Yannick Jadot a déclaré le 13 février sur Radio J: "Zemmour fait le Juif de service pour les antisémites". Ce devrait être un concert d'indignations. Et le candidat aurait dû présenter ses excuses. Au lieu de cela il a récidivé lundi 14 février sur RMC. En fait le comportement de Jadot nous rappelle une chose: l'antisémitisme, aujourd'hui, est revenu à gauche - là d'où il était parti au XIXè siècle.
On connaît « Arabe de service et Nègre de maison ». Voici « Juif de service » par @yjadot à propos de @ZemmourEric Écoutez c’est à vomir ! Cette campagne est d’une dégueulasserie j’en peux plus !
😡😡😡 pic.twitter.com/5XjAMsrntR
— Zohra Bitan #SoutienFD0🇫🇷 (@ZohraBitan) February 13, 2022
C’est long, c’est laborieux mais Yannick Jadot a bien fini par accoucher d’une phrase qui se voulait définitive: selon lui, Zemmour « fait le Juif de service pour les antisémites ». Il y a une formule passe-partout (« Tout antisémite a son bon Juif ») que Jadot amalgame, comme le relève très bien Zohra Bitan dans son tweet reproduit ci-dessus, avec une expression du type « Arabe de service ». Et cela donne une insulte pure et simple d’un candidat désigné selon son ascendance et/ou son appartenance religieuse.
Il y a quelques années, on aurait eu une forte pression médiatique et politique sur Jadot et il aurait dû s’excuser. Or , loin de s’excuser, Yannick Jadot en a rajouté, le 14 février sur RMC:
« Eric Zemmour, au fond, se sert de sa religion pour servir d’excuse à toute l’extrême droite qui n’attendait qu’un tel représentant pour libérer la parole. Regardez d’ailleurs qui m’attaque depuis hier soir : c’est toute l’extrême droite, c’est Ciotti, c’est Valeurs actuelles, c’est tous les soutiens d’Eric Zemmour qui veulent même supprimer la loi Gayssot parce qu’ils pensent que le racisme et l’antisémitisme sont des opinions et non pas des délits. (…) Il y a toute une partie de la population qui a trouvé en Zemmour quelqu’un de bien pratique pour assumer l’antisémitisme, estime Yannick Jadot. Donc au fond, il est l’idiot utile de l’antisémitisme. Moi, ce que j’ai voulu, peu importe la formule, c’est qu’on parle de cet antisémitisme, de ce racisme, de ce révisionnisme, qui est extrêmement grave et dangereux »
Toute honte bue!
L'antisémitisme revient à gauche, là d'où il est parti
On pourrait tourner tout cela en dérision. Et demander à Jadot si son grand-père était Mormon ou alpiniste. On se gaussera aussi d’un banal militant gauchiste qui vient nous expliquer que Ciotti, Valeurs Actuelles, l’Algérie Française etc…, tout cela c’est de l’antisémitisme.
Mais en fait, on n’a pas le droit de rire de la mort de l’universalisme français. Lorsque Monsieur Jadot attire l’attention sur l’appartenance religieuse ou l’ascendance d’un candidat, il nie ce qui fonde la République. L’indifférence totale, dans le débat politique, à ce qui ne relève pas de la citoyenneté. C’est d’ailleurs ce qu’Eric Zemmour veut faire passer comme message.
Comme historien de la Seconde Guerre mondiale, je trouve que Zemmour se complique la vie: au lieu de chercher une très hypothétique intention positive de Pétain qui aurait chercher à épargner les Juifs de nationalité française, je pense que le candidat ferait mieux de s’appuyer sur une réalité incontestable: la mobilisation massive des Français pour protéger ou cacher les Juifs, dès l’automne 1940! C’est l’historiographie elle-même qui, aujourd’hui, détruit l’accusation permanente et malsaine contre « les Français » venue d’outre-Atlantique et enracinée dans un communautarisme incompatible avec le républicanisme français.
Je viens d’une famille française où il y avait autant d’opinions sur la Résistance et Vichy que de membres de la famille. Mon grand-père paternel a rejoint Leclerc dès qu’il a pu revenir de captivité (comme père de famille nombreuse, en 1942) et il a combattu avec la France libre. La famille de ma grand-mère était plus maréchaliste mais cela n’a pas empêché la mère de mon père d’accueillir deux enfants juifs( à la demande de leurs parents qui partaient se cacher ailleurs) et de les abriter pendant de longs mois. Mon père avait quatre ans et il m’a raconté un jour avec quelle inconscience il avait un jour ouvert la porte, pendant que sa mère était au marché, à un homme qu’il ne savait pas être un agent de la Gestapo, à qui il avait répondu avec aplomb qu’il n’y avait personne à part lui à la maison.
Si l’on avait expliqué à ma grand-mère qu’elle était une « juste parmi les nations », elle aurait répondu qu’elle avait fait son devoir de chrétienne et de mère qui eut deux enfants de plus à élever, durant quelques mois. Si on avait expliqué à mon grand-père qu’il était un héros parce qu’il avait participé à la campagne d’Afrique et au débarquement de Provence puis à la libération de la France et à l’occupation de l’Allemagne, il aurait répondu qu’il avait servi son pays.
La République, la France, c’est cela. Et je ne dois pas être le seul Français à ne plus supporter les petits marquis gauchistes comme Yannick Jadot, perpétuels donneurs de leçons, qui se prennent pour des résistants alors qu’ils se soumettent à toutes les modes et les idées dominantes du moment.
Comme beaucoup de Français qui regardent le réel, j’aimerais bien entendre le camarade Jadot dénoncer l’antisémitisme là où il est, dans une partie de la gauche, dans une partie de la population immigrée ou de naturalisation récente, qui n’a pas compris que la République aime autant les musulmans, les Juifs et les chrétiens, pourvu qu’ils respectent la distinction entre « Dieu » et « César ». J’aimerais bien entendre Monsieur Jadot s’indigner quand on ne peut plus enseigner l’histoire de la Shoah dans certaines banlieues; ou quand des Juifs français quittent leur pays parce qu’ils ne supportent plus l’insécurité et le racisme ambiant.
J’aimerais lui rappeler aussi, à lui qui pense que droite = antisémitisme = fascisme, que durant la campagne présidentielle de 2017, après le meurtre de Sarah Halimi évidemment motivé par l’antisémitisme, on n’entendit ni le candidat Macron ni le candidat Fillon mais la candidate Le Pen dénoncer l’ignoble crime. L’antisémitisme aujourd’hui ne se trouve pas à droite mais à gauche – en particulier du fait de la complaisance islamo-gauchiste.
Il faudrait d’ailleurs rappeler à la gauche donneuse de leçons que l’antisémitisme moderne est né de l’anticapitalisme socialiste puis s’est renforcé en buvant à la source empoisonnée de l’eugénisme scientiste. Avant de connaître son apogée dans un mouvement, le national-socialisme, qui naquit à l’extrême-gauche – avant d’être porté au pouvoir par
Voilà toutes les raisons pour lesquelles Monsieur jadot a manqué deux belles occasions de se taire.