????Héritage taxé au premier euro : le « patron » d’Orange est publiquement pour

????Héritage taxé au premier euro : le « patron » d’Orange est publiquement pour


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Le patron d’Orange vient de rejoindre les rangs de la… CFDT en plaidant pour une taxation de l’héritage au premier euro. Ce soutien donne un bon indice de l’état d’esprit dans les élites technocratiques auxquelles Stéphane Richard appartient. Tout porte à croire que cette mesure entrera en vigueur au plus tard en 2021.

Le PDG de l’ex-nationalisée France Telecom, devenue Orange, Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, alors ministre de l’Économie, a profité d’une interview sur BFM pour dire tout le bien qu’il pensait d’une taxation de l’héritage au premier euro, comme le suggère le bureaucrate syndical Laurent Berger, de la CFDT. Ses propos méritent d’être retenus, car ils illustrent la propension que la technostructure qui tient le pays devrait avoir désormais à imposer l’héritage et la patrimoine.

Stéphane Richard favorable à l’impôt sur l’héritage

C’était donc sur BFM. Stéphane Richard a profité d’une interview par Hedwige Chevrillon sur les résultats trimestriels d’Orange pour faire passer ses idées sur le financement des mesures prises par l’État pour « sauver » l’économie confrontée à la crise du confinement, puis du déconfinement.

Dans la lignée des propositions de Laurent Berger sur le même sujet, sur lesquelles nous avions attiré votre attention, le patron d’Orange a pris position : imposer l’héritage dès le premier euro est une idée qui a de l’avenir et du sens !

"J’y suis plutôt favorable, je l’ai toujours dit, je trouve que la plus grande inégalité qui peut exister dans la société aujourd’hui c’est celle de la naissance"   

Stéphane Richard

Hostile à l’ISF

Si Stéphane Richard trouve normal que l’héritage qu’il laissera à ses enfants soit taxé beaucoup plus qu’il ne l’est aujourd’hui, il se déclare en revanche hostile à l’Impôt sur la Fortune, dont beaucoup réclament le retour. « Il faut regarder l’intérêt économique » de cet impôt, qui est quasi-nul à ses yeux. D’autant qu’on « n’a pas supprimé l’ISF, on l’a remplacé » par l’impôt sur la fortune immobilière, qui rapporte la moitié des 4 milliards de recettes de l’ISF ». Autrement dit, taxer le patrimoine de Stéphane Richard de son vivant, non, mais une fois mort, oui !

Stéphane Richard trouve qu’il paie trop d’impôts et les autres pas assez…

Ce n’est pas le première fois que Stéphane Richard prend position sur le bon niveau de taxation. En septembre 2019, il était déjà intervenu sur le sujet, en se plaignant de payer 700.000€ d’impôts sur un salaire de 1,6 million€. Pour le manager nommé par le gouvernement à la tête d’une entreprise qu’il n’a pas créée, Stéphane Richard trouve donc plutôt normal qu’on le laisse profiter de la fortune qu’il amasse depuis qu’il dirige Orange, et trouve tellement plus moral que ce soit les héritiers qui paient à sa place.

« Qu’est-ce qui fait fonctionner l’économie ? C’est l’innovation, c’est l’esprit d’entreprise… qui a créé les plus grandes entreprises, aujourd’hui, qui ont apporté du progrès de la technologie, des nouveaux services, quelque part aussi un bien-être individuel et collectif important ? Ce sont les entrepreneurs […] la question qu’il faut se poser c’est est-ce que d’être taxé à 90% si on réussit va encourager l’esprit d’entreprise ? J’ai tendance à penser que non »   

Stéphane Richard

Pourquoi cet avis est important

En lisant les déclarations de Stéphane Richard le manager, on comprend que le bonhomme se prend pour un entrepreneur. Lui qui est arrivé à la tête d’Orange grâce au soutien de Christine Lagarde et d’autres, lui qui fit HEC et l’ENA et en sortit inspecteur général des Finances, trouve normal d’usurper le titre d’entrepreneur (un entrepreneur en France étant un haut fonctionnaire nommé à la tête d’une entreprise dont l’État est actionnaire par le fait du prince).

C’est en ce sens que son avis sur la fiscalité sur l’héritage est importante et emblématique. Elle exprime l’opinion moyenne du haut fonctionnaire moyen qui s’imagine connaître l’entreprise privée au sens large. La prise de parole de Stéphane Richard est un signal fort envoyé par Bercy et pour Bercy sur les orientations fiscales à prendre dans les prochaines semaines.

Cela ne signifie pas que la taxe sur l’héritage au premier euro est sûre. En revanche elle est de plus en plus probable et plausible.

Les abattements sur l’héritage devraient sauter

Si aucun arbitrage clair n’est rendu, un « mainstream » se dégage désormais, favorable à une remise en cause des abattements appliqués aujourd’hui en matière de fiscalité du patrimoine. Rappelons que cet abattement est un peu supérieur à 150.000€ sur l’assurance-vie, et de 100.000€ sur les successions de droit commun. Une solution de confort pour Bercy pourrait consister à préserver les taux actuels d’imposition en supprimant simplement les seuils d’abattement.

Voilà une hypothèse qui revient régulièrement et qui mérite de développer une stratégie préventive sur le patrimoine.


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