Quel est le prêt-à-penser de l’UE diffusé par la caste aujourd’hui ?

Quel est le prêt-à-penser de l’UE diffusé par la caste aujourd’hui ?

Charles Michel, Président du Conseil européen, était invité ce vendredi 28 mars à la conférence sur les grands enjeux européens dans les locaux de Sciences Po Paris, haut lieu de la bien-pensance. A l’occasion de cette conférence, il livre ses analyses sur la crise ukrainienne et sa vision du projet européen. Au programme de l’agenda du prêt-à-penser : lutte contre l’autocratie russe, transformation écologique et numérique, et souveraineté européenne. L’assemblée n’a pas dû être difficile à convaincre, mais nous, nous le sommes un peu moins.

President Michel at Sciences Po Paris


Charles Michel est le président du Conseil européen en exercice et a été l’ancien Premier ministre belge de 2014 à 2019. Vous pouvez retrouver la retranscription de son intervention à Sciences Po ici.

La transformation écologique et numérique nous mènera à la prospérité

Selon l’intervenant, l’Union européenne est avant tout un projet de transformation profond. Autrefois, la construction de ce projet reposait sur le besoin d’unité et de paix après l’horreur de deux guerres mondiales sur son territoire.

Tous les Etats-membres devaient commercer ensemble afin de ne plus se faire la guerre : on n’envoie pas de missiles sur un partenaire économique. Ainsi, la paix et la prospérité devaient durablement s’installer sur notre sol.

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Désormais, notre modèle de prospérité repose sur une double transformation indépassable : la transformation numérique et le passage à une économie verte.

« c’est l’Union européenne, en 2019, qui a décidé de faire de la double transition – écologique et numérique – notre stratégie de transformation pour bâtir un nouveau paradigme de prospérité. »

Le président du Conseil qualifie d’ailleurs les données digitales comme « le pétrole de ce siècle », d’où la volonté de l’UE de vouloir établir un partenariat à l’échelle européenne avec les Etats-Unis à ce sujet, comme nous vous l’expliquions récemment.

Nous avons également besoin de décarboner notre économie, d’autant plus depuis le conflit en Ukraine et la volonté des instances européennes de ne plus vouloir dépendre des énergies fossiles et hydrocarbures russes.

Afin de solidifier ce nouveau socle économique, nous avons besoin d’un nouveau choc d’innovation dans ces domaines. L’intervenant a au moins l’honnêteté d’expliquer que la construction européenne se nourrit de chocs successifs, même si cela ne semble pas être un problème de son point de vue, mais plutôt une force.

La souveraineté européenne, le grand défi de la jeune génération

Charles Michel adresse un message à la jeune assemblée « l’autonomie stratégique de l’Union européenne, c’est le défi de votre génération ». La crise sanitaire et la guerre en Ukraine démontrent bien le besoin criant d’un transfert de souveraineté massif à l’UE.

Le premier objectif à mettre en œuvre pour abonder dans ce sens n’est d’ailleurs pas l’industrie ou la défense – qui viennent après – mais l’objectif neutralité carbone à atteindre dès 2050.

Oui le Président du Conseil promeut la souveraineté européenne, mais ce n’est pas un méchant nationaliste. Notre désir de souveraineté est justifié par les belles valeurs que nous répandons à travers le globe.

Initiative citoyenne européenne : la démocratie européenne a besoin de l'ICE

Le projet européen vise à garantir les biens les plus précieux : la paix, la démocratie et la prospérité. L’UE protège les droits et intérêts de chacun et se fonde sur le dialogue, le respect et la tolérance. C’est le plus grand espace démocratique au monde (de l’univers, même) et le plus important sponsor de la paix.

« Les autocrates, eux, ne s’embarrassent pas de cette préoccupation – la vie humaine n’a que peu d’importance pour eux – et ils peuvent donc, avec cynisme, déployer leur hard power sur des théâtres d’opérations plus rapidement et plus facilement. »

Et c’est parce que nous, nous sommes pour la paix, que nous nous félicitons d’avoir démontré la puissance européenne à travers la livraison d’armes à l’Ukraine – c’est légitime puisque c’est pour lutter contre Vladimir Poutine qui voit « la démocratie comme une pandémie et la guerre comme un vaccin. » et qui n’accepte pas que ses voisins préfèrent se tourner vers nous, le monde libre.

Nous nous émanciperons de la dépendance à la Russie par l’achat commun entre Etat-membres de gaz, en accélérant les investissements en matière d’énergie et en atténuant ensemble l’impact de la hausse des prix. Nous renforcerons nos capacités militaires communes par le biais de marchés militaires groupés.

Nous sommes une grande puissance capable d’infliger au pays de Vladimir Poutine des sanctions sans précédent « qui enrayent la cash-machine de la guerre » (nous publions aujourd’hui un papier qui nuance un peu ce constat).

Charles Michel conclut son intervention par un dernier message fort : « dans ce monde qui change, il y a un impératif : c’est de ne pas se laisser guider par la peur. Cette peur que les autocrates de tous bords tentent d’injecter pour nous opposer les uns aux autres.

Au contraire, soyons habités par l’esprit des Lumières. La science et la connaissance plutôt que l’obscurantisme. La liberté de la presse plutôt que la propagande. Le respect plutôt que le rejet. La liberté plutôt que l’asservissement. La paix et la prospérité plutôt que la guerre et le déclin. »

Il a l’air bien ce continent.