Passe vaccinal: l’insoutenable légèreté de Valérie Pécresse

On ne peut qualifier autrement que d'insoutenable légèreté l'attitude de Valérie Pécresse sur le passe vaccinal. Reçue par Sonia Mabrouk sur Europe 1, Valérie Pécresse a tenu des propos pour le moins paradoxaux: d'un côté elle explique que le passe vaccinal sera devenu inutile quand il va entrer en vigueur; de l'autre elle justifie le fait de l'avoir fait voter "en responsabilité". Cela rappelle Jacques Chirac, en 2006, promulguant le "contrat premier embauche" puis expliquant qu'il le modifiait substantiellement à une phrase d'intervalle du même discours. Le problème, c'est que la France va trop mal, non seulement économiquement mais politiquement et moralement pour se permettre un nouveau chiraquisme.
« Le passe vaccinal va entrer en vigueur, il ne sera même plus utile » expliquait avec aplomb Valérie Pécresse à Sonia Mabrouk ce lundi 17 janvier 2022 sur Europe 1. (Nous vous avons mis l’extrait vidéo ci-dessus). Lorsque la journaliste, légèrement interloquée, lui demande pourquoi LR a soutenu le passe vaccinal à l’Assemblée, la candidate répond qu’il fallait agir « en responsabilité ».
« En responsabilité »! Pauvre langue française. mais passons!
Valérie Pécresse a raison de rappeler régulièrement sa dette politique envers Jacques Chirac. On se rappelle l’un des sommets du chiraquisme, le discours annonçant, le 31 mars 2006, que le Contrat Premier Embauche était promulgué puis substantiellement modifié.
Regardons seize ans après ce morceau d’anthologie:
On se rappelle que Jacques Chirac avait fait sienne la formule d’Henri Queuille, homme politique de la Troisième et de la Quatrième République: « Il n’y a pas de problème que l’absence de solution ne finisse par résoudre! ». Et Valérie Pécresse se place avec résolution dans cette lignée, tout en se donnant, comme son mentor, une apparence de résolution et d’énergie.
Pourtant, comment ne pas qualifier « d’insoutenable légèreté » son comportement? Le passe (sanitaire devenu) vaccinal, ce n’est pas simplement de la communication ou des positions tactiques dans un débat parlementaire. Ce sont d’innombrables souffrances: isolement des personnes qui, en conscience, ne veulent pas se faire vacciner; suspension sans salaire de soignants, de pompiers etc…; pressions dans l’entreprise; pressions gouvernementales pour aller vers la vaccination des enfants etc….Comment peut-on critiquer le gouvernement puis lui donner un blanc-seing?
Quand on cherche à comprendre pourquoi la candidate stagne dans les sondages autour de 16%, son chiraquisme donne une partie de la réponse. La France est trop affaiblie économiquement, trop déchirée socialement, trop endettée, trop malade institutionnellement pour se payer le luxe d’une politique de grand-papa gâté. Face à Macron et son « en même temps », forme aggravée du chiraquisme, il nous faudrait un discours qui appelle un chat un chat.
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