Piketty rattrapé par l’ordre (im)moral des bobos

Piketty rattrapé par l’ordre (im)moral des bobos


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Piketty, l’économiste fétiche de la gauche, nous fait bien marrer avec ses théories fumeuses justifiant l’inquisition fiscale contre tous les pauvres qui s’enrichissent et ses considérations moralisantes de bobo. Car il est aujourd’hui pris à son propre piège. Il ne peut plus aujourd’hui mettre le nez dehors (c’est-à-dire devant des Français qui ont fait cadeau à la propagande dominante de leur temps de cerveau disponible) sans se faire alpaguer sur les violences conjugales dont Aurélie Filippetti l’accuse. Visiblement lassé par l’ordre moral bobo dont il est l’un des meilleurs promoteurs, il a décidé de balancer sur la Filipetti en question, laquelle annonce un procès en diffamation. On attend avec impatience le déballage du linge sale bien puant de la gauche morale en public.

Piketty est pris à son propre piège. Lui qui ne manque pas une occasion de dénoncer les horreurs prétendues du capitalisme forge un monde nouveau, empli de bobos moralisateurs… qui lui mènent une vie très dure.

Quand Piketty passe dans la rubrique people des célébrités qui battent leur femme

Piketty a eu la mauvaise idée de vouloir donner une conférence à l’Institut Politique de Toulouse (si, si, ça existe, et c’est même un lieu  dont on comprend désormais qu’il permet de mesurer la faillite intellectuelle de ce pays), qui n’avait pas vocation à faire l’objet d’un long papier dans l’excellent magazine Closer, mieux connu pour ses ragots people que pour sa contribution à l’économie politique. Il imaginait sans doute être interrogé sur sa vision du monde ou sa compréhension de la réforme des retraites.

Dans la République des bobos qui nous domine, les sujets ont changé. Une auditrice a préféré l’interroger sur sa vie conjugale, en lui demandant :

« Vous avez reconnu en 2009 avoir battu votre ex-conjointe. Et du coup je voulais savoir ce que vous pensiez du fait de faire cette conférence alors que dans trois jours, le 23 novembre, on va avoir la Marche contre les violences faites aux femmes.. ? À l’IEP c’est la semaine des violences sexistes et sexuelles… »

On ne pouvait pas mieux illustrer l’effondrement culturel et mental de la France en expliquant aussi ouvertement que, dans un IEP, le sujet n’était pas l’avenir du capitalisme, la politique fiscale ou la réduction des inégalités, mais bien de savoir si le conférencier avait ou non battu sa femme comme il l’avait reconnu. Et voilà, Monsieur Piketty, à force de faire cause commune avec les Tartuffes de tous poils, on en finit par être dévoré par ses enfants.

Piketty, manifestement piqué par une question qu’aucun politiste n’aurait osé poser il y a vingt ans sans craindre d’être au chômage pour le reste de ses jours, a décidé de rentrer dans le lard d’Aurélie Filipetti, en répondant :

« La relation dont vous parlez a été une relation avec une personne extrêmement violente vis-à-vis de mes filles. J’ai trois filles, qui étaient petites à l’époque, et cette personne a été extrêmement violente vis-à-vis d’elles. Je l’ai mise hors de chez moi, je l’ai poussée dehors, ce que je regrette, et je vous assure qu’après le comportement qu’elle a eu avec mes filles beaucoup de personnes se seraient beaucoup plus énervées ».

Et hop, la conférence passait dans la rubrique people.

Filippetti bien décidée à déballer le linge sale ?

Des propos tenus par Piketty sur l’économie politique durant cette conférence, personne n’en a visiblement rien retenu. Mais de ce clin d’œil à une vie conjugale visiblement agitée, tout le monde en a immédiatement entendu parler, à commencer par Aurélie Filipetti elle-même. Celle-ci a publié une étrange déclaration dans la presse italienne (signalant par là l’internationalisation du dossier) :

« En 2009, je l’avais dénoncé pour des violences qui ne concernaient pas que ce soir-là mais se répétaient. Et je n’ai retiré la plainte qu’après sa déclaration écrite (…) Il fait porter la responsabilité sur la femme, sur moi, la victime (…) »

On comprend ce faisant qu’il y a eu un deal, à l’époque, entre Piketty et Filippetti, qui semble désormais caduc. L’un s’est attribué la faute, l’autre a retiré sa plainte, selon l’adage : « mieux vaut un bon accord qu’un mauvais procès ».

Visiblement, cette arrangement est bien mort car, après le prétendu dépôt de plainte en diffamation de l’ancienne ministre de la Culture contre son concubin de l’époque, Piketty a persisté auprès des Inrocks:

« Je regrette de nouveau de ne pas avoir su mettre fin immédiatement et de façon apaisée à cette relation pathologique et toxique pour les deux parties. La plaignante était à l’époque des faits dans un état de forte agressivité vis-à-vis de mes filles et vis-à-vis d’elle-même, avec des mises en danger et des prises de médicaments qui accentuaient son agressivité ».

Miam ! miam ! chez les bobos donneurs de leçons et toujours en quête d’une victimation à mettre en scène, voire panthéonisable, on s’apprête au grand déballage. La séance à la 17è chambre correctionnelle devrait ressembler à une belle défécation d’un colon devant les colonisés : on va s’apercevoir que même les bobos drapés dans la lutte du bien contre le mal ont des emmerdes de couple, des engueulades, et des coups de tabac comme nous tous et peut-être même pire.

Au passage, il serait cocasse d’apprendre que le PS a porté la carrière politique d’une femme qui prenait un peu trop de médicaments quand elle avait des crises d’angoisse. Une ancienne ministre aux urgences après une crise de nerfs ? On attend avec impatience des révélations étayées sur le sujet. Elles permettront de calmer un peu l’arrogance de nos bien-pensants.

En tout cas, ça vole haut l’ordre (im)moral des bobos.


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