Lois antiterroristes détournées ? Comment Londres cible des journalistes et activistes pro-palestiniens

Lois antiterroristes détournées ? Comment Londres cible des journalistes et activistes pro-palestiniens

Un courriel récemment révélé suggère une coopération directe entre le gouvernement britannique et l’ambassade israélienne pour cibler les militants pro-palestiniens au Royaume-Uni. Depuis le début du génocide à Gaza en octobre 2023, une série d’arrestations de journalistes et d’activistes, sous couvert de lois antiterroristes, soulève de sérieuses inquiétudes sur l’ingérence étrangère dans la justice britannique.

Depuis le génocide à Gaza en octobre 2023, le gouvernement israélien multiplie les efforts pour faire taire tout individu qui ose lancer des critiques envers Israël. Selon de nouvelles preuves, le Royaume-Uni a soutenu l’Etat hébreu dans cette démarche. Le gouvernement a même toléré l’ingérence israélienne dans ses affaires judiciaires et n’a pas hésité à arrêter les journalistes et militants britanniques contre le génocide à Gaza. Au cœur de cette vague : l’utilisation abusive des lois antiterroristes britanniques. Ces lois, initialement conçues pour lutter contre des menaces violentes, sont désormais instrumentalisées pour faire taire la contestation politique légitime.

Interférence israélienne dans la justice britannique

Le gouvernement israélien a longtemps cherché à influencer les affaires judiciaires britanniques, notamment celles impliquant Palestine Action, un groupe militant protestant contre les usines d’armement israéliennes au Royaume-Uni. Selon The Guardian, l’ambassade israélienne à Londres a tenté de pousser le Bureau du Procureur général (AGO) à intervenir dans des poursuites contre ces activistes, irritée par des acquittements fondés sur des arguments de droits humains.

Des documents obtenus par Palestine Action via des demandes de liberté d’information révèlent que le Home Office a cherché à influencer la police et les procureurs pour réprimer les militants ciblant Elbit Systems, un fabricant d’armes israélien. Ces démarches, potentiellement orchestrées à la demande d’Israël, visaient à garantir des condamnations, sapant l’indépendance judiciaire.

Tim Crosland, de Defend Our Juries, qualifie cette ingérence de « scandale national », dénonçant une « corruption de la démocratie » par des forces politiques et économiques puissantes.

Une série d’arrestations préoccupantes

Les événements se succèdent à un rythme alarmant. Le 13 août 2024, dix militants sont inculpés pour avoir ciblé pacifiquement une usine d’Elbit. Amnesty International dénonce l’invocation injustifiée du cadre antiterroriste. Mais le plus choquant reste l’arrestation de journalistes pour leurs écrits ou prises de parole.

Depuis le début du génocide à Gaza en octobre 2023, la répression des manifestants britanniques qui ont osé critiquer Israël s’est intensifiée au Royaume-Uni. Elle a été réalisée dans le cadre d’une opération de « lutte contre le terrorisme ».

  • Le 14 août, Richard Barnard est arrêté pour avoir exprimé une opinion favorable à une organisation interdite.
  • Le 18 août, Richard Medhurst est interpellé à Heathrow pour des publications critiques envers Israël.
  • Le 29 août, la maison de Sarah Wilkinson est perquisitionnée, ses appareils saisis.
  • Le 17 octobre, la journaliste Asa Winstanley subit un raid de la police antiterroriste quelques jours après avoir révélé des crimes de guerre israéliens.

Tous ces cas partagent un point commun : ils coïncident étroitement avec des communications directes entre des diplomates israéliens et des responsables britanniques.

La preuve la plus accablante vient d’un courriel daté du 9 septembre 2024, dans lequel Nicola Smith, responsable du droit international au Bureau du procureur général britannique, transmet à l’ambassade israélienne les coordonnées de la police antiterroriste britannique. Le message, bien que fortement censuré, indique clairement une demande israélienne de contact avec les forces responsables de la répression des militants pro-palestiniens.

Une dérive autoritaire au nom de l’antiterrorisme

Le gouvernement britannique est devenu cible de nombreuses critiques en raison de cette ingérence israélienne dans ses affaires judiciaires et de son implication dans la répression des militants et journalistes qui s’opposent au génocide d’Israël au Gaza.

Selon, Tim Crosland, membre du groupe de défense de l’indépendance judiciaire « Défend Our Juries », « une telle ingérence politique est un scandale national qui atteint les plus hauts sommets : la corruption de la démocratie et de l’Etat de droit par ceux qui détiennent la richesse et le pouvoir ».

L’avocat international, le Dr Shahd Hammouri, a déclaré au Guardian que le courriel divulgué démontre bel et bien l’existence d’une « influence étrangère ». Toutefois, les preuves indiquent que c’est Israël qui est à l’origine de cette ingérence. Il a rappelé qu’en novembre 2024 : Haim Bresheeth et Natalie Strecker sont arrêtés pour leurs discours pro-palestiniens; décembre 2024 : Tony Greenstein est inculpé pour les mêmes motifs, en février 2025 : Richard Medhurst et David Miller sont ciblés à leur tour par la police antiterroriste.

Toutes ces actions posent la même question inquiétante : le gouvernement britannique applique-t-il sa législation en fonction des demandes d’un gouvernement étranger ?