Lutte contre les pandémies : les USA refusent les nouvelles règles sanitaires mondiales

Lutte contre les pandémies : les USA refusent les nouvelles règles sanitaires mondiales


Partager cet article

En pleine réorganisation du cadre mondial de lutte contre les pandémies, les États-Unis ont annoncé leur retrait des amendements adoptés par l’OMS en 2024. L’administration Trump, via son ministre de la santé Robert F.Kennedy Jr dénonce une atteinte à la souveraineté nationale et aux libertés individuelles, tandis que l’OMS appelle à plus de solidarité mondiale. Avec cette gouvernance mondiale des politiques de santé, l’OMS souhaite y introduire la notion d’« urgence pandémique ». Cette réforme donne surtout au directeur de l’OMS les pleins pouvoirs au détriment des institutions souveraines des Etats.Au-delà de l’objectif sanitaire, cette initiative de l’OMS soulève une série d’interrogations politiques, éthiques et stratégiques. Car derrière les bonnes intentions de l’OMS, certains observateurs y voient un glissement vers une gouvernance sanitaire mondiale potentiellement intrusive.

En 2024, à la suite des leçons tirées de la pandémie de Covid-19, les États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont adopté des amendements majeurs au Règlement sanitaire international (RSI). Ces révisions visaient à renforcer la capacité de réponse coordonnée face aux urgences sanitaires mondiales, à travers une approche plus contraignante et solidaire. L’OMS y introduisait notamment la notion d’« urgence pandémique », appelant à plus d’équité entre les nations dans l’accès aux ressources médicales. Mais depuis le retour de Donald Trump à la présidence, le chef d’État républicain a annoncé le retrait des États-Unis de l’agence onusienne, tout en rejetant explicitement les amendements de 2024.Ces amendements ont été inspirés des leçons tirées pendant la pandémie de Covid-19. Beaucoup ont déjà dénoncé cette proposition de réforme du RSI , en affirmant qu’elle « transférerait la souveraineté de chacun des 194 États membres à l’OMS », et que cela serait dangereux.

Refus des amendements de l’OMS

Jugé « contraignant » et qualifié de « liberticide » par de nombreux pays africains, Trump considère également ces textes comme une atteinte directe à la souveraineté. Dans un communiqué conjoint, le secrétaire d’État Marco Rubio et le ministre de la Santé Robert Kennedy Jr, affirment que ces amendements « entravent indûment notre droit souverain à élaborer notre politique sanitaire ».
Ils ont déclaré :

« Nous placerons les Américains d’abord dans toutes nos actions, et nous ne tolérerons aucune politique internationale qui porte atteinte à la liberté d’expression, à la vie privée ou aux libertés individuelles des Américains. »

Cette déclaration s’inscrit dans une rupture politique majeure avec la coopération multilatérale menée par l’ancienne administration Biden lors des précédentes négociations internationales.

Face à ce désengagement américain, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a exprimé ses regrets sur X (anciennement Twitter). Il rappelle que les textes « sont clairs au sujet de la souveraineté des États membres » et que l’OMS ne possède aucun pouvoir d’imposer des mesures de confinement ou d’autres restrictions nationales. Pourtant à ce jour, cette instance sanitaire continue de maintenir un discours de la peur, sur une probable prochaine pandémie.

Mais au-delà du symbole politique, le retrait américain fragilise l’organisation. Avec un déficit budgétaire de 2,5 milliards de dollars pour 2026-2027, l’OMS peine à assurer son autonomie financière, les États-Unis étant l’un de ses principaux bailleurs.

Cette position américaine pourrait inciter d’autres puissances à adopter une approche similaire, ce qui risque selon l’OMS, de compromettre sa capacité de réponse globale en cas de nouvelle crise sanitaire.

Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, a rappelé l’importance du partenariat américain : « La coopération entre les États-Unis et les Nations unies est un pilier essentiel des relations internationales. » Selon ce dernier, le retrait américain mettra en péril la réponse mondiale aux urgences sanitaires.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Veerle Daens : "Comment j'ai compris que je n'étais pas dans le logiciel parisien"

Veerle Daens : "Comment j'ai compris que je n'étais pas dans le logiciel parisien"

Je me souviens de ce dîner dans un hôtel particulier du VIIe, où j’avais été conviée par un ami banquier — disons Pierre, parce que tous les banquiers parisiens s’appellent Pierre. Autour de la table, des visages lissés par le Botox et l’autosatisfaction, des conversations qui glissaient sur l’art contemporain, les last-minute à Saint-Barth, et, bien sûr, les people qu’on avait croisés par hasard la veille. Moi, naïve Flamande que j’étais, j’avais cru qu’on parlait pour échanger des idées. Erreu


CDS

CDS

Abattage massif : Macron face à la coalition des bannis

Abattage massif : Macron face à la coalition des bannis

Il y a quelque chose de pourri au royaume de la technostructure. Alors que la France périphérique s'apprête à passer un Noël anxieux et souvent dans la gêne, le gouvernement, dans sa tour d'ivoire, a décidé d'offrir au peuple un spectacle sacrificiel digne des heures les plus sombres du « quoi qu'il en coûte » sanitaire : l'abattage massif, bureaucratique et froid de milliers de bovins sains. La crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), qui ravage nos campagnes depuis juin 2025, n'est


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Blanche Gardin: quand la critique d'Israël mène au boycott culturel

Blanche Gardin: quand la critique d'Israël mène au boycott culturel

L’humoriste Blanche Gardin affirme être boycottée par le milieu culturel français après un sketch sur Israël. Entre mise à l’écart professionnelle et menaces, son cas interroge sur la liberté d’expression dans le secteur culturel. Blanche Gardin, humoriste connue pour son style tranchant, affirme subir un boycott professionnel et des menaces depuis un sketch évoquant l’antisémitisme et le conflit israélo-palestinien présenté lors d’une soirée militante fin 2023. Son témoignage, livré dans Arrêt


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Interdiction des réseaux sociaux aux mineurs: une dérive liberticide déguisée en protection, par Eric Lemaire
Photo by Julie Ricard / Unsplash

Interdiction des réseaux sociaux aux mineurs: une dérive liberticide déguisée en protection, par Eric Lemaire

Emmanuel Macron a récemment réaffirmé sa volonté d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux mineurs de moins de 15 ou 16 ans. L’objectif affiché est la protection des enfants face aux effets délétères des plateformes numériques : addiction, anxiété, harcèlement, exposition à des contenus violents ou sexualisés. Le raisonnement est désormais bien rodé, politiquement vendeur, et largement repris par une partie de la classe politique, à droite comme à gauche. profonde, et infiniment plus politiqu


Rédaction

Rédaction