourd'hui, il lui faudrait d'abord remplir un dossier de subvention et attendre la validation de Bercy pour l'achat des boulets (avec TVA à 20%, faut pas déconner).

Le spleen du Flamand amoureux

Nous, les Flamands, on vous regarde avec une tendresse un peu agacée. Historiquement, nous étions le joyau de la couronne, le carrefour commerçant. Nous avons appris de vous le panache. Mais avouez que le spectacle actuel est douloureux.

La France de 1805 dictait sa loi à l'Europe par son génie. La France de 2025 essaie de dicter sa loi à l'Europe par ses normes, tout en quémandant de la flexibilité sur son déficit. C’est comme voir un vieux lion édenté qui essaie de convaincre la savane qu’il est végétarien par choix politique, alors qu’il n’arrive juste plus à mâcher la gazelle.

Braun-Pivet révèle enfin le grand secret de l’Assemblée Nationale, par Veerle Daens
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L'audace a changé de camp. L'audace, ce n'est plus de traverser les Alpes ou de piéger les empereurs autrichiens et russes. Aujourd'hui, en France, l'audace, c'est d'essayer d'embaucher quelqu'un sans déclencher une guerre civile syndicale, ou d'ouvrir une usine sans que dix associations ne portent plainte pour la protection du scarabée unijambiste.

Waterloo morne plaine (administrative)

La vérité, chers voisins, c’est que vous avez remplacé la stratégie par la bureaucratie. Napoléon savait que le temps était la ressource la plus précieuse. « Je peux perdre une bataille, mais je ne perdrai jamais une minute », disait-il.

L'État français actuel a inversé la devise : « Nous perdrons toutes les batailles économiques, pourvu que cela prenne des années et que tout soit triplement tamponné. »

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Alors, pourriez-vous gagner Austerlitz aujourd'hui ? Probablement pas. L’ennemi n’aurait même pas besoin de tirer. Il suffirait qu’il attende que la France s’effondre sous le poids de ses propres impôts, pendant que l’État-Major débat pour savoir si la victoire doit être inclusive et si le Champ de Mars est une zone à faibles émissions.

Allez, sans rancune. On vous aime bien quand même. Mais de grâce, pour le 221ème anniversaire, essayez au moins de retrouver un peu de ce "Sacre" qui ne soit pas juste un massacre fiscal.


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