Le projet de surveillance généralisée de nos messageries privées, Chat Control, vient d'être retiré. Cette victoire pour les libertés numériques reste cependant précaire: : le ChatControl pourrait bien revenir par la fenêtre dès décembre 2025.

La nouvelle est tombée jeudi 30 octobre, et elle est à marquer d'une pierre blanche : l'Union européenne a décidé d'écarter la disposition la plus controversée d'un texte censé endiguer la pédocriminalité en ligne. Cette mesure, honnie sous le nom de "ChatControl", était un véritable cheval de Troie totalitaire. Son objectif : obliger les plateformes et services de messagerie (même cryptés comme Signal ou WhatsApp) à scanner tous vos messages privés et photos.
Un texte controversé
La Commission européenne a proposé un texte de loi visant à lutter contre la pédocriminalité et la diffusion d’images pédopornographiques en ligne. Il contient une mesure qui « a nourri des débats enflammés au cours des dernières années » selon Le Parisien.
Protéger les enfants”, voilà l’argument magique pour justifier la fin de la confidentialité numérique. Mais cette justification ne trompe plus personne: le principe ? Obliger les plateformes de messagerie, y compris celles utilisant le chiffrement de bout en bout comme Signal ou WhatsApp, à scanner systématiquement toutes nos photos, vidéos et liens partagés .
Cette proposition, soutenue par la commissaire Ylva Johansson, aurait sonné le glas de la confidentialité de nos communications privées, instaurant une surveillance digne des pires régimes autoritaires.
Cependant, l'Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Autriche et d'autres ont refusé de céder, arguant que cette surveillance violait le principe de proportionnalité et portait une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée garanti par la Charte des droits fondamentaux de l'UE.
L'abandon, initié par la présidence danoise de l'UE, a été salué par l'ancien eurodéputé Patrick Breyer comme un "triomphe". C'est un rare exemple où la raison et la défense des droits fondamentaux ont pris le dessus sur l'hystérie sécuritaire.

La France et ses “grands censeurs” : toujours partante pour espionner
Alors que plusieurs pays défendaient la liberté, où se situait la France ? Dans le camp ennemi. Le gouvernement Lecornu, obsédé par le contrôle, s'est distingué comme un fervent soutien de Chat Control.
Comme le rappelait récemment Pavel Durov, des personnalités politiques françaises de premier plan, telles que Bruno Retailleau et Laurent Nuñez, ainsi que les groupes Les Républicains et Renaissance, ont plaidé en faveur de cette surveillance généralisée
Cette position n'est pas une surprise ; elle s'inscrit dans la continuité d'une tradition sécuritaire française, qui, depuis la Loi renseignement de 2015, n'a de cesse de rogner nos libertés au nom d'une sécurité illusoire.
Ne nous y trompons pas : la bataille n’est pas finie. Le Danemark compte relancer les discussions d’ici la fin de l’année pour faire repasser le texte “dans une version améliorée” mais tout aussi intrusive.
Le retrait de Chat Control est une demi-victoire, un triomphe certes, mais fragile . C'est la preuve que lorsque la société civile, les experts et certains gouvernements s'unissent, ils peuvent faire reculer la machine bureaucratique et liberticide de Bruxelles.
Le ChatControl reviendra, c’est certain. À nous de montrer que l’Europe n’est pas – encore – une Stasi numérique.
