????Pertes d’exploitation : la série noire continue pour Axa


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Alors que, après une communication cataclysmique (mais tellement sûre d’elle-même!), la FFA est aux abonnés absents, ses adhérents sont désormais en première ligne pour défendre seuls leurs intérêts dans l’affaire des pertes d’exploitation. Axa se trouve désormais dans la tourmente médiatique. Après une décision défavorable au tribunal de commerce de Paris vendredi dernier, c’est au tour du chef bien connu Michel Sarran d’attaquer l’assureur français. D’autres chefs appellent à en faire de même.

L’affaire des pertes d’exploitation n’en finit pas de faire des vagues. Alors que Thomas Buberl fait le tour des médias pour tenter d’éteindre l’incendie que la FFA a attisé par sa communication maladroite durant le confinement, Michel Sarran, le chef très médiatique dont le restaurant est installé à Toulouse, annonce lui aussi qu’il attaque Axa en justice.

Axa dans la tourmente médiatique

Désormais, le discret Thomas Buberl est une figure médiatique. Il était invité en grande pompe sur RTL, à la matinale d’Yves Calvi, dont nous rediffusons les images. Son intervention un peu mécanique, un peu froide, avait le mérite d’être bien préparée et de commencer par des moments d’empathie pour les restaurateurs clients touchés par la crise. Cette empathie a cruellement manqué dans la communication de la FFA et revient désormais en boomerang dans la figure de tous les assureurs…

Buberl a donc expliqué de façon pédagogique qu’Axa comptait quelques centaines de clients susceptibles de suivre le même chemin que Manigold, à cette nuance près qu’Axa préfèrerait une solution négociée. On le voit, l’heure est au déminage (tardif… donc plus compliqué) du dossier. Buberl appelle à la négociation, et Eric Lemaire, directeur de la communication, cantonne le sinistre. Interrogé par Capital, ce dernier a limité la casse à quelques centaines de dossiers problématiques seulement.

On le voit, de la communication de crise comme à l’entraînement.

"Nous avons notamment décidé d'annuler deux mois de cotisations multirisques professionnelles pour nos assurés qui ont vu une fermeture de leur activité. Pour les entreprises en difficulté, nous continuons d'assurer le risque de sinistralité sans encaisser les primes. Au total, ces mesures touchent près de 350.000 entreprises et professionnels clients."   

Eric Lemaire, AXA

L’annonce de 500 millions d’investissement ne prend pas bien

Désormais, plus aucune sortie médiatique d’Axa ne se fait sans marteler un investissement de 500 millions € pour « renforcer les fonds des entreprises françaises ». On voit bien la stratégie se dégager : d’un côté, on explique précisément qu’Axa n’a que très peu de dossiers litigieux, et que l’essentiel des contrats est respectés. D’un autre côté, on explique que pour ceux-là, beaucoup d’argent est mis sur la table.

Le problème de cette stratégie est qu’elle vient après le discours hautain et pisse-froid de Florence Lustman, qui a urtiqué l’opinion publique. Si la présidente de la FFA avait, dès le début du confinement, pris l’initiative de mener ces opérations techniques, déminage avec des éléments précis, pédagogie, humilité, il est probable que le problème aurait été réglé depuis longtemps. Mais l’annonce des 500 millions vient sur la table dans une ambiance tendue avec un coup de retard. Sans surprise, elle peine à imprimer et à désamorcer la colère.

Le chef Michel Sarran déclare la guerre

La preuve de cet échec est donnée par Michel Sarran qui a donné une interview très agressive au site L’hôtellerie Restauration. Il y annonce qu’il attaque également Axa en justice sur le même motif de la perte d’exploitation que Manigold. On ne sera pas complètement dupe de cette stratégie, qui vise d’abord à faire monter la pression sur l’assureur pour obtenir la meilleure indemnisation possible sans recours effectif au contentieux.

Néanmoins, le cadre est posé. Une profession commence à se mobiliser de façon concertée…

« Jusque-là, les assurances n’ont pas joué le jeu. Elles nous ont fermé la porte. Elles ont fermé la porte au gouvernement qui a tenté de négocier. Je regrette que le gouvernement n’ait pas réussi à leur mettre davantage la pression comme en Bavière qui a fait fléchir Allianz. Il n’a rien obtenu. Comment peut-on accepter ça ? Nous, quand on nous a demandé de fermer, on n’a pas eu le choix ! Comment les assureurs peuvent faire ce qu’ils veulent ? Cela veut dire : débrouillez-vous, on n’est pas concernés ! Quand on voit que AXA a augmenté ses bénéfices de 80% en 2019, et qu’ils jouent les pauvres qui ne peuvent pas prendre en charge les pertes d’exploitation… »   

Michel Sarran

L’effet boule de neige est coûteux

Pour l’ensemble de la profession, l’effet boule de neige qui se crée constitue une véritable menace. Déjà, le même site Hôtellerie Restauration relaie l’appel d’un autre chef, Gilles Goujon, propriétaire de l’Auberge du Vieux Puits à Fontjoncouse, à attaquer Axa. Tout le problème est de savoir si cette dynamique négative ne menac que l’assurance dommage d’entreprise, où si elle impacte la totalité de la profession. Les propos de Michel Sarran sont, sur ce point, assez peu ambigus : tous les assureurs sont visés par la grogne.

Cette tendance à en découdre devant les tribunaux avec son assureur pourrait très bien gagner d’autres branches de l’assurance. On pense particulièrement ici à l’assurance santé collective… où la consommation a beaucoup baissé durant le confinement, et pour laquelle la démarche de Manigold devant les tribunaux pourrait susciter des émules.

L’urgence d’en sortir

Les assureurs se trouvent donc dans une mauvaise passe, dont plusieurs éléments indiquent qu’elle pourrait durer. Nous annoncions hier que la loi de finances ferait, au minimum, le probable objet d’un amendement (qui sera ou non rejeté par le gouvernement…) créant une taxe sur l’assurance pour indemniser les commerçants. Nul ne sait jusqu’où cette hostilité peut aller dans un marché qui sera d’autant plus chaotique que la crise s’approfondira.


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