Valérie Pécresse: la seringue vaccinale dans une main, le kärcher dans l’autre

Valérie Pécresse a aidé le gouvernement à faire voter le passe vaccinal. A la fois par soumission aux mots d'ordre de la gouvernance internationale et par manque de sens politique. Coincée entre le sens tactique du chef de l'Etat et la grogne montante de l'opinion sur le sujet vaccinal, la candidate LR essaie de reprendre la main. Et elle le ressort le "kärcher" de Nicolas Sarkozy, dont la principale caractéristique est de n'avoir pas servi voici quinze ans. Mais est-il vraiment convaincant d'avancer une seringue dans une main et le kärcher dans l'autre?

Valérie Pécresse a laissé passer une occasion qu’Emmanuel Macron lui tendait sur un plateau.
En insultant les Français, le Président permettait aux députés LR de se tirer à moindre frais du débat sur le passe vaccinal. Ils pouvaient invoquer la forme, pour s’abstenir ou voter non, sans avoir à se prononcer sur le fond, qui les divise.
Las ! la candidate à l’élection présidentielle n’a fait preuve d’aucun leadership. Les 103 députés LR à l’Assemblée forment un « quatre-quart » puisque la même quantité à peu de choses près, ont voté oui, se sont abstenus, ont voté non ou étaient absents.
Bien entendu, la candidate est, en matière de COVID-19, sur une ligne macronienne; elle est persuadée qu’elle doit cela à son électorat (75% des sondés LR sont favorables au pass vaccinal); et puis la candidate n’imagine pas de s’opposer à la gouvernance sanitaire internationale.
En fait, elle vient de commettre une énorme erreur d’appréciation. Comme l’explique très bien ce tweet de l’ancien sénateur Yves Pozzo di Borgo:
1/n Je n’arrive pas à comprendre la stratégie de #Pécresse et de son équipe ! Elle est à 16% l’ancien score de l’#UDF avec le même électorat ! 75% de cet électorat sont pour le moment pour le #PassVaccinal et resteront acquis à #Pécresse! Il faut donc aller chercher…..
— Yves Pozzo di Borgo (@YvesPDB) January 5, 2022
2/n… il faut que #Pécresse aille chercher un électorat plus large !En faveur du #PassSanitaire c’est espérer récupérer un électorat de #Macron qui lui restera fidèle alors que s’y opposer c’est prendre sur un électorat de #MarinelePen ou #Zemmour ses concurrents du 1er tour !
— Yves Pozzo di Borgo (@YvesPDB) January 5, 2022
Pour faire diversion, Valérie Pécresse ressort le kärcher
Il faut ressortir le kärcher qui a été remisé à la cave par Hollande et Macron depuis plus de 10 ans.
Il est grand temps de nettoyer tous ces quartiers qui sont devenus des zones de non-droit. Je veux traquer les caïds, harceler les voyous et punir les criminels. #Pécresse2022 pic.twitter.com/5PIbgIgF0x
— Valérie Pécresse (@vpecresse) January 6, 2022
Pour reprendre l’avantage sur le Président de la République en termes de communication – Valérie Pécresse a été un bon ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche mais, quand elle veut faire de la politique à son compte, elle n’est guère qu’une communicante – la candidate des Républicains a décidé de « ressortir le kärcher de la cave » comme elle dit. Alors qu’elle est donnée dans un mouchoir de poche avec Marine Le Pen et Eric Zemmour par les sondages, Valérie Pécresse veut marquer son terrain à droite. Mais est-ce vraiment une bonne idée de ressortir le kärcher de Nicolas Sarkozy?
Bien entendu la candidate espère mobiliser l’électorat encore sarkozyste. Mais se rend-elle compte que l’électorat d’Eric Zemmour et celui de Marine Le Pen associent la formule du Kärcher à des promesses non tenues? Lorsqu’elle dit que c’est François Hollande qui a remisé le kärcher à la cave, c’est inexact. Nicolas Sarkozy ne l’a utilisé qu’avec parcimonie et il a déçu profondément les 850 000 électeurs du Front National qui avaient voté pour lui en 2007 et se sont tournés vers Marine Le Pen en 2012.
Valérie Pécresse refuse d’aller au fond des choses: quels que soient les mérites de Nicolas Sarkozy président (les dix ans qui ont suivi sont pitoyables en comparaison), il a perdu parce qu’il n’a pas tenu parole sur la sécurité et sur l’immigration. Si Madame Pécresse est à moins de 17% dans les sondages, cela tient en grande partie à ce que des électeurs de droite ne veulent plus entendre parler d’un parti qui ne tient pas parole.
La candidate peut bien affirmer (comme dans la vidéo ci-dessus) qu’elle va agir à la différence de ses prédécesseurs. Cela reste des mots.
Si elle avait voulu convaincre un électorat de droite qu’elle est capable d’agir, il fallait réunir son parti sur une position commune (non ou abstention) sur le passe vaccinal.
Tout les reste est communication.
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