Dans la stratégie Barbell que le Courrier a concoctée pour vous pour gérer le risque de chaos « par les extrêmes », figure une poche spéculative, notamment constituée de métaux précieux et de cryptos. Nous vous expliquons aujourd’hui quels éléments nous ont conduits à vous proposer cette approche complémentaire entre l’or et le bitcoin, plutôt qu’à en exclure un au détriment de l’autre.
Le duel monétaire et la trahison de l’État
Le temps est venuen effet de livrer la vérité, nue, sans fard : les monnaies fiduciaires (fiat)ne sont que du papier-monnaie émis par des États en faillite morale au bord du défaut comptable. Le dollar et l'euro, notamment, ne sont plus que des « monnaies de singe » dont la seule garantie repose sur le bon vouloir d'un prince capable d'exercer sa « preuve d’enjeu » (Proof of stake) :
« Utilisez ma monnaie, celle sur laquelle j’ai fait frapper mon profil, ou je vous coupe la tête ! »
Face à ce qu’il convient bien d’appeler une tyrannie monétaire, deux classes d’actifs de l’ « honnêteté financière » se dressent : l’or, d’une part,qui règne en maître depuis plus de 5 000 ans, et qui n’est au passif de personne ; et le Bitcoin, d’autre part, son « héritier » (ou son « jumeau ») numérique, un grand ado de 16 ans.
Le débat n’est pas de savoir lequel est le meilleur, mais de reconnaître qu’ils sont les deux seuls bastions de la « preuve de travail » (Proof of work) à opposer à la « preuve d’enjeu » des monnaies-papier : ces deux classes d’actifs sont en effet « de la valeur travaillée » (à ne pas confondre avec la « valeur travail » marxiste), extraite avec de l’énergie, et non pas la« valeur imprimée d’un système étatique ».
Or, ce système s’effondre sous nos yeux ! Bonne nouvelle…
Les données parlent d’elles-mêmes et constituent un véritable soufflet à la face de l’Occident : aux États-Unis, le pays émetteur de la monnaie de réserve mondiale, le déficit jumeau (commercial et budgétaire) atteint près de 10% du PIB :c’est de la pure cavalerie financière, une sorte de Ponzi, que seul le « privilège impérial » (l’expression est de Giscard !), celui d’émettre le dollar, a rendu (et rend encore) possible. C’est cependant la preuve que les États ne peuvent plus financer leur modèle de démocratie social-clientéliste qu’en jouant avec la planche à billets. Les gouvernements en sont actuellement à « dumper leur monnaie » (la vider de sa substance, notamment en la faisant se déprécier) pour régler une dette politique et sociale insoutenable.
« C’est vrai du dollar, mais l’euro, lui, au moins, il monte ! »
rétorqueront certains.
C’est faux, car la zone euro a subi plus de 75% d’inflation cumulée depuis l’introduction de l’euro (à titre de comparaison : c’est moins de 27% pour le franc suisse sur la même période, soit 1999-2025) ! Euro et dollar baissent donc tous les deux, mais, pour prendre une image, le parachute du dollar est, en ce moment, plus petit !
Dans ce contexte de trahison étatique, le marché s’est trouvé un nouveau baromètre. L’or, ce « métal idiot » moqué par les élites, pèse aujourd’hui 25 000 Mds $, soit plus que la masse monétaire américaine (agrégat dit « M2 », qui regroupe les billets de banque et les dépôts à vue – « M1 » – auxquels s’ajoutent les dépôts avec préavis jusqu’à 3 mois et les dépôts à terme jusqu’à 2 ans).
En somme, l’or est redevenu la première devise mondiale en valeur, signe que même les banques centrales mettent les taux d’intérêt trop bas et que le secteur privé cherche désespérément un actif non-manipulable.

Le coup d'état financier de Michael Saylor et sa« loi des 9% »
Le Bitcoin, de son côté, est la version 2.0 de cette révolte monétaire, parfaitement adaptée à l'ère de l'information.
Si l’or est essentiellement de l’énergie matérialisée (90% d’énergie pour l’extraire et 10% d’information pour le couler en pièce ou lingot, etc.), le Bitcoin, quant à lui, est de l’information matérialisée (90% d’information stockée sur la blockchain, 10% d’énergie pour le miner).
Or, dans l’évolution économique en cours, l’information prend une valeur décuplée par rapport à la simple force physique (à titre de comparaison : notre cerveau consomme 20% de notre énergie pour 2% de notre masse corporelle). Le Bitcoin, programmable, sans masse, transportable dans la tête via 12 (ou 24) mots, est l’arme de résilience ultime face à la confiscation physique.