Sanctions russes: l’UE sacrifie ses principes pour sauver une banque autrichienne

Selon le Financial Times, l’Union européenne (UE) s’apprête à lever les sanctions sur les avoirs liés à l’oligarque russe Oleg Deripaska pour que la banque autrichienne Raifeisen puisse payer l’amende imposée par la justice russe. L’UE montre que ses décisions sont avant tout dictées par la préservation de ses intérêts financiers.

L’argent n’est pas seulement le maître du monde, il est surtout le maître de la politique. La preuve avec cette volte-face sidérante de l'Union européenne qui, pour compenser les pertes d'une banque autrichienne en Russie, s'apprête à brader ses propres sanctions contre un oligarque proche du Kremlin.

Le projet de proposition de levée de sanctions

Depuis 2022, l’Union européenne a multiplié les sanctions contre les oligarques russes, brandissant a solidarité avec l’Ukraine comme justification. Oleg Deripaska, figure emblématique de l’élite économique russe, a ainsi vu ses actifs gelés pour son soutien présumé au « complexe militaro-industriel russe » lors de l’invasion de l’Ukraine. Les actions détenues par Deripaska dans la société Strabag ont été gelées.

Selon des sources proches du dossier, l’UE prévoit de lever cette sanction afin d’indemniser RBI et de lui permettre de payer l’amende.

Aujourd’hui, les mêmes autorités européennes envisagent de rendre à Raiffeisen Bank International (RBI) près de 2 milliards d’euros d’actions issues de Strabag, autrefois détenues par Deripaska.

En d'autres termes, l'Union Européenne envisage d'utiliser des actifs dont le gel était censé punir l'agression russe pour sauver une banque occidentale des conséquences de cette même agression. C’est un paradoxe moral et politique saisissant.

Vers une légitimation de la riposte judiciaire russe

Selon FT, des responsables européens s’opposent à cette décision de lever les sanctions attribuées à l’oligarque russe. Ils estiment que les ambassadeurs des Etats membres de l’UE devraient contester cette mesure. 

En appliquant de facto la décision de justice russe , l'UE valide la stratégie russe de riposte aux sanctions occidentales:

  1. L'Union européenne reconnaîtrait implicitement le droit des tribunaux russes à ordonner la confiscation d'actifs occidentaux en représailles aux sanctions.
  2. Tout oligarque sanctionné pourrait désormais imiter la manœuvre de Deripaska : poursuivre une entreprise européenne restée en Russie, obtenir un jugement en sa faveur et attendre que l'UE plie pour débloquer ses avoirs.
  3. Les sanctions ne sont pas un bloc monolithique, mais un instrument négociable dès qu'un intérêt financier national suffisamment puissant est en jeu.

Toutefois, d’autres pays sont en faveur de cette décision. Un diplomate a par exemple indiqué que la levée des sanctions « rembourserait le risque pris par Raiffeisen » pour avoir décidé de poursuivre ses activités en Russie.