Suivi des ordonnances : le Sénat réforme son règlement afin de protéger ses compétences

Suivi des ordonnances : le Sénat réforme son règlement afin de protéger ses compétences


Partager cet article

Depuis 2007, le nombre d’ordonnances a doublé. Cette tendance s’est amplifiée sous Emmanuel Macron où plus d’un texte législatif sur deux est désormais une ordonnance. Aussi le Sénat a décidé de réformer son règlement afin de “mieux protéger“ ses compétences face à l’exécutif en adoptant une résolution visant notamment à “améliorer” le suivi des ordonnances.

Adopté début juin par les sénateurs, ce texte modifie le règlement du Sénat pour que celui-ci fasse expressément référence au suivi des ordonnances. Pour être acté, le Conseil constitutionnel doit encore rendre son avis sur ce texte.

Une étude constate la hausse du nombre d’ordonnances

Par cette étude, qui couvre les trois derniers quinquennats (du 16 mai 2007 au 31 décembre 2020), le Sénat constate que le nombre d’ordonnances publiées sur cette période (656) a “doublé” par rapport au nombre d’ordonnances publiées entre 1984 et 2007 (321).

En 2020, sous couvert de crise sanitaire, c’est plus de 7 textes de loi sur 10 qui étaient des ordonnances, soit plus d’une centaine d’ordonnances publiées (deux fois plus qu’en 2019).

L’étude revient également sur les délais nécessaires pour légiférer par ordonnances, “plus longs en moyenne” (436 jours) que ceux nécessaires pour faire adopter une loi (235 jours – hors lois de finances et lois constitutionnelles).

Moderniser les méthodes de travail

La proposition de résolution du Sénat traduit les propositions formulées par un groupe de travail installé par le président Gérard Larcher (LR), qui avait été chargé de réfléchir à la modernisation des méthodes du travail du Sénat entre décembre 2020 et mars dernier.

La résolution ajoute tout d’abord le suivi des ordonnances aux missions des commissions sénatoriales permanentes ; ensuite le gouvernement doit informer la Conférence des présidents du Sénat des projets de loi de ratification d’ordonnances dont il envisage de demander l’inscription à l’ordre du jour et des ordonnances qu’il a l’intention de publier ; enfin, est consacrée la compétence de la commission saisie au fond pour déclarer irrecevables les amendements d’initiative sénatoriale qui créent, étendent ou rétablissent une habilitation à légiférer par ordonnances.

Disponible sur le site du Sénat, un tableau indique que, au 17 juin dernier, 307 habilitations à légiférer par ordonnances ont été accordées depuis le début du quinquennat actuel, 285 ordonnances ont été effectivement publiées ou encore que 48 ordonnances seulement ont été ratifiées.

Pourquoi recourir aux ordonnances ?

Les différents gouvernements justifient tous le recours aux ordonnances afin de répondre à l’urgence et vantent la célérité de leur publication. Mais ne s’agit-il pas plutôt d’éviter le débat parlementaire ?


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Attention aux 3 sujets mortifères du Conseil européen, par Thibault de Varenne

Attention aux 3 sujets mortifères du Conseil européen, par Thibault de Varenne

Autour du rond-point Schuman, atmosphère de fin de règne maquillée en urgence historique ! Alors que les tracteurs de nos agriculteurs encerclent une nouvelle fois le périmètre de sécurité, transformant le quartier européen en forteresse assiégée, les chefs d'État et de gouvernement s'enferment dans le bâtiment Europa pour ce qui pourrait bien rester dans les annales comme le « Sommet des trois renoncements ». En ce 50e anniversaire de la création du Conseil européen, l'ironie est mordante. Cet


Rédaction

Rédaction

La vraie guerre que Poutine est prêt à déclarer, par Elise Rochefort

La vraie guerre que Poutine est prêt à déclarer, par Elise Rochefort

La guerre en Ukraine, entamée par l'invasion à grande échelle de février 2022, a provoqué une rupture tectonique dans l'ordre financier international, dont les répercussions s'étendent bien au-delà du théâtre militaire conventionnel. Au cœur de cette confrontation géoéconomique se trouve la question des réserves de change de la Banque Centrale de Russie (BCR), immobilisées par la coalition du G7 et l'Union Européenne (UE) dans les jours suivant l'agression. Ce trésor de guerre, estimé entre 260


Rédaction

Rédaction

La caste s'offre un "Permis émeutes" que vous financerez, par Veerle Daens

La caste s'offre un "Permis émeutes" que vous financerez, par Veerle Daens

Pendant que la France qui se lève tôt cherchait désespérément à boucler ses achats de Noël avec un pouvoir d'achat en berne, le Sénat, ce "conseil des sages" censé tempérer les ardeurs fiscales de l'Exécutif, a signé l'acte de décès de la responsabilité régalienne en adoptant un "permis émeutes" financé par les contribuables... victimes de ces émeutes !   Avec l'adoption de l'amendement gouvernemental au Projet de Loi de Finances 2026 instaurant une "surprime émeutes" obligatoire, l'État franç


CDS

CDS

Chronique d'une angoisse fiscale : "Touche pas à mon assurance-vie"

Chronique d'une angoisse fiscale : "Touche pas à mon assurance-vie"

Oubliez les zombies, les météores ou les invasions extraterrestres. La vraie peur, la terreur pure, celle qui vous réveille en sueur à 3h du matin, c'est la Loi Sapin 2. Nos deux protagonistes, Florent et Éric, nous emmènent dans les tréfonds obscurs de l'épargne française, là où les "fonds euros" ne sont plus si sûrs et où l'État pourrait jouer à "1, 2, 3, Soleil" avec votre compte en banque pendant 6 mois renouvelables (un peu comme le confinement, mais pour votre argent). Les moments fort


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe