RDC : paludisme et malnutrition, à l’origine de la «maladie inconnue» responsable de dizaines de décès

RDC : paludisme et malnutrition, à l’origine de la «maladie inconnue» responsable de dizaines de décès


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Après l’orchestration de la peur autour du virus H5N1 et l’émergence d’une potentielle épidémie de la variole simienne(mpox) en Afrique, au début du mois de décembre, les autorités sanitaires avaient évoqué que dans la province du Kwango, dans l’ouest de la République démocratique du Congo, une maladie mystérieuse aurait provoqué entre 79 et 143 décès. Les symptômes étaient similaires à ceux de la grippe. Le mystère entourant cette maladie est enfin résolu. Les autorités sanitaires ont confirmé qu’il s’agit d’une forme de paludisme aggravée par une malnutrition généralisée, touchant particulièrement les enfants de moins de 5 ans.

Depuis le 24 octobre, la zone de santé de Panzi, dans la province du Kwango, fait face à une épidémie d’origine inconnue avec des cas présentant des symptômes tels que fièvre, toux et céphalées. Bien que ces signes soient communs au paludisme, leur gravité et leur propagation rapide ont soulevé des inquiétudes. Les localités de Panzi, Kamucheke et Mukanza sont particulièrement touchées, selon les déclarations du vice-gouverneur de la province, Remy Saki. Le ministère congolais de la Santé a recensé 592 cas, avec un taux de létalité préoccupant de 6,2 %. Parmi les malades, 40% sont des  enfants de moins de cinq ans, les autorités ont signalé que les victimes décédées souffraient de malnutrition sévère.

Une maladie aux symptômes classiques mais dévastateurs

Dans cette région de la RDC, où le taux de malnutrition est alarmant, la combinaison du paludisme et de la sous-nutrition crée une situation critique. Les experts en nutrition expliquent que les enfants souffrant de malnutrition perdent leur capacité à combattre les infections, les rendant plus vulnérables aux formes graves de maladies comme le paludisme.

En outre, les deux fléaux partagent une conséquence dramatique : l’anémie sévère, qui fragilise davantage les jeunes patients. Avec la saison des pluies en cours, les autorités redoutent une aggravation de la situation, notamment en raison de la prolifération des moustiques vecteurs du paludisme.

D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les décès pourraient être attribués à des maladies bien connues telles que le Covid-19, la pneumonie aiguë, le paludisme ou encore la rougeole. L’OMS souligne également que « la malnutrition constitue un facteur aggravant ». Dans cette région où le paludisme est endémique, cette maladie peut non seulement provoquer des cas graves, mais aussi contribuer à leur survenue. L’OMS ajoute qu’il est probable que plusieurs pathologies soient actuellement en cause dans les cas signalés et les décès enregistrés.

Une réponse sanitaire précaire

Le  ministère de la Santé congolais prévoit de présenter un plan d’action pour freiner la progression de cette maladie. Des recherches sont actuellement menées pour affiner les stratégies d’intervention. Les autorités pourraient se concentrer sur deux axes prioritaires : la lutte contre la malnutrition par des programmes d’alimentation et la prévention du paludisme grâce à une distribution accrue de moustiquaires imprégnées et de traitements antipaludiques.

Dans la région isolée de Panzi, où l’accès est difficile et les infrastructures sanitaires presque inexistantes, la population fait face à une précarité généralisée, marquée par un accès limité à l’eau potable et aux médicaments. Selon les autorités sanitaires locales, une partie des décès est attribuée à l’absence de transfusions sanguines nécessaires.



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