Zemmour: une vidéo historique! Une campagne relancée?

Zemmour: une vidéo historique! Une campagne relancée?


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Eric Zemmour a réussi son annonce officielle de candidature. L'annonce s'est faite par une vidéo qui restera dans les annales.  Le candidat, dont la campagne patinait depuis quelques semaines, se retrouve à son meilleur. Cela réussira-t-il à relancer sa campagne et à réamorcer la dynamique des mois de septembre et d'octobre?

#ZemmourCandidat magnifique 🇫🇷🇫🇷🇫🇷🇫🇷🇫🇷 pic.twitter.com/Ultx2ienlc

— Swann 🇫🇷 (@Swann_____) November 30, 2021

Eric Zemmour a beau faire l’éloge, dans sa vidéo de candidature, des la France des années cinquante et 1960, il maîtrise les codes de la modernité. Avait-on vu déjà vu pareille déclaration de candidature? Ce que dit le candidat semble souvent s’effacer derrière la musique, les images. Le désormais candidat avait décidé d’évoquer de Gaulle – le de Gaulle de 1940 – par l’angle de la caméra,  le fait de lire un texte posé devant lui – comme le Général sur de célèbres photos où il passe à la BBC – plutôt que de s’en remettre à un prompteur. Un acteur trouvera, à juste titre, que le candidat lit trop vite son texte. Mais on est emporté par le rythme du montage et par un indéniable souffle du texte.  Et puis le candidat se fait filmer dans une bibliothèque dont la disposition évoque le décor des photos présidentielles du Général de Gaulle, de Georges Pompidou, de François Mitterrrand ou de Nicolas Sarkozy.

La vidéo finit par entraîner l'adhésion

Le début de la vidéo est proprement « réactionnaire ». Il y a une idéalisation du passé récent, d’une France qui est en fait celle de l’enfance du candidat. C’est au fond la partie la plus faible du discours. Comme si l’époque évoquée n’avait pas été pleine de contradictions et de luttes politiques féroces. Comme une époque de l’histoire de France avait jamais été « un bloc », pouvant être globalement donné en modèle après coup. Mais on comprend bien où la candidat veut en venir : il s’agit de présenter par contraste la France d’aujourd’hui, celle où les campements d’immigrés clandestins envahissent nos métropoles; où les services publics se dégradent alors que les dépenses de l’Etat augmentent; où se multiplient les territoires où règne l’anomie.  L’historien Raoul Girardet identifierait le mythe de « l’âge d’or »; et pour combattre la décadence du présent, il faut un sauveur. Il se présente comme l’homme du destin, ou plus précisément, celui qui veut, avec nous, que la France reprenne son destin en mains.  Surgit alors l’évocation d’une France à venir,  se relevant telle le phénix de ses cendres. Une France qui sera à nouveau au premier rang « des arts, des armes et des lois », pour parler comme du Bellay ; une France qui rayonne à nouveau dans les sciences et la technologie; une France dont l’école transmette à nouveau l’amour de la France. Une France qui soit à nouveau l’une des puissances du monde.  J’avoue que le début me laissait froid mais plus la vidéo avançait, plus je me suis laissé prendre. La vidéo se finit par la formule bien trouvée du candidat: il ne s’agit plus de réformer la France, il s’agit de la sauver. Et puis il y a ces deux petits mots, à la fin: « Vive la République ET SURTOUT vive la France! ». Effectivement, la France a existé avant la République; et elle est plus grande qu’elle; le régime politique n’est jamais qu’un moyen de gouverner une nation dont la préservation, par fidélité à nos pères, et la transmission à nos enfants, est l’objectif suprême.

Un homme seul ne sauve pas un pays

Mais comment le candidat Zemmour va-t-il s’y prendre. Qui ne serait pas d’accord avec ses objectifs: contrôler l’immigration, réaffirmer la souveraineté française, refondre l’école publique, relancer les grands projets scientifiques et techniques etc….Mais alors surgit la question: avec qui Zemmour le fera-t-il? On aurait confiance dans le candidat si l’on voyait que derrière lui il y a une armée bien organisée. Or, jusqu’à aujourd’hui, on a un candidat  qui est comme sur un nuage, une équipe parisienne qui vit en vase clos et des militants partout en France, prêts à agir mais qu’on laisse sans instructions quand on ne les ignore pas – à l’occasion des déplacements du candidat. Où sont les soutiens politiques, qui auraient dû se manifester? Qui sont les intellectuels, les experts, les hauts fonctionnaires qui mettront en oeuvre la vision du candidat? Pour ne donner qu’un exemple: ce matin, les groupes locaux de soutien à Zemmour avaient pour instruction de ne pas répondre aux nombreuses sollicitations des journalistes qui les appelaient et de « transmettre au siège » les demandes de médias. Mais personne ne savait qui contacter au siège.

La campagne de Zemmour sera-t-elle autre chose que l’enchaînement de quelques belles vidéos et discours inspirés? Il suscite indéniablement un espoir. Il ne faudrait pas le décevoir. Il est encore temps de tout changer puisque la campagne commence.


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