Publicité : le boycott des marques israéliennes gagne du terrain

De nombreuses entreprises israéliennes se servent des réseaux sociaux de Meta comme canaux de vente, pour attirer de nouveaux clients grâce à la publicité. Mais selon les données divulguées par Meta et fournies par des lanceurs d’alerte, leurs stratégies commerciales n’ont pas marché. L’engagement des utilisateurs est en baisse depuis le début du génocide de Gaza en dépit les millions de dollars investis en publicité.

Les données internes de Meta mettent en lumière un phénomène économique inquiétant pour Israël. Alors que le gouvernement israélien augmente massivement ses budgets de relations publiques, les entreprises du pays font face à un rejet sur les plateformes numériques mondiales. La perception négative d’Israël, alimentée par la guerre à Gaza et les accusations de génocide, se traduit par une explosion du coût publicitaire et un effondrement de l’efficacité des campagnes marketing.
Des coûts publicitaires en forte hausse
Tout comme de nombreuses sociétés dans le monde, les entreprises israéliennes ont choisi d’utiliser Facebook et Instagram, les plateformes de réseaux sociaux de Meta, comme canaux de vente. Elles essaient d’attirer les nouveaux clients en diffusant des publicités en ligne. On peut mesurer l’efficacité de cette stratégie commerciale via l’indicateur coût par clic ou CPC. Il est déterminé en divisant le montant investi dans la publicité par le nombre de clics générés. Si le CPC est élevé, la viabilité de l’entreprise est à craindre.
Les fuites obtenues par Drop Site News montrent une augmentation spectaculaire du coût par clic (CPC) pour les entreprises israéliennes entre 2023 et 2025 : +155 %, passant de 0,094 dollar à 0,24 dollar.
À titre de comparaison, cette inflation du CPC dépasse largement celle observée dans d’autres pays, y compris en zones de conflit comme l’Irak ou le Pakistan. Cela signifie concrètement que les entreprises israéliennes doivent désormais dépenser beaucoup plus pour générer le même engagement publicitaire.
Ce phénomène est quasi universel. Aux États-Unis, le CPC des entreprises israéliennes a bondi de 93 %, contre à peine 2,8 % pour les autres entreprises. Au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, au Canada ou en Australie, les hausses dépassent les 100 %, illustrant un rejet quasi systémique des marques israéliennes à l’international.
Notons que les entreprises israéliennes utilisant les plateformes Meta comme canaux de vente opèrent dans différents secteurs. Elles se spécialisent entre autres dans la vente de jeux vidéo, les services informatiques, le marketing de contenu et le commerce électronique.
Une opinion publique mondiale en bascule
Face à cette détérioration de l‘image d’Israël, le gouvernement a pourtant mobilisé des moyens considérables. Pour 2025, 150 millions de dollars supplémentaires ont été injectés dans les campagnes de hasbara — l’effort officiel de propagande israélienne — soit plus de 20 fois le budget habituel.
En parallèle, les géants du numérique comme Meta ont été critiqués pour avoir favorisé la censure de contenus pro-palestiniens. Malgré cet appui implicite, les chiffres montrent que la perception négative est aujourd’hui hors de portée de ces efforts de contrôle.
Les données de Meta révèlent une baisse de 8 % des dépenses publicitaires israéliennes sur ses plateformes entre 2023 et 2024, reflet de la perte de confiance des entreprises israéliennes dans l’efficacité de ces outils. Le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) joue un rôle déterminant. De nombreuses entreprises israéliennes figurant parmi les principaux annonceurs de Meta sont la cible de ces campagnes, dont les effets se ressentent désormais sur leurs résultats commerciaux.
Le rapport annuel du Global Soft Power Index confirme cette tendance : Israël a chuté de 42 places, atteignant la 121ᵉ position en termes de réputation internationale — son plus bas niveau historique. Aux États-Unis, traditionnel soutien d’Israël, l’opinion publique évolue rapidement. Selon un sondage du Pew Research Center en avril 2025, 53 % des Américains ont désormais une vision défavorable d’Israël, contre 42 % en 2022. La désaffection est particulièrement marquée chez les jeunes adultes et les Républicains de moins de 50 ans.
Les fuites de Meta sont sans équivoque : la guerre à Gaza, les accusations de génocide et la politique de propagande d’Israël se heurtent à un rejet mondial de plus en plus difficile à masquer, y compris sur les plateformes numériques où l’État hébreu tentait jusque-là d’imposer son narratif. Malgré un soutien technologique et politique sans précédent, le gouvernement israélien se heurte à une limite, l’opinion publique internationale.

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